Le député de Nida Tounès et président de l'ESS a été la cible hier d'une tentative d'assassinat. Plusieurs balles ont été tirées à bout portant sur son véhicule. Il en est sorti indemne. Mais depuis, beaucoup d'inquiétude et de questionnements taraudent l'esprit des Tunisiens qui sont en guerre contre le terrorisme et qui découvrent avec cette lâche agression une autre de ses facettes 10h50, hier matin, sur la voie expresse entre Sousse et Kalaâ Kebira, le député de Nida Tounès pour la circonscription de Sousse et président de l'Etoile Sportive du Sahel, Ridha Charfeddine, a échappé miraculeusement à une tentative d'assassinat. Il a été la cible de tirs nourris provenant d'un véhicule transportant deux individus, le conducteur et le tireur. Se rendant à son lieu de travail dans la zone industrielle de Kalaâ Kebira, à l'heure habituelle, l'homme d'affaires, pharmacien de formation, propriétaire d'une usine de médicaments et président de la Chambre nationale de l'industrie pharmaceutique, a été surpris par des coups de feu tirés dans sa direction à partir d'un véhicule de couleur blanche qui l'a précédemment dépassé à trois reprises. «C'est un miracle», comme il le dit lui-même, qu'il soit encore vivant et qu'il ne soit même pas blessé, d'autant que pas moins de « neuf cartouches (informations sécuritaires) ont traversé le pare-brise et les vitres de la voiture effleurant la tête de Ridha Charfeddine. La thèse du miracle a laissé dire à plusieurs analystes et observateurs que la tentative d'assassinat est plutôt un avertissement adressé au député et que le tireur n'avait pas l'intention ou l'ordre de liquider Charfeddine, comme ce fut le cas pour les martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. « Je n'ai rien à voir avec Moez Ben Gharbia » «J'ai paniqué, j'ai eu vraiment peur, j'ai alors accéléré pour m'enfuir. A un moment, le véhicule a cessé de me poursuivre, j'ai pu alors me rendre à mon usine où j'ai contacté par téléphone le ministre de l'Intérieur», raconte le député, consterné, qui affirme n'avoir aucune explication à ce qui lui est arrivé, indiquant que «rien ne peut justifier que je sois la cible d'un tel attentat, je n'ai pas d'ennemis et je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit». Le député répond ainsi aux multiples rumeurs qui ont vite circulé sur les ondes des radios et les réseaux sociaux faisant de lui aujourd'hui une cible idéale du terrorisme ou son corollaire, le crime organisé. La plus partagée de ces rumeurs est celle qui attribue à Ridha Charfeddine le statut de principal actionnaire dans la chaîne de télévision privée « Attassiaâ», dont le propriétaire n'est autre que Moez Ben Gharbia, le journaliste et homme d'affaires actuellement réfugié en Suisse fuyant des menaces sérieuses de mort, comme il l'a affirmé. Moez Ben Gharbia s'est enfui en début de semaine mais non sans lâcher, dimanche dernier tard dans la nuit, sur la Toile une vidéo dans laquelle il explique qu'il est menacé de mort et qu'après la levée impromptue de sa protection rapprochée par le ministère de l'Intérieur, il s'est vu dans l'obligation de quitter en catimini la Tunisie pour avoir la vie sauve. MBG a, par ailleurs, révélé dans la vidéo sus-citée être en possession d'informations et de preuves sur les assassinats politiques de Belaïd et de Brahmi, ainsi que sur les meurtres de Tarak Mekki et de Faouzi Ben Mrad, figures médiatiques et politiques notoires, certifiant en connaître les assassins. Une bombe médiatique qui a soulevé un tollé et suscité des réactions dans les milieux politique, médiatique et sécuritaire. Le parquet a ordonné une enquête judiciaire sur les graves déclarations de MBG. Une page facebook pour les menaces de mort La tentative d'assassinat perpétrée contre le député de Nida, sous haute protection depuis hier matin, vient à un moment où les annonces de menaces de mort sont presque quotidiennes, faites par des hommes politiques, des journalistes, voire des sécuritaires. Samir El Wafi, encore une fois, est revenu à la charge hier pour dire qu'il fait de nouveau l'objet d'une menace de mort. Le ministère de l'Intérieur, par la voix de son chargé de la communication, Walid Louguini, a lui-même confirmé hier l'existence de telles menaces en déclarant que « plusieurs menaces de mort sont mentionnées sur une page facebook que les services sécuritaires sont en train de suivre de près ; des personnes soupçonnées d'y participer ont, d'ailleurs, été entendues », souligne Louguini. En attendant, le député et président de l'un des plus grands clubs de football à l'échelle nationale et historique déclare avec regret que sa vie et celle de chacun des membres de sa famille ne seront plus les mêmes. « Ce 8 octobre a bouleversé ma vie. A partir de maintenant, ni moi ni ma famille ne nous sentirons en sécurité. Notre pays n'est pourtant pas habitué à cela ».