Par Mourad GUELLATY «La jeunesse est une douleur en manque de compréhension» (Daniel Balavoine, auteur compositeur, interprète disparu en 1986 dans un accident sur le Paris-Dakar) Daniel Balavoine était un jeune chanteur-poète français, et un écorché vif, qui se battait pour un nouveau destin pour tous, surtout pour les jeunes, et qui, chaque fois qu'il en avait la possibilité, se distinguait par sa combativité et ses commentaires pertinents. Il a ainsi mis en difficulté, sur un plateau télévisé, François Mitterrand, ce qui n'est pas rien, à l'époque encore leader et candidat socialiste à la magistrature suprême. La vigueur de ses critiques à l'encontre du personnel politique de l'époque, adressées avec fougue et sincérité, lui ont valu une écoute attentive, du futur président de la République française et la considération du personnel politique, médiatique et des représentants de sa génération. Il défendait la jeunesse, dont l'âge faisait qu'il commençait à s'en éloigner, mais à sa décharge, et à l'inverse de ses nombreux congénères, trop vieux trop jeunes, il n'arrivait pas à s'en détacher. Le courant de sympathie, dont il était porteur, continue à ce jour à faire vivre son nom et son œuvre, à l'instar de tous ceux qui font de leur vie une expression de roman et non celle d'un bilan comptable. Il rêvait, comme beaucoup de «justes», de changer le monde, pour plus de justice sociale, et pour le savoir pour tous, afin de faire vivre et perpétuer le rêve des forces du travail et de celles de la jeunesse. Cette jeunesse qui n'en finit pas de renvoyer une image d'elle, qui fait mal aux adultes que nous sommes, incapables de comprendre et de répondre à sa douleur. Trop nombreux parmi cette jeunesse ont choisi l'excès, surtout celui du nihilisme et de la violence, comme réponse à la situation inique, dans laquelle ils considèrent, surtout dans les grandes villes et les campagnes, qu'ils sont des délaissés, oubliés, dédaignés, par leurs aînés, et en particulier ceux de la société politique qui a régné depuis des décennies sur un pays, le nôtre, rongé par les disparités de toutes sortes et le manque de soutien pour ceux qui les subissent. Cette société tunisienne, dans ses composantes les plus expressives et les plus actives, a enfanté la révolte, qui étonne plus d'un de ses citoyens, voire les étrangers qui avaient les yeux de Chimène pour ce petit pays, par la taille, mais grand par son histoire et son héritage, et en apparence tranquille, alors qu'il bouillonnait de l'intérieur de lui-même. Vous jeunes Tunisiens et Tunisiennes, des cités périphériques et des villes de l'intérieur, vous citoyens et citoyennes de situations sociales modestes, vous avez souffert, surtout au cours des dix dernières années, et continuez à subir des conditions de vie inégalitaires, découlant de la situation professionnelle précaire, de vos parents, ou carrément de son absence, de la région dans laquelle vous avez vécu, de la qualité de votre scolarité, et du manque d'égards pour vous, considérés comme des « fouteurs de pagailles», alors que vous en êtes les victimes. Vous êtes, on le prétend, «ceux qui n'ont pas de bagage intellectuel et peu de capacités professionnelles». Vous êtes les enfants d'une génération sacrifiée, par nos gouvernants et planificateurs, qui n'ont pas vu en vous les forces du futur d'un pays qui marche sur une jambe, les régions balnéaires, l'autre étant paralysée dans le désert régional. Mais y a-t-il pour un pays plus grande ambition que de s'offrir pour ses enfants un futur meilleur que son présent ? Et pour vous, les adolescents, de vous élever au-dessus de tous les obstacles, pour sortir par le haut, des difficultés, sachant que la jeunesse est l'âge où tout espoir reste toujours possible. A cet égard, prenons les exemples, de situations de grandes difficultés, que les jeunes et les pays ont choisi de vaincre, non en recourant à la violence aveugle, celle qui ajoute du malheur à celui existant, mais en prenant fait et cause pour la transcendance et le courage de surmonter le mauvais sort qui s'acharne, en le contournant par la force de convaincre et de s'élever par la volonté, l'effort et le goût du défi. Il me semble que rien ne vaut plus que des exemples vivants, pas irréels du tout, mais bien ceux de parcours humains, qui ont fait de leur faiblesse une force et qui sont, à cet égard, assez révélateurs de ce que la volonté est en mesure de traduire en un projet a priori difficile. Celui de Jack Ma, le grand patron d'Ali Baba, est à cet égard particulièrement caractéristique de la force d'âme qui peut bercer la jeunesse ambitieuse, et en faire un aiguillon pour toutes ses composantes. L'homme le plus riche d'Asie Qui connaît Jack Ma ? Et qui connaît Ali Baba ? Ils sont d'une autre «planète», Chine, Asie, USA et pourraient bientôt, s'ils le voulaient, envahir notre monde. Jack Ma est un Chinois créateur, président du Conseil et directeur exécutif du groupe Ali Baba. Cela ne vous dit toujours pas grand-chose ? Lisez la suite. Il est un homme d'affaires chinois à la tête d'un groupe de sociétés, évoluant toutes dans le commerce et la finance sur Internet. Il vient d'avoir 50 ans à peine, né en Chine d'une famille nécessiteuse, il est petit de taille, avec un physique «ingrat», du temps de sa pauvreté, devenu «intéressant» depuis qu'il est devenu un homme d'affaires, puissant et vénéré. Pas n'importe quel homme d'affaires ! Il est, aujourd'hui, le plus grand homme d'affaires asiatique évoluant dans le domaine du commerce, de la finance et d'autres services sur Internet. Son groupe est inscrit à la cote de la Bourse américaine avec une levée de fonds de haute volée, un record de 25 milliards de dollars en 2010, surpassant une introduction précédente sur la Bourse hongkongaise de 22,5 milliards de dollars réalisée par l'Agricultural Bank of China. Ali Baba est une société de e-commerce, conçue et imaginée, par ce petit bonhomme fluet, qui en dépit de son parcours chaotique, a pris des décisions géniales, avant-gardistes, que d'aucuns jugeaient, dans un premier temps, trop téméraires, pour voir positivement le jour. Elles paraissent, aujourd'hui, tellement évidentes, dès lors que sa réussite fulgurante a été saluée par le monde entier, et surtout par ses clients, plus de quatre cents millions d'utilisateurs dans le monde américano asiatique et qu'il veut, à présent que son ambition est devenue sans limite, mais toujours celle de la saine expansion, s'étendre à des marchés plus éloignés géographiquement, comme le Moyen-Orient voire l'Europe. Cette réussite est celle des épousailles du e-commerce, de la confiance que son groupe offre à ses consommateurs et de l'utilisation exclusive de l'outil digital. Sa réussite individuelle est devenue une épopée, pour celui qui, désormais, est la figure de proue de son groupe, dont il est devenu le plus grand dirigeant, le plus grand commercial et le plus grand communicateur. Communicateur de son groupe ? Oui mais pas seulement : celui qui ne cache pas d'avoir été refusé dix fois par Harvard est devenu un conférencier performant en Chine, aux USA, en Corée, surtout au sein des grandes universités de différents pays, dont il est la star et une icône de la réussite : le petit poucet chinois, nécessiteux, malingre et laborieux au début de ses études devenu, à force de courage et de volonté, un homme d'affaires opulent et un conférencier brillant ! En chinois et en anglais ! L'anglais justement, comment l'a-t-il appris ? Cela mérite d'être conté ! Jeune et démuni, il partait à pied rejoindre une ville d'eau, en Chine, à deux heures de temps de chez lui (oui deux heures à pied!). Il servait de guide non rémunéré aux touristes «Yankees» qui y venaient, moyennant des échanges verbaux exclusivement en anglais. Et le tour était joué, au bout de quelque temps de pratique quotidienne, il est devenu performant dans la langue de Shakespeare, première étape de sa conquête du marché américain, voire mondial. Chers enfants de