En ces temps de guerre et de disparités flagrantes, les yeux du monde sont rivés sur les victimes de la migration. Le drame syrien fort médiatisé, suite aux flux massifs des réfugiés arrivés ces derniers jours en Europe, a bouleversé la donne, incitant les décideurs du vieux continent à repenser leurs politiques migratoires. Et le débat sur la question a pris de nouveaux rebondissements. Hier à Tunis, pays d'accueil et de transit, une école d'été s'est ouverte jusqu'à samedi à la Cité des sciences, dans une première édition ayant pour thème majeur «Défis et opportunités de la migration dans le contexte tunisien ». Initiative conjointement entreprise par l'Organisation internationale de migration (OIM) et l'Institut national du travail et des études sociales (Intes), en présence d'experts venus d'ici et d'ailleurs. L'objectif est d'engager des réflexions plus poussées sur une thématique omniprésente dans nos sociétés mais dont les ressorts sont encore méconnus. Une semaine durant, sociologues, cadres de la fonction publique, étudiants en master, doctorants, ainsi que des acteurs de la société civile auront à se pencher sur un phénomène récurrent et non organisé qui ne cesse de préoccuper l'autre rive de la Méditerranée. Il y a de quoi craindre dans la foulée la montée des vagues des immigrants clandestins, fuyant la guerre et la misère vers l'Eldorado européen. Pour Mme Lorena Lando, chef de mission de l'OIM en Tunisie, « cette première école d'été est une initiative que nous souhaitons installer dans la durée, afin d'encourager la connaissance sur cette thématique déterminante pour l'avenir de nos sociétés et de nos économies, comme en témoigne l'actualité». Tant il est vrai que des milliers de jeunes issus de tous bords n'ont pas manqué de tenter l'aventure en mer et dont un nombre alarmant trouve, quasi quotidiennement, la mort au large de la Grande bleue. D'autres sont, aussi, portés disparus aux portes de l'Europe. Depuis la révolution, la Tunisie n'a jamais connu autant de flux migratoires, au fil de son histoire moderne. Par conséquent, les pertes en vies humaines recensées furent hors du commun. Toutefois, les rêveurs du paradis, sans emploi, n'hésitent guère à refaire la traversée du désert, à leurs risques et périls. Mais, y aurait-t-il une solution à l'horizon ? Mme Lando a révélé ne plus voir de lumière au bout du tunnel. Et de tenir à réitérer la détermination de son organisation à aller encore plus loin. A ses dires, cette école d'été vient, en fait, répondre à toutes les questions et lever, ainsi, l'équivoque conceptuelle ou sémantique liée au sujet. Quelles relations entre migration et gouvernance ? Faut-il démocratiser le droit de migrer ? Comment la Tunisie doit-elle gérer les migrants qu'elle accueille sur son territoire et comment peut-elle les protéger et mieux les inclure ? Comment intégrer la migration dans les stratégies nationales de développement, gage de croissance et de prospérité pour les pays d'origine et de destination ? Autant d'interrogations à éclaircir au terme des travaux, d'ici la fin de la semaine. L'organisation de cette manifestation s'inscrit, également, dans le cadre du projet « Education, formation et partage des connaissances sur la migration en Tunisie », financé par le fonds de développement de l'OIM et mis en œuvre conjointement avec l'Intes. Le but étant de promouvoir et d'encourager les travaux de recherche sur la thématique en question et l'identification des défis liés à la migration dans le contexte tunisien. Dans cette même logique, faut-il le noter, 50 personnes déjà sélectionnées par un comité scientifique bénéficient d'un programme de conférence, d'ateliers et de modules de formation animés par des experts, chercheurs et des représentants des institutions publiques et organisations internationales. D'ailleurs, un appel à candidatures sera ouvert afin de permettre à cinq étudiants en master ou en thèse souhaitant mener des travaux de recherche sur la migration de bénéficier de bourses spéciales d'un an offertes par l'OIM. Les lauréats seront aussi sélectionnés par ledit comité scientifique. Quatre mille réfugiés syriens en Tunisie Environ quatre mille réfugiés syriens se trouvent actuellement en Tunisie dont la majorité bénéficie d'aides sociales, a annoncé hier le secrétaire d'Etat chargé des Affaires de l'immigration et de l'intégration sociale, Belgacem Sabri. Dans une déclaration aux médias à l'occasion de l'ouverture de la première école d'été en Tunisie sur la migration, Sabri a fait savoir que l'Etat a alloué des aides occasionnelles au profit des réfugiés syriens à travers l'Union tunisienne de solidarité sociale. « La Tunisie considère les réfugiés syriens sur un pied d'égalité que les citoyens tunisiens », a souligné Sabri, précisant, à ce propos, que les réfugiés bénéficient de la couverture sanitaire dans les établissements publics de santé et que la majorité de leurs enfants sont scolarisés dans des établissements éducatifs tunisiens. Le secrétaire d'Etat de l'immigration a indiqué, par ailleurs, que l'Etat tunisien ne pourra pas accueillir de nouveaux réfugiés syriens compte tenu des moyens limités du pays résultant de la situation économique actuelle.