Un plan d'action pour la transformation de l'agriculture africaine Par notre envoyé spécial à Dakar, Said BENKRAIEM Le Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) à Dakar était très animé, hier, à l'occasion de l'ouverture officielle des travaux de la Conférence de haut niveau sur l'agriculture et l'agroindustrie, qui se tient du 21 au 23 octobre au Sénégal. Tenue sous le haut patronage de Macky Sall, président de la République du Sénégal, cette rencontre africaine de haut niveau est dédiée à l'agriculture en Afrique. Elle cherche essentiellement à identifier les moyens à même de soutenir la transformation de ce secteur clé d'activité économique. Un objectif de taille dont la concrétisation est largement tributaire d'un « plan d'action », selon le président de la BAD, Akinwumi Adesina. Dans son discours lors de la cérémonie d'ouverture, le premier responsable de la BAD, organisatrice de cette rencontre, est très confiant quant à l'aptitude du continent africain à relever ce défi. Il a ainsi appelé à l'élaboration d'une feuille de route stratégique pour la transformation de l'agriculture en Afrique. Le but essentiel est de «construire un secteur agricole solide et durable capable d'assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d'offrir des emplois aux jeunes, de réduire la pauvreté et d'opérer la transformation du secteur agricole». Commercialisation de l'agriculture Il est temps de mettre en place des politiques de transformation qui facilitent l'accès aux meilleures technologies agricoles, au crédit et aux marchés. En outre, il faut mettre en place des infrastructures et incitations fiscales pour attirer les investissements du secteur privé dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Les réformes politiques en faveur des pauvres et encourageant la participation du secteur privé, appuyées par des procédures mises en place par un secteur public responsable, ont un formidable pouvoir de transformation rapide du secteur agricole africain. La commercialisation du secteur agricole en Afrique est désormais une priorité absolue pour un continent qui continue à importer sa nourriture en dépit de son énorme potentiel. Pour ce faire, les dirigeants africains sont appelés plus que jamais à mettre en place des stratégies cohérentes de développement de l'agriculture en tant que secteur stratégique mais aussi en tant qu'activité susceptible de créer la plus-value et l'emploi. Le continent africain dispose d'un énorme potentiel agricole. Toutefois, il n'arrive pas à le mettre en valeur. D'où la nécessité d'un programme qui s'appuie sur un cadre politique et réglementaire approprié. «Pour réussir cette transformation agricole, les gouvernements doivent permettre au secteur privé de profiter des avancées technologiques en s'appuyant sur des politiques favorisant une production agricole efficiente, l'accès aux financements et aux marchés, ainsi que la formulation de politiques en faveur des populations pauvres et du développement des affaires. Il est indispensable, dans l'intérêt de l'Afrique en général, d'exploiter pleinement ce potentiel pour réduire le chômage, notamment chez les jeunes et les femmes, créer une prospérité dans les campