Elle n'est pas actrice à se laisser faire par les réalisateurs. Prenant à cœur son métier, elle cherche constamment à donner une plus-value à ses personnages. Elle, c'est Oumi Yemna, personnage emblématique du feuilleton télévisé «Naouret El Hawa» 1 et 2, réalisé par Madih Belaïd et produit par la chaîne publique El Watania. Un personnage qui exigeait une comédienne de talent rompue à la scène et à la caméra. Cette comédienne n'est autre que Zahira Ben Ammar, capable de tous les subterfuges pour donner du lest à un personnage énigmatique et surprenant. Zahira incarne une mamie pas comme les autres. Discrète, prévenante, aimante avec sa famille, elle révèle au fil des épisodes une autre facette, celle d'une femme puissante et manipulatrice à la tête d'un réseau de mafieux. «J'ai travaillé sur la trajectoire de Oumi Yemna de bout en bout. Je ne voulais pas faire d'elle un personnage lisse qui n'évolue pas. J'ai essayé de lui donner de la consistance et de la chair pour mieux retenir l'attention des spectateurs», confie la comédienne qui a commencé sa carrière théâtrale à l'âge de 16 ans. Un personnage à la Bette Davis dans le film culte Qu'est-il arrivé à Baby Jane de Robert Aldrich. Zahira Ben Ammar ne manque pas de culot et en fait des tonnes en vieille harpie boiteuse, symboliquement à l'image du pays, qui possède aussi un grand cœur. «Il fallait maintenir un certain équilibre et ne pas tomber ni dans la platitude ni dans l'excès», explique-t-elle. Avec son interprétation diabolique, Zahira Ben Ammar a tiré le feuilleton vers le haut, ce qui lui a valu la sympathie des téléspectateurs et de la critique. Alors qu'il y a quelques années, lorsqu'elle a interprété l'hôtelière dans la sitcom «Loutil» de Slah Essid, le public a rejeté en bloc son jeu qu'il avait trouvé excessif. «Je crois que le public comprend mieux ma manière de jouer et discerne mieux les différentes compositions que je prête à mes personnages», souligne-t-elle. Elle n'est pas actrice à se laisser faire par les réalisateurs. Prenant à cœur son métier, elle cherche constamment à donner une plus-value à ses personnages. C'est le résultat d'une longue expérience qui a commencé au sein du Théâtre Triangulaire dont le chef de file était Habib Chebil, «il m'a tout appris» affirme-t-elle. Puis le Nouveau Théâtre aux côtés de Fadhel Jaibi, Fadhel Jaziri et Jalila Baccar. Quatre pièces qui ont marqué sa carrière : «Arab» (Pièce et film), «Familia», «Les amoureux du Café désert» et «Soirée spéciale». Au cinéma, elle compte cinq participations dans les films : «La coupe» de Mohamed Dammak (1986), «Arab» de Jaziri et Jaibi (1988), «Halfaouine» (1990), «Un été à La Goulette» de Férid Boughedir (1995) et « Les silences du palais » de Moufida Taltli (1994). Ses performances d'actrice lui ont ouvert les voies de la création artistique en devenant auteur et metteur en scène de ses propres pièces à l'instar de Mafkoud (Absent), Syndiana à laquelle elle a donné le nom de sa société de production, Emra (Femme), Traktek (Je t'ai laissé) et bien d'autres activités dont l'animation d'un atelier de théâtre au Club Culturel Tahar Hadded et bientôt elle disposera de son propre espace de création et d'animation sis à la Médina de Tunis, son fief où elle est née et a grandi. Plus qu'une star, Zahira Ben Ammar est une battante qui croit à la valeur du travail qui seul peut mener loin.