A peine désigné nouveau vice-président de la Banque européenne d'investissement, il y a deux semaines, M. Roman Escolano a décidé que sa première sortie sera la Tunisie. Mis à part l'accord de financement de 50 millions d'euros qu'il a signé avec l'Amen Bank, pour la première fois sans garantie de l'Etat, le responsable de la BEI a réitéré la confiance et le soutien de son institution à la Tunisie. La Presse a eu l'occasion de le rencontrer dans sa résidence à Gammarth et de lui poser un certain nombre de questions, auxquelles il a bien voulu répondre. Quelle est votre perception de la Tunisie, en tant que bailleur de fonds ? J'aimerais souligner, d'abord, que nous suivons de près le développement de la situation en Tunisie. C'est important pour nos partenaires et nos clients. Avec la Tunisie, nous avons de longues traditions de travail. Et depuis la révolution de 2011, nous suivons l'évolution des choses avec beaucoup d'intérêt, bien que cela pose des défis dans le domaine économique. Particulièrement depuis l'année dernière, la BEI a alloué 1,1 millard d'euros, soit l'équivalent de 2,5 milliards de dinars tunisiens, pour le financement de projets en Tunisie. Ce sont des projets concrets que nous avons financés par l'intermédiaire de plusieurs mécanismes, entre autres, l'intermédiation bancaire. 60% de cette somme a été consacrée au secteur privé. A un certain moment, la BEI a consacré le plus important de son financement au secteur public. Mais maintenant, nous pensons que le rôle de la BEI dans l'appui de l'économie tunisienne doit également être orienté vers le secteur privé, ce qui est en phase, d'ailleurs, avec la note d'orientation que le gouvernement vient d'adopter. Par rapport à votre question, j'aimerais souligner qu'il ne faut pas nous écouter, il faut voir ce que nous faisons. Aujourd'hui, nous avons signé un accord de financement. On pense que la Tunisie est en train d'entrer dans une nouvelle orientation de sa politique économique. Son modèle de développement est en train de changer et le gouvernement est en train de mettre en place des réformes qui touchent plusieurs domaines. Dans tout cela, la BEI compte être un partenaire aussi privilégié qu'elle l'a été par le passé. Peut-on considérer que l'accord signé avec l'Amen Bank est un signe de la confiance que la BEI place en la Tunisie ? Absolument ! Le prêt qu'on a signé ce jeudi est très important parce que c'est une somme importante, et l'emploi de cet argent est important. Mais il y a aussi deux mots clés dans cet acte de signature. C'est, d'abord, un côté partenariat que nous avons établi aussi bien avec Amen Bank qu'avec le réseau Entreprendre. Ensuite, comme vous l'avez dit, il y a un côté confiance. C'est une confiance qu'on place en une banque tunisienne. C'est la première fois qu'on accorde un crédit sans la garantie de l'Etat tunisien. C'est, également, une confiance dans le pays. Nous pensons que c'est une façon de coopérer avec les PME tunisiennes et finalement, c'est une confiance en l'avenir du pays. Par ailleurs, le montant investi en Tunisie représente à peu près le 1/5 des 5,2 milliards d'euros accordés aux pays de la rive sud depuis 2011. Ce qui signifie que la Tunisie reste toujours un partenaire privilégié, que ce soit en termes de chiffres ou en capacité de produits, et ce, dans plusieurs domaines, en l'occurrence, la santé et l'éducation qui représentent des domaines de financement importants et très porteurs. Il est vrai que tous les pays peuvent passer par des difficultés. Mais je pense que la Tunisie peut avoir un grand avenir. Est-ce un hasard si votre première sortie est pour la Tunisie, ou est-ce que cela comporte une signification particulière ? Effectivement, ce n'est pas un hasard. Je viens de prendre mes fonctions le 1er septembre et j'ai bien voulu que votre pays soit le premier pays que je visite. C'est un moment historique par lequel passe la Tunisie. Et, en tant qu'institution de l'Union européenne, c'est important d'être aux côtés de la Tunisie. Je suis les développements depuis Luxembourg (siège de la BEI) et je dois signaler que c'est important pour la Banque d'être proche de la Tunisie. 10% du prêt alloués aux TPE Le prêt de 50 millions d'euros (110,13 millions de dinars) récemment signé avec l'Amen Bank est un prêt à long terme qui sera consacré au financement du secteur privé et principalement aux petits porteurs de projets. La BEI insiste sur le fait que les avantages concernant le coût et les délais bénéficient également aux chefs d'entreprise bénéficiaires et non pas uniquement à la banque. Dans cet ordre d'idées, l'Amen Bank s'est engagée à ce que 10% de la nouvelle ligne de crédit soit alloué aux très petites entreprises (TPE) et à la mise en œuvre des règles de la bonne gouvernance au sein même de ces petites entreprises, tout en veillant à la rapidité du traitement des dossiers.