Les haltérophiles tunisiens sont entièrement tournés vers l'exploit où la démonstration est poussée même jusqu'à la perfection. Le fait est là. Les haltérophiles tunisiens ont pris l'habitude de prendre rendez-vous avec l'histoire. S'il leur arrive des fois de ne pas monter sur la plus haute marche, ils sont toujours sur le podium. Ils avaient promis de rester tout en haut. Et ils ne disparaîtront comme ça. Ils y ont cru et ils ne s'imaginent pas en train d'échouer. D'une épreuve à l'autre, ils ont réussi à optimiser leur rendement et leur parcours. Les moments difficiles par lesquels ils sont passés, les mauvaises conditions de travail et de préparation leur avaient donné l'envie de se surpasser. Il paraît qu'à un certain niveau, les athlètes se renouvellent et se régénèrent. Un bataillon en ordre de marche et un ensemble qui vit autant d'espoirs que de certitudes. Les haltérophiles tunisiens sont bien à leur place. Ils sont les artisans d'un genre de parcours qui laisse des souvenirs pour des années et qui donne l'envie réelle de respirer l'air du sport. Quand ils se regardent dans la glace, ils ont de quoi être fiers de tout ce qu'ils ne cessent d'entreprendre. A ce niveau d'évolution, ce n'est peut-être pas un autre sport. C'est un autre monde où l'on reconnaît que les athlètes ne mettent plus de la distance entre leurs ambitions et le registre de prestation dans lequel ils sont censés évoluer. Quelque chose nous dit qu'ils sont encore capables de dégager une plus grande tonalité, comme une rude beauté, et que partout la performance sera dans l'enjeu. Si l'on doit retenir quelque chose du début de la participation des équipes nationales tunisiennes aux Jeux africains, qui se déroulent actuellement au Congo-Brazzaville, ça sera la prestation et le rendement des haltérophiles tunisiens. Un esprit entièrement tourné vers l'exploit où la démonstration est poussée quelquefois jusqu'à la perfection. C'est bien le cas de Amine Bouhejba qui a remporté à l'occasion trois médailles d'or dans la catégorie des 56 kg. Il a soulevé 108 kg à l'arraché, 140 kg à l'épaulé-jeté et 248 au total. Trois médailles d'argent pour Ghada Hsin face à l'Egypte et au Nigeria avec 100 arraché et 122 épaulé-jeté. Zohra Chihi, pour sa part, a décroché l'argent des 48 kg en soulevant 68 kg à l'arraché et obtenu la médaille de bronze de l'épaulé-jeté (81 kg) et du total (149). L'apport du sport individuel De bon augure donc pour les sélections tunisiennes. Lorsque le talent se double d'efficacité, la palette devient forcément plus large et les athlètes capables de dérouler une prestation de haut niveau. Le modèle développé a accrédité l'idée selon laquelle la performance est, à juste titre, un devoir. L'haltérophilie, et bien sûr d'autres disciplines, remet ainsi l'apport du sport individuel au centre des débats, prouvant qu'il a une part capitale dans les résultats de la Tunisie dans les différentes manifestations et épreuves continentales. Elle aura aussi remis un peu de grandeur aux palmarès. Le sport individuel a pris l'habitude de remettre les choses en perspective, mais surtout chaque activité à sa place. L'image du sport tunisien dépend beaucoup trop, et parfois uniquement, de ces disciplines. Ce n'est pas une question d'appréciation, ou même d'évaluation. On juge aux résultats. Et aux médailles. Ce qui nous impressionne le plus c'est autant l'aspect physique et technique des choses que l'évolution psychologique des athlètes. La préservation des dons individuels. Rien ne vaut cette volonté de vaincre chevillée au corps de tous les athlètes, cette envie d'aller au-delà de soi-même, sportivement et athlétiquement s'entend.