quinze ans et plus, rappelez-vous bien comment ce Monsieur, un exemple pour beaucoup de jeunes, est devenu si puissant en allant là où d'autres hésitaient à s'aventurer, à quel âge il y est allé et combien d'années compte-t-il lui-même aujourd'hui. Il n'a que cinquante et un ans, est déjà l'un des plus grands hommes d'affaires, le plus grand d'Asie avec une fortune personnelle de 30 milliards de dollars. Il se prévaut de la plus grande introduction de l'histoire de la Bourse de New York (IPO- Initial Public Offering) atteignant 25 milliards de dollars, qui se sont ajoutés au patrimoine de son groupe. Pour vous cher enfant, chers enfants, il est un exemple que vous pourriez espérer suivre. Allons, ne soyez pas timorés, ce qu'il a entrepris et réalisé, en partant de ce que peut être, vous êtes aujourd'hui : famille en difficulté, vivant en ville ou en régions défavorisées, études chaotiques, vous pouvez l'atteindre à une double condition ; ce qui est chez vous aujourd'hui une désespérance des autres et de vous-mêmes, devient courage, croyance et ambition. Et que vous puissiez écouter le message que Jack Ma vous adresse, à tous, sachant que cet homme devenu riche et puissant n'a pas tourné le dos à son passé. Il est resté proche du jeune défavorisé qu'il était, il est un employeur social qui considère que dans l'ordre d'importance de ses partenaires, il classe, et le proclame, ses employés en premier, ses clients en second et ses actionnaires en troisième et dernière position. La force du discours Une autre des forces de Jack Ma c'est son ancrage dans le social et l'humanitaire, et le fait qu'il compte dès lors qu'il aura atteint tous ses objectifs d'entrepreneur social et performant, contribuer à améliorer le monde en revenant à ses premières amours : le discours didactique de l'ancien petit enseignant qu'il était, en prônant la bonne parole ici et là, à la société et tout particulièrement aux jeunes de votre âge. Lisez et écoutez quelques extraits d'une conférence donnée en 2005 à un auditoire subjugué, d'élèves sud-coréens : -» Je suis d'une famille très pauvre» -»Avant de commencer à réussir, les gens disaient que j'étais quelqu'un de pas terrible, ce qui était vrai : je suis cent pour cent chinois (sic !), j'ai appris à parler l'anglais par moi-même, et j'ai essayé tout seul d'apprendre à faire fonctionner mon ordinateur» -» J'ai été dix fois candidat malheureux à Harvard, ils ne voulaient pas de moi». - « Mais tout ceci n'est pas important » ; «Comme vous tous j'avais une grande attente pour le futur, une grande ambition» ! - « J'ai fini par enseigner l'anglais, j'ai été payé dix dollars par mois. Ce n'était pas formidable, mais je croyais que quelque chose m'attendait et je redoublais d'effort», « je disais que j'allais faire Internet, que j'y croyais alors que personne ne partageait cette opinion». - « Et maintenant que j'ai réussi, les gens me demandent comment tu as réussi, nous n'avons pas de jobs, nous n'avons pas trouvé une opportunité, comment tu as fait ?». - « Bill Gates, Warren Buffet, Mark Zuckerberg» et toutes ces personnes qui ont réussi ne se sont jamais plaintes de la sorte, elles ont cherché les opportunités» - « Si vous arrêtez de vous plaindre et si vous cherchez des opportunités», vous finirez par les trouver. - « Si vous avez une idée et que vous y croyez fortement, vous finirez par la concrétiser, comme je l'ai fait avec mon commerce sur Internet. Il faut y croire et travailler de toute votre foi». Et surtout, surtout... - « Arrêtez tous de vous plaindre, si vous finissez par trouver une opportunité, réfléchissez, essayez de comprendre que nous sommes au tout début d'Internet. Cette ère nouvelle vous offrira à tous beaucoup plus d'opportunités. - « Si vous y croyez, si vous comprenez que nous sommes dans une formidable nouvelle ère, alors vous saurez que vous avez les mêmes chances que tous ceux qui partent à égalité avec vous, sur la même ligne de départ». - « Les trente prochaines années seront