Les acteurs de la société civile tunisienne et marocaine se mobilisent en vue de réactiver l'idée maghrébine Née au forceps, sans âme ni corps, l'Union du Maghreb arabe (UMA) n'arrive pas à digérer ses crises internes. Un quart de siècle déjà, elle n'est guère visible sur l'orbite des nouvelles alliances mondiales, laissant bercer d'illusions une population en marge des politiques de développement inclusif. Y aura-t-il encore une chance pour la ressusciter et lui redonner l'espoir de repartir du bon pied ? C'est dans cette optique que la société civile régionale a pris l'initiative d'agir, renouant avec un vieux rêve, celui d'un Maghreb si grand et intégré, incarnant, dans son milieu du voisinage, l'intérêt commun de la nation et les défis futurs de ses générations. C'est ainsi qu'un forum thématique sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux au Maghreb s'est tenu vendredi 2 octobre, à Hammamet, sous le signe «Intégration régionale : quelles alternatives populaires pour une intégration effective et durable du Maghreb ?». Une initiative lancée conjointement par deux acteurs de la société civile de la Tunisie et du Maroc, à savoir le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) et son homologue marocain (Fmas), avec l'appui financier de l'organisation «Oxfam Novib». L'événement a été, bel et bien, mis sous les projecteurs lors d'une conférence de presse tenue, dans la matinée de vendredi, au siège du Ftdes à Tunis. Il vient faire valoir les droits socioéconomiques qui sont un problème structurel commun auquel sont confrontés les pays du Maghreb. D'où l'impératif d'œuvrer à la mise en place d'un espace maghrébin qui se veut un havre de paix, de développement et du bien-être. Chercher des alternatives répondant aux attentes des peuples de la région s'inscrit dans le cadre d'un projet associatif qui s'étalera sur deux ans, d'ici 2017. Mme Manel Ouarda, représentante d'Oxfam, semble avoir confiance dans la société civile, en tant que force de pression sur les choix des gouvernements. Celle-ci doit s'ériger en acteur agissant et porteur d'alternatives pouvant être traduites en politiques économiques respectueuses des dimensions humaines, sociales et culturelles. Pour M. Abderrahim Kassou, du Fmas, l'objectif recherché, à travers cette initiative, est de doter la société civile des moyens et mécanismes d'action susceptibles de converger vers l'édification d'un espace maghrébin intégré et complémentaire qui soit au service de toute la région. Faute de quoi, la facture socioéconomique due au «non-Maghreb» sera assez lourde, en termes d'échanges économiques, de défis sécuritaires et d'aggravation du chômage. L'intégration régionale a été, au fil des temps, un projet ambitieux, comme l'a affirmé M. Abdeljalil Bédoui, économiste membre du Ftdes. Un tel projet s'est fixé autant d'alternatives sous forme de priorités : trouver de nouveaux équilibres stratégiques et renforcer les capacités de négociations avec nos partenaires de l'autre rive. Cela dit, il s'agit aussi de se faire une image aussi bien travaillée que rayonnante. Car, a-t-il ajouté, l'intégration maghrébine n'est pas un luxe, mais un choix incontournable, voire un besoin pressant. A Hammamet, on devait débattre des thématiques fédératrices sur la base desquelles s'appuie un plan d'action mixte coordonné par les deux parties tunisienne et marocaine. Il s'agit de la politique de l'emploi dans les pays du Maghreb, l'accès à l'éducation et la santé, des politiques et mesures pour la mise en œuvre et le respect des droits culturels et de la diversité, ainsi que des droits environnementaux et enjeux climatiques dans la région à l'aube de la COP 21 et COP 22. Il y a là quatre axes principaux à développer : droits économiques, écologiques et socioculturels, libertés publiques et libre circulation, démocratie, paix, sécurité et résolution pacifique des conflits, femme, égalité et parité. «On devait également traiter du renforcement du pouvoir de la société civile dans le domaine de l'intégration régionale du Maghreb».