Depuis l'attentat de Sousse et l'installation de la canicule, les terroristes ne comptent plus les revers dans nos murs. Pourvu que leur traversée du désert perdure... L'été ne semble pas faire la joie des terroristes. Certes, il n'est pas rare de voir un barbu traîner sa jellaba sur la plage ou s'offrir une séance de bronzage sous son parasol, entouré de son armada d'enfants. Mais, sur le terrain des opérations, il brille par son absence ou, au mieux, il passe incognito et, au final, ne frappe plus. En effet, depuis le dernier attentat de Sousse, le compteur des takfiristes affiche un cinglant zéro : aucune attaque ! Et pour des tueurs sans foi ni loi, assis de surcroît sur des centaines de cellules dormantes aux effectifs pléthoriques et redoutablement armés, il y a de quoi aller chercher secours auprès du cerveau d'Einstein ! Questions : seraient-ils en perdition ? Nos forces de sécurité et l'armée y sont-elles pour quelque chose ? Serait-ce la conséquence d'une certaine lassitude engendrée par leur furia ramadanesque ? Nul le sait. Ce que l'on sait, par contre, c'est que les escadrons de la mort lancés par l'internationale intégriste n'ont pas chômé cet été, en continuant, en dépit d'un soleil de plomb, de semer la terreur, à coups d'attentats sanglants en Irak, en Syrie, en Libye, au Pakistan, en Afghanistan, en Arabie Saoudite, en Algérie, au Mali, au Nigeria, au Tchad, au Niger, au Cameroun et même en Turquie. Dans ce triste hit-parade, la branche terroriste sévissant en Tunisie est...le dernier de la classe ! Faut-il en remercier Dieu pour avoir épargné notre pays ? Gare au relâchement Pour le moment, touchons du bois, et — pourquoi ne pas le lâcher — pavoisons, surtout avec ce superbe rythme, presque quotidien, de démantèlement des cellules dormantes et d'arrestations de dangereux jihadistes dont le nombre, de l'aveu même du ministre de l'Intérieur, a dépassé le cap de 1.200 depuis précisément «la déroute de Sousse». Et là, on n'épiloguera jamais assez sur la réussite providentielle de ces coups de filet qui témoignent assurément d'un extraordinaire travail de sape doublé d'une meilleure maîtrise de la stratégie anticipative pour l'exécution de laquelle on appelait de toutes nos forces sur ces mêmes colonnes depuis 2012. Aujourd'hui, nos forces de sécurité, conduites de main de maître par les Unités spéciales de la Garde nationale (Usgn), ne se contentent plus de s'occuper des traditionnelles régions de haute tension terroriste (Kasserine, Le Kef, Jendouba, Gafsa, Sidi Bouzid, Kébili, Gabès, Médenine et Kairouan), en touchant désormais d'autres zones dites jusqu'ici «sans risque», telles que les gouvernorats de Bizerte, Mahdia, Ben Arous et Nabeul. Mais attention, engranger des lauriers ne suffit pas, car en matière de lutte contre le terrorisme, l'autosatisfaction est le pire des défauts. D'abord, parce qu'on a affaire à un ennemi imprévisible qui peut revenir, à tout moment, à la charge et on en a fait l'amère expérience à maintes reprises. Ensuite, parce que, selon des sources sécuritaires bien informées, plus de la moitié des cellules dormantes en Tunisie n'ont pas encore été remontées. Enfin, parce que les menaces potentielles émanant de nos frontières avec l'Algérie et la Libye persistent. En attendant, prions pour que le «bronzage idiot» des takfiristes perdure...