les plus prometteuses pour vous, car vous avez la plus formidable des richesses qui est votre âge. Arrêtez de vous plaindre, ceux qui se plaignent sont condamnés à l'échec». - «Utilisez simplement votre cerveau, vous finirez par réussir, à condition que vous vous accrochiez à votre idée. J'ai vu tellement de jeunes personnes comme vous avec des idées formidables et le lendemain elles repartent vers les mêmes habitudes, la même routine». - « Réfléchissez sur les possibles opportunités et ensuite changez votre comportement, et pensez à vous et aux autres. Car quand vous pensez à votre succès et à celui des autres, et que vous pensez au bonheur de ceux qui entreprennent et réussissent, vous serez vous-mêmes heureux». Formidable discours que celui de cet homme qui ressemble à beaucoup de jeunes comme vous, garçons ou filles. Le discours d'un homme qui vous a longtemps ressemblé, qui a traversé des périodes de difficultés, quand il a été en bas âge comme vous, mais qui avait la croyance chevillée au corps. Ayez cette croyance, comme lui, ayez cette énergie, cette force qui est en vous, libérez la pour le meilleur ! Au lieu de vous laisser entraîner dans des chemins de traverse, qui vous mènent forcément à l'impasse. Il existe à l'échelle des nations des exemples de pays, déchirés, déchiquetés, plus que n'est la Tunisie, actuellement, à l'instar du Rwanda, traumatisé par une guerre fratricide, et qui grâce à une plus grande compréhension de leurs intérêts, et à la force et à la générosité de leurs forces vives, celles de la jeunesse, ont pu recouvrer leur élan créateur, constructeur, et générateur. Enfants de la nouvelle ère digitale Je vous donnerai plus loin les dix secrets de la réussite, de Jack Ma, qui sont aussi ceux d'autres grands de notre époque, qui n'ont hérité de rien, qui n'avaient rien, et qui par la force de leur imagination, se sont créé de fortes opportunités, sont devenus reconnus, et très riches. Mais d'ores et déjà, sachez jeunes enfants, jeunes hommes ou femmes, que vous vivez dans une période formidable dans laquelle vos talents créatifs pourraient exceller et s'épanouir. Je vous répète que vous êtes les enfants du «mobile» et d'Internet, que vous pratiquez, pour beaucoup d'entre vous avec l'ingéniosité que vos actes et attitudes confirment. Profitez de ces talents pour vous mouvoir dans l'ère du digital, qui n'est que l'utilisation à des fins productives de l'internet. Le digital, c'est Internet au service de tâches scientifiques, commerciales, économiques, robotiques, artistiques, éducatives, etc. C'est sur des murs que toute la génération artistique de la «Factory», de Warhol et Basquiat et de bien d'autres de leurs contemporains, ont pu faire exploser leurs talents artistiques incontestables et devenir des célébrités mondiales. Il nous arrive à tous, ici dans notre pays, de voir dessinées sur les grands murs de la capitale et ailleurs des fresques superbes, non signées, d'inconnus qui ne manquent ni d'imagination ni de talent. Vous êtes des artistes et peut-être vous le savez, et plus souvent vous l'ignorez. Vous rasez les murs, mais vous en faites parfois des œuvres d'art. Associez le digital à votre folie créative, vous pourriez y trouver matière, à joindre l'utile, à l'agréable. L'agréable, c'est la passion créative, l'utile, c'est le commerce de vos œuvres. Je ne veux pas vous mentir, la réussite économique n'est pas forcément toujours au rendez-vous. Mais pour ceux qui ont des dons et s'accrochent, ils peuvent percer, comme pour la plupart des créateurs d'aujourd'hui, qui ont besoin de la «toile» pour faire connaître leurs œuvres. N'oubliez pas que le digital est votre avenir, et il n'est pas nécessaire d'avoir des diplômes pour réussir. C'est d'abord un environnement qui vous permet d'accéder à une multitude d'informations. C'est ensuite un espace de soutien, qui permet à d'autres de vous connaître. Nous venons de le voir pour le dessein et la peinture, cela pourrait être pareil pour la musique