Par Mahmoud HOSNI IL a fallu la pression de la rue, une mobilisation générale et des sit-in de toutes les franges de la société devant le palais du Bardo pour amener l'Assemblée nationale constituante (ANC) à adopter le projet de la Constitution, presque dans la hâte et la précipitation. Et si le passage de l'ANC n'a pas laissé bonne impression quant à ses prestations au service du pays et de la révolution, l'on est tenté de dire que l'Assemblée des représentants du peuple, qui a pris le relais, n'est pas près de faire mieux. On a l'impression que cette institution se complaît dans la durée (un mandat de cinq ans) et renvoie l'examen et l'adoption des lois urgentes aux calendes grecques. D'ailleurs, c'est sous la pression de la rue et des événements qu'elle a adopté deux projets importants : la loi sur le Conseil supérieur de la magistrature et celle relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. Il a fallu que surviennent les attentats du Bardo et de Sousse pour voir l'ARP réagir, un peu tardivement dirait-on. Quant à la loi sur le Conseil supérieur de la magistrature, c'est un retour à l'envoyeur qui a été décidé par le Tribunal administratif. Avec en perspective des débats byzantins à n'en plus finir. Mais dans les tiroirs, d'autres projets de loi sont en veilleuse. Celui de la Cour constitutionnelle, ceux de la réforme fiscale, de la réforme du code des investissements; sans parler du projet de loi relatif aux conseils municipaux et régionaux et qui n'est pas sorti des tiroirs du gouvernement, dont certains membres affirment que celles-ci auront lieu début 2016. Tralala !... Et dire que Habib Essid avait, au début de sa prise de fonctions, tenu une réunion avec Mohamed Ennaceur pour fixer le calendrier des projets de loi prioritaires à adopter. On s'interroge aujourd'hui sur le respect de cette feuille de route. Cerise sur le gâteau, l'ARP, tout en s'installant dans la routine et la gestion des affaires courantes (adoption des lois relatives aux prêts et aux crédits surtout), semble plancher sur la revalorisation des salaires et indemnités des députés qui, à ses yeux, revêt une priorité certaine, avec déviation des débats sur des thèmes anodins et nullement importants pour le devenir du pays. Nous sommes, aujourd'hui, loin des slogans et des thèmes ressassés durant la campagne électorale de nos chers députés. Bien installés pour cinq ans, ils auront le temps de réfléchir sur les thèmes de leur prochaine campagne en vue de rempiler pour un autre mandat. Le pays aura le temps de se relever de sa chute. On ne s'endort pas éternellement sur ses lauriers...