Les élèves, les parents, la société civile et le cadre éducatif, tous engagés pour entretenir l'une des plus anciennes écoles en Tunisie. Les élèves inscrits à l'école primaire «20 Mars», à la Goulette, se sont réveillés, tôt, hier. Ils ont enfilé leurs tabliers pour se rendre à l'école, sans pour autant avoir à porter leurs cartables. Heureux et dynamiques, ils ont répondu présent à l'appel de l'école pour une action environnementale et d'embellissement. En effet, et à l'inititaive de M. Kamel Lamine, directeur de l'établissement, une action citoyenne a été menée, hier, avec brio. L'idée étant de nettoyer l'école en délestant la cour des poussières et des mauvaises herbes mais aussi en écorchant les murs decrépits pour les badigeonner et les remettre à neuf. «Nous avons été agréablement surpris par l'engagement de la société civile ainsi que des parents qui ont participé à l'action. Une action qui a pour finalité de redonner à l'école sa splendeur d'antan. L'école primaire «20 mars» a été créée en 1903. Elle représente, outre un établissement scolaire, un monument historique à préserver. Plusieurs générations s'y sont succédé es en quête du Savoir», fait remarquer M. Lamine. Aussi, l'action citoyenne à cheval entre l'environnemental et d'éducatif a-t-elle été menée, conjointement, par la société civile, notamment l'Association environnementale de la Goulette, l'Association de développement et de l'environnemental au Kram, l'Association Jeunes sciences de Tunisie section la Goulette ainsi que l'Anged et l'Anpe. M. Hadi Gnidez représente l'Association de développement et de l'environnemental au Kram. Cette ONG a été invitée à participer à l'action citoyenne. «Nous n'hésitons pas à contribuer à de pareilles initiatives. Nous avons déjà participé à des actions similaires en faveur de quatre écoles au Kram et d'une école à Aïn Zaghouane», indique-t-il. La sensibilisation au concret Au programme : un volet d'animation et d'implication des chérubins dans les travaux de propreté et d'embellissement et ce, en vue de les sensibiliser d'une manière effective, quant à l'importance de la maintenance des établissements éducatifs. Le deuxième volet est consacrée à la maintenance proprement dite, notamment la peinture des murs de l'école. «Certes, l'action est intéressante et inclusive. Cependant, une journée ne suffit aucunement à redonner à l'école sa splendeur et à combler les lacunes notables. C'est pour cela que nous avons pensé à poursuivre le mois de l'école pour l'étendre sur toute une année. Pour la présente action, elle s'étalera sur tout le mois d'octobre et sera clôturée par une agréable cérémonie. Nous ferons appel d'ailleurs, poursuit le directeur, à des spécialistes pour des travaux plus performants». Petites militantes de la société civile Sinda Bouzaânouna a neuf printemps. Motivée, tout comme ses camarades de classe, elle s'applique, un sachet à la main, à l'arrachement des mauvaises herbes qui entourent l'un des arbres plantés à la cour. «C'est la première fois que je participe au nettoyage et à l'entretien de mon école et je trouve que c'est une excellente idée», indique-t-elle, souriante. Maryem Fraoua, âgée de dix ans, souligne non sans fierté et détermination que les élèves sont très méthodiques. «Nous nous sommes répartis en plusieurs groupes de travail: un groupe pour le balayage de la cour, un autre pour la collecte des déchets, un groupe pour le désherbage, un groupe pour l'écorchage des murs et un autre pour la badigeonnage», précise-t-elle. Eya Bsaïes est une collégienne inscrite en 7e année. Elle a passé son parcours écolier à l'école «20 mars». Dès qu'elle a appris l'événement, elle est venue ainsi que deux autres collégiennes pour participer à l'action. «Durant les cinq années que j'ai passés à étudier à l'école, jamais une action similaire n'a été organisée. J'ai donc saisi l'occasion pour embellir mon école pour la quelle j'ai de la nostalgie», indique-t-elle. Beaucoup reste à faire... Certes, les chérubins ont fait preuve de responsabilité citoyenne, de civisme et d'esprit écologique. Cependant, et en dépit de l'ambiance de joie et de bonne humeur, ils ont saisi l'occasion pour parler en tant que citoyens avisés, parfaitement conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Des écolières en tabliers roses ont cru bon d'attirer l'attention de l'opinion publique et des institutions de tutelle sur les conditions d'études qu'ils trouvent en de-ça de leurs attentes. Les écolières n'hésitent pas à nous montrer l'une des salles de cours. «Voilà dans quelles conditions nous étudions! Regardez les bancs désuets, vieux comme le monde. La salle sent l'humidité. Certaines vitres sont cassées. L'électricité est tellement faible que les élèves qui prennent place au fond de la salle parviennent avec beaucoup de peine à voir le tableau», dénoncent-t-elles, en chœur. «Regardez le plafond, indique un chérubin, il est rongé par la rouille. La cour est favorable aux chutes tellement elle est impraticable». Une autre élève recommande qu'on daigne enfin consacrer un vestiaire pour se changer après les séances d'éducation physique. «Nous voulons tellement que notre école devienne exemplaire et qu'elle nous motive pour bien étudier et avoir de bonnes notes», souligne l'une des écolières. De son côté, M. Lamine, qui a organisé la première action citoyenne dans l'histoire de cette école ancestrale, projette de trouver une formule juridique pour collecter des dons financiers pour d'éventuelles actions d'entretien. «Pour la présente action, nous nous sommes contentés de recevoir des dons sous forme de matériel de peinture. Mais l'école nécessite la conjugaison des efforts et de la société civile et de l'institution de tutelle pour relever le défi, à savoir la rendre belle de l'intérieur comme de l'extérieur», renchérit-il.