dont vous êtes friands. Vous passez votre temps à inventer des airs musicaux, vous êtes fous de Rap, et les chanteurs tunisiens de Rap, s'affirment et s'affichent chaque jour. Ils ont beaucoup de succès à l'échelle nationale, ils ont créé le Rap tunisien, avec des sonorités qui diffèrent, égales et dépassent, parfois, celles des Occidentaux. Que leur manque-t-il pour percer hors de nos frontières, que vous manque-t-il à vous pour faire comme les autres camarades, voire les dépasser et aller plus loin ? Il vous manque certaines recettes de la réussite notamment la volonté, la hardiesse, la croyance en vous. Je vous donnerai, un peu plus loin, d'autres clefs de réussite, qui vous sont offertes par des gens, comme Jack Ma, plus convaincants que moi, car ils ont parcouru ce chemin tortueux, pas facile au début, mais quand on s'y accroche mène souvent à la gloire. Accrochez-vous les gars ! Nous sommes au début de l'ère digitale, vous qui avez beaucoup de talents, si, si, si ! Allez-y ! Allez dans les clubs informatiques, et s'il n'y en pas dans votre localité, demandez deux ou trois ordinateurs à votre directeur d'école, à votre maire, à votre cellule de parti, s'il y en a une, et partagez le temps d'utilisation entre plusieurs. Soyez collectifs, ne jouez pas perso, l'avenir appartient aux génies solitaires et aussi aux regroupements, aux collectifs de jeunes ambitieux. Je vous écris ces quelques lignes, non pas pour vous donner la leçon. C'est juste pour vous faire ouvrir les yeux sur certaines opportunités, qui ne vous sont pas étrangères, mais auxquelles vous ne prêtez pas l'importance qu'elles pourraient avoir sur votre parcours. Vous recelez en vous des potentialités insoupçonnées, vous êtes l'avenir du pays, et le cœur battant de ses évolutions. Cependant, il vous faudra avoir la force d'âme, qui vous permette de vous soustraire à la marginalisation dans laquelle vous vous êtes cantonnés. Cette marginalisation est une faiblesse ! A contrario, elle pourrait être une force, de celle dont on peut faire les grandes œuvres d'une vie. Gardez de cette faiblesse ses bons côtés, l'esprit de communauté, l'instinct grégaire n'a jamais été un handicap, sauf lorsqu'il prend des allures radicales. D'un autre côté, les ensembles la jouent collectif, surtout ceux qui cherchent le bien-être économique : croissance inclusive, emploi inclusif, alors que les individus souvent anxieux la jouent individuel. Ce n'est malheureusement pas la meilleure pratique, car les interconnexions, y compris digitales, sont utiles au développement des individualités. Le sursaut vous attend, la Tunisie aussi Notre pays traverse une période de grandes difficultés, dont nous sommes tous responsables. Il n'est pas nécessaire de montrer du doigt une catégorie plutôt qu'une autre de notre population. L'union sacrée nous est demandée pour que la Tunisie recouvre ses atouts et puisse aller au-delà de ce qu'elle a accompli avant les évènements de 2010-2011. Certes, les résultats globaux à cette période-là, étaient enviables alors que tous les indicateurs économiques sont à présent au rouge : chômage culminant à 20% de la population, déficit budgétaire et dettes publiques records violences tous azimuts, syndicats politisés et patrons désemparés. C'est une drôle de période, durant laquelle les partis se recomposent ou tentent de le faire, se positionnent pour l'après, font preuve pour la plupart d'infantilisme et d'arrivisme incongrus, alors que le pays boit l'eau jusqu'à la lie. Où se niche l'amour du pays ? Où devrait-il se loger et s'activer, se répandre et tel un champion, Gammoudi ou Mellouli, bouscule les vieilles méthodes héritées du passé le moins glorieux, et entraîne notre personnel dirigeant, majorité et opposition, vers les sentiers glorieux de l'héroïsme ? L'espoir repose sur vos épaules, vous les jeunes ! Nous attendons de vous d'être au rendez-vous de l'histoire, en faisant preuve d'ambition pour une cause juste, celle de votre pays, et non comme pour certains