«La première réussite d'Univenture consiste en l'établissement de passerelles entre les laboratoires de recherche et l'entreprise», selon le coordinateur de la compétition Chèque à la main, les heureux primés de la troisième édition d'«Univenture» semblent plutôt satisfaits des avancées réalisées dans le processus de concrétisation de leurs projets innovants que par les montants affichés sur leurs trophées. Le premier prix a été accordé au jeune chercheur Mohamed Kharrat, qui a conçu des maillots, shorts, gilets et bouées intelligents qui permettent d'éviter les noyades en mer. Une distinction qui coïncide avec la vague de soutien envers les migrants syriens après le tragique destin de l'enfant qui a échoué, corps sans âme, sur une plage turque. Mais le promoteur précise que ses travaux sur ce concept ont été motivés par des drames similaires, plus anciens, survenus sur les côtes de Sfax, sa ville natale, qui ont coûté la vie à certains de ses proches ainsi qu'à son camarade de classe, Hakim. Il rend hommage à son copain en donnant son nom à son projet, qui verra le jour au début de l'année 2016, selon le promoteur. Venant tous du monde de la recherche, les six lauréats ont dû passer par un long parcours de coaching, de mentoring, d'approfondissement des connaissances en entrepreneuriat et de gestion des entreprises, lancé depuis février dernier par les collaborateurs de Carthage Business Angels et Wiki Start-Up. «La première réussite consiste en l'établissement de passerelles entre les laboratoires de recherche et l'entreprise», se félicite M. Mondher Khanfir, coordinateur de l'évènement, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse. Jusqu'à cette cinquième expérience d'incubation, et la troisième sous le signe Univenture, les organisateurs n'ont retenu que les projets innovants et à forte valeur ajoutée, rappelle-t-il, indiquant que leur mission ne se limite pas à une assistance juridique et un prix, en faisant allusion à d'autres programmes similaires. Ce ciblage des start-up «technologiques et scientifiques», qualifie-t-il, a favorisé la participation des promoteurs issus du domaine de la recherche et développement (R&D).Toutefois, la conversion d'un chercheur dévoué en entrepreneur battant n'est certainement pas une mince affaire. Développer la fibre entrepreneuriale chez ces habitués des paillasses, les familiariser avec le monde des affaires et accompagner la mise sur pied de leurs projets ouvre grand les portes devant ces compétences pointues pour concrétiser et rentabiliser leurs œuvres. «Pour un projet de briqueterie on peut trouver facilement des financements, notamment bancaires, mais la recherche d'un vaccin n'aura aucune chance d'être financée par ces mêmes bailleurs de fonds», compare M. Khanfir devant l'auditoire présent lors de la cérémonie de remise des prix. Après le passage de la première vallée de la mort, illustre-t-il, celle de la capitalisation de l'information, la start-up devra mener à bien la traversée d'une deuxième vallée, celle de l'accès au financement. Et là, une deuxième réussite d'Univenture, par rapport aux autres programmes, relève-t-il. «Nous visons la création effective des projets. Le déblocage de l'argent est conditionné par la création du projet», insiste-t-il. Après la création, le promoteur continuera son chemin sur une troisième vallée de la mort, une phase où le support à l'entreprise fera défaut. Un programme baptisé «Startact» a été conçu pour supporter ces jeunes structures, rappelle-t-il, en facilitant leur accès aux marchés, en leur fournissant une assistance technique et des programmes de formation spécifiques. Et dans cette perspective, le coordinateur d'Univenture plaide en faveur du partage des responsabilités entre Etat et opérateurs privés pour assurer le développement de ces jeunes entreprises. Les efforts conjugués porteraient sur un large éventail d'œuvres allant de l'établissement de structures d'incubation jusqu'à la mise en place de lignes de financements spécifiques, selon M. Khanfir. Revenant sur le sort des primés des éditions antérieures, il précise que 30% des start-up génèrent des cash-flows mais sans atteindre l'équilibre financier, jugeant qu'il ne s'agit pas d'une contre-performance mais plutôt de réalisation réaliste.