Par Mahmoud HOSNI Le projet de loi sur la réconciliation économique et financière, présenté par le président de la République, suscite un débat houleux, voire des réactions violentes, appelant purement et simplement à son retrait. Cette initiative présidentielle, qui ouvre la voie à la réconciliation nationale, vient en fait pour mettre fin à un statu quo qui lèse à la fois le pays, dans la mesure où cette situation bloque l'investissement et tout ce qui s'ensuit, ainsi que les hommes d'affaires, interdits de voyage et mis au ban de la société. Une situation qui dure depuis près de cinq ans et à laquelle les décideurs et les hommes politiques n'ont pas trouvé d'épilogue jusqu'à ce jour. Par manque de courage, de vision ou de perspicacité, les gouvernements successifs ont joué la course de relais, se passant le témoin, renvoyant le dossier brûlant au gouvernement suivant. Commençons par dire que la Tunisie appartient à tous les Tunisiens sans exclusive et qu'il n'appartient à personne d'en exclure d'autres. La Tunisie nous réunit tous, sous sa bannière et sous un dénominateur commun : l'attachement à ce pays et son amour. Ceux qui s'opposent à ce projet de loi invoquent sa non-conformité à la Constitution, en même temps qu'une volonté cachée d'outrepasser les prérogatives de l'Instance vérité et dignité (IVD). Mais, dans cette foire aux surenchères où des partis en perte de vitesse cherchent à enfourcher un nouveau cheval de bataille, on omet un fait essentiel : dans cette IIe République du droit et de la primauté de la loi, il y a des instances, des juridictions qui ne laisseront pas passer les hommes véreux à travers les mailles du filet de la justice. Autrement dit, ceux qui dénoncent ce projet ne font pas confiance à l'intégrité ni à la compétence de notre magistrature. Car, c'est celle-là même qui statuera en fin de compte quant au bien-fondé des accusations lancées contre ces hommes d'affaires et qui confirmeront ou non les présomptions de culpabilité à leur encontre. Bien sûr que ceux qui ont bénéficié des largesses de l'ancien régime, c'est-à-dire de l'argent du contribuable, doivent aujourd'hui payer. Mais à l'opposition qui crie au scandale de faire place nette : demander des comptes aux partis qui ont pratiqué le chantage auprès de ces hommes d'affaires, aux partis qui n'ont pas remboursé à l'Etat les subventions versées lors des élections et surtout faire la lumière sur la montée fulgurante de cette compagnie aérienne qui, à l'image de son propriétaire, a vécu le temps d'une étoile filante. Chose importante : les anomalies ont eu lieu après la révolution. Que conclure de ces faits bizarres ? Une volonté réelle de faire prévaloir la justice et le droit, ou une volonté délibérée de jeter le discrédit sur des hommes, sur de simples présomptions ?