d'entre vous, qui ont été bernés par les brigades du nihilisme et ont joué, par ignorance, contre leur camp, contre leur patrie, contre leurs familles. Faites comme les gens de Singapour, qui ont fait d'un îlot, de dimensions comparables à celles de la seule Djerba, un pays qui irradie la planète de ses succès économiques, de l'immensité de son savoir, de son poids dans le monde. Agissez comme les Sud-Coréens, ceux de Samsung, de la Finlande de Nokia, de la Suède digitalisée dans son secteur médical, dont elle fait figure d'un des grands acteurs du monde. Que vous manque-t-il, Mohamed de Sidi Bouzid, Moncef de Kasserine, Djamila de Jendouba et Latifa de Menzel Temime ? Rien, oui il ne vous manque quasiment rien, sinon de la bonne volonté et de croire en vous-mêmes, en même temps qu'une attention plus grande de vos aînés. Une expression tunisienne est répétée à l'envi : «Nous sommes tous des enfants de neuf mois». Alors oui, c'est vrai, oublions nos inhibitions et arrêtons de répéter cette phrase. Mettons-la en pratique, mettons-la à l'œuvre ! Dès lors que vous intégrez la sphère digitale, à partir d'un petit ordinateur ou d'un smartphone, vous deviendrez un «addict» à leurs applications et surtout aux offres et avantages de la nouvelle économie. Choisissez, autant que faire se peut, les opportunités qui sortent des sentiers battus, celles qui paraissent ne pas intéresser la «Toile» et y engouffrez-vous, elles seront probablement les plus intéressantes, à plus d'un titre. Les recettes du succès Plusieurs champions de l'économie digitale, tels Warren Buffet, qu'on ne présente pas, Bill Gates créateur de Microsoft, Eric Schmidt ancien CEO de Google, Sheryl Sandberg CEO de Facebook, Vittorio Colao CEO de Vodafone, ont donné sur Internet, ce qu'ils estiment être les recettes du succès. Prenons celles de Jack Ma qui n'est plus un étranger pour vous, elles sont édifiantes : Se faire à l'idée qu'on peut connaître et surmonter les échecs : Jack Ma en a eu plusieurs en Chine et aux USA, où Harvard a rejeté sa candidature à l'intégration dix fois (oui 10 fois !), candidat à une école en Chine, avec trente quatre autres, il est le seul rejeté, ayant été classé dernier, etc., Tenir vivants ses ambitions et ses rêves, en dépit des difficultés et des échecs, et avoir la force de croire que le succès viendra un jour, Se concentrer sur la culture d'entreprise : celle qui fait que les clients sont la préoccupation première de toute activité. Car, c'est grâce aux clients que l'activité perdure et se développe. Puis viennent les employés-collaborateurs, car ce sont eux qui vous relaient dans la création de richesses et du choix des opportunités, et enfin les actionnaires, Ignorer les avis qui viennent de gens qui essayent de vous décourager, si vous vous accrocher vous finirez par parvenir à votre but, Soyez inspirés, y compris par des gens étrangers à ce que vous faites, dès lors que leurs idées, leurs discours vous parlent, vous séduisent, Rester concernés, concentrés par ce qui fait le cœur de votre projet, Ne pas se plaindre, ne pas laisser passer les bonnes occasions ; là où des opportunités existent, les difficultés se multiplient. Vouloir éviter les difficultés, c'est renoncer aux opportunités, Etre passionné, et même si nous rencontrons des obstacles, nous devons avoir la passion de poursuivre, car si Internet rencontre des difficultés, peut être que Yahoo rencontrera aussi des difficultés alors que Bay pourrait grimper, mais de toutes façons Internet restera vivant. Voici en quelques lignes les conseils d'un homme qui vous ressemble beaucoup, dans vos premiers parcours de vie. Puis est venue à lui la prise de conscience, qu'en dépit de tous ces obstacles, il y avait en lui une flamme qui le poussait à vaincre le signe indien, les a-priori, les multiples handicaps génétiques et autres. Il a eu le courage de se mesurer à Internet, plus exactement au commerce sur Internet, alors qu'en ce temps-là, peu de monde y pensait, peu de gens