Par Abdel Aziz HALI «Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse. », dixit un proverbe arabe. C'est le cas avec Fahad Alshalami, un officiel koweitien, qui, dans l'émission « Reportages » sur la chaîne d'informations en continu France 24 arabe, a déclaré: « Le Koweït et les pays du Golfe ne peuvent accueillir aucun réfugié car nos pays sont faits pour ceux qui travaillent. Et installer ces personnes chez nous serait trop coûteux. De toute façon, notre niveau de vie est trop élevé pour eux, contrairement au Liban et à la Turquie qui sont bon marché et plus adaptés aux réfugiés syriens». Drôle d'excuse venant d'un responsable arabe? Et le festival de M. Alshalami s'est poursuivi, en rajoutant une louche de sa bêtise: « Et pour finir, nous n'avons pas à accueillir des personnes qui sont différentes de nous (...). Nous ne voulons pas de personnes qui ont souffert de stress et de traumatismes dans notre pays». Certes, le silence des pays des pétrodollars face à l'exode syrien était assez inoffensif, il nous agaçait, il nous faisait faire la grimace, mais il était supportable. Froids comme une lame et dénués de toute humanité, les propos de cet officiel khaliji ont provoqué une indignation générale, non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi sur le Net. En justifiant l'injustifiable, ce soi-disant intellectuel a révélé au monde entier un autre visage de la barbarie et annihilant l'utopie de la fraternité arabe. En contrepartie, le courage politique de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a ouvert grand les portes de son pays aux réfugies syriens, a donné une leçon non seulement à l'Europe entière, mais aussi à la Ligue arabe, dont l'immobilisme face à cette crise était manifeste. Devant une telle réalité, la passion pour la dirigeante conservatrice, en particulier, et l'Allemagne en général s'est traduite lors des visites de Mme Merkel à des centres d'accueils de réfugies. Dans une vidéo postée sur « dailymotion », un certain Ramdan Salah, un Kurde syrien, logé dans un foyer de quartier de Spandau à Berlin, n'a pas pu retenir ses émotions en se précipitant vers la chancelière allemande pour prendre une selfie avec elle, tout en l'appelant « Maman Merkel ». En effet, toute cette vague de sympathie envers le peuple allemand et leur dirigeante est une réaction logique. Il faut dire que si au pays de Goethe, les autorités étaient très accueillants, sous d'autres cieux le réfugié syrien était considéré persona non grata. Les barbelés dressés par les autorités hongroises tout au long de leur frontière avec la Serbie ainsi que la violence policière contre les migrants sont la preuve du paradoxe européen. Idem pour la police danoise qui a suspendu, avant-hier, pendant plusieurs heures des liaisons ferroviaires grandes lignes avec l'Allemagne pour barrer la route à l'afflux de réfugiés. Pendant ce temps-là, la société civile allemande et même les médias germanophones ont poursuivi leur élan de solidarité pour aider les réfugies syriens. C'était le cas, avant-hier, avec le tabloïd berlinois « BZ » et l'édition locale « Berlin-Brandebourg » du journal populaire « Bild » qui ont distribué avec leurs éditions un petit cahier de quatre pages destiné à aider les réfugiés qui affluent sur Berlin. « Offrez cet exemplaire (...) à un réfugié après l'avoir lu », pouvaient lire les Allemands sur les « Une » de ces deux quotidiens. Rédigé en arabe, ce vademecum englobe une carte de la capitale allemande avec une traduction du nom des principaux quartiers, un glossaire des mots ou expressions allemands les plus courants avec leur traduction arabe et propose également des adresses d'ONG ou de centres d'accueil pour réfugiés. Voilà une initiative qui nous encourage à aimer davantage l'Allemagne et sa brave chancelière en criant haut et fort: ich liebe dich(*)! * Ich liebe dich signifie «Je t'aime» en allemand.