Par Mahmoud Hosni Festivals d'été, dont certains jouent les prolongations, fêtes familiales de toutes sortes, tout est bon pour les Tunisiens pour opérer un véritable défoulement et réduire la pression du stress, des déconvenues et de ce tableau presque noir que présente le pays sur tous les plans. De plus, en ces journées de canicule, les Tunisiens semblent rechercher une bouffée d'air frais pour respirer à pleins poumons. Ainsi, en ces derniers jours d'été, la Tunisie chante et danse, mais les pieds dans la gadoue et la tête ailleurs pour échapper à ce marasme : économie en berne, agriculture en détresse, tourisme qui vit de miettes, tout n'est pas gai, au contraire. De quoi donner envie au Tunisien désabusé d'exprimer toute sa désillusion et sa colère rentrée face à tant d'incertitudes, de lendemains qui déchantent... Une fuite en avant en quelque sorte. Une situation que viennent aggraver l'insécurité et le fléau du terrorisme aveugle, sans parler d'un gouvernement qui semble naviguer à vue et répliquer sporadiquement, sans feuille de route ni vision claire qui balise le chemin et rassure quelque peu. Un calme inquiétant que sont venus déranger deux pavés jetés dans la mare et qui ont redonné quelque sursaut à des partis politiques en mal de vedettariat et de mise en scène. Ces pavés sont le projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière et les rapports de la Cour des comptes concernant le financement de la campagne présidentielle de 2014. Tous ont crié au loup ou ont levé des mains innocentes et propres. Il ne manquait qu'une chose : accuser cette auguste cour de falsification !... Des partis qui font de la politiques politicienne, qui viennent moudre du vent, mais qui ne trompent nullement le citoyen tunisien qui leur a tourné le dos et s'en donne à cœur joie à toutes les fêtes. Car, aujourd'hui, il a le sentiment qu'en termes de clientélisme, de surenchères, de corruption, voire de violence sous toutes ses formes, c'est pire qu'avant. Un exemple édifiant : «le mois de l'école» destiné à la restauration des établissements scolaires — qui sont en piteux état — n'a pas vu la participation, encore moins la mobilisation, des partis politiques. Pourtant, il s'agit du réceptacle sacré du savoir, du socle du projet de société initié par Bourguiba et que nous voulons consolider.