y croyaient. Il est allé chercher le moins facile, cette activité sur Internet était balbutiante à l'époque, et a lancé un défi incertain à Amazone. A présent, il ne se désespère pas de se lancer dans l'acquisition de Yahoo, dont il est déjà actionnaire. Ce qui est impressionnant, chez cet homme, c'est son business modèle, qui était improbable au départ. Celui qui met en relation d'affaires vendeur et consommateur, deux vis-à-vis qui ne se connaissent pas, et qu'il garantit à travers un «escrow account», un compte logé dans une société financière en ligne qui assure, à la fois, la livraison et le paiement. Ce montage téméraire signé Jack Ma lui permet désormais de compter plus d'un demi-milliard (500 millions !) de consommateurs. Il a vaincu sur leur propre terrain les sociétés américaines, et sur le plan du commerce et sur celui de la levée de fonds, comme nous l'avons vu précédemment sur la Bourse de New York. Ce petit chinois, qui au départ n'avait aucune propension à devenir ce qu'il est, tutoie désormais les grands noms de la politique, des affaires et des médias. Un exemple édifiant pour tous ceux qui doutent, et qui ne savent pas que la vie sourit aux audacieux, à ceux qui savent saisir opportunément les bonnes occasions qui se présentent, et qui croient en leur bonne étoile. Appel à la jeunesse Pour quelle raison cette lettre est adressée à vous la jeunesse ? Il ne s'agit pas d'un pur hasard ! Vous êtes à un âge où tout est permis, à savoir l'ambition de prolonger les études, ce que je recommande, ou à défaut de faire le bon choix, celui qui pourrait vous propulser dans l'apprentissage d'un métier, dans la participation à la création de projets, voire d'envisager et de penser à créer votre propre affaire. Il faudrait absolument que les jeunes, que vous êtes, amorciez le virage vers l'âge adulte avec une ambition chevillée au corps. Et ne pas croire, parce que la Tunisie traverse une période de difficultés et de doute, que vous ne pourriez que baisser les bras. C'est dans ces moments-là, que les opportunités, quand elles se présentent, sont les plus faciles à transformer en succès, parce que justement, il y a moins de vos contemporains, de vos congénères, qui s'y accrochent. Vous les jeunes, la vie désormais vous appartient, vous êtes les maîtres d'œuvre de votre destin, faites en une épopée, par votre courage, votre force d'âme, et votre obstination à rendre vos rêves une réalité. Vous disposez de la force physique, de la force d'âme, de la curiosité et de l'amour de la vie. Vous pourriez me rétorquer que je rêve, que je ne vis pas avec la jeunesse dépourvue de tout, qui, chaque jour se lève, fume une cigarette et s'installe soit dans un café ou à l'abri du mur du quartier à attendre, attendre, attendre. Je répondrai que l'immobilisme et l'attente n'ont jamais aidé quiconque, et que le mouvement est créateur et libérateur des forces qui sont les vôtres, et que vous n'arrivez peut-être pas à exploiter, faute de faire actionner la dynamique humaine et l'esprit de conquête qui est en nous tous, qui est en vous. Il est vrai que nous vivons, et le monde fait face à des temps difficiles, qui sont la résultante d'une vraie dérive de nos sociétés vers plus d'individualisme, plus d'affairisme, un excès de matérialisme et un manque évident de croyance et de culture. Mais que faire ? Faut-il transformer le manque d'espoir, en nihilisme et en solide désespoir ? Faut-il alimenter nos médias, et la Toile disponible pour tous, en cahiers de doléances, sans y ajouter les possibles solutions ? A chaque période de l'histoire de l'humanité, il existe des parenthèses pas très réjouissantes, qu'il faudrait transcender par le volontarisme. Inspirez-vous de Jack Ma, qui nous a servi de fil conducteur tout au long de cet appel à votre intelligence, votre inébranlable volonté et à votre ingéniosité, des atouts qui vous permettront à tous, de faire les bons choix qui conduisent à l'amour de vous-mêmes, l'amour du pays, l'amour de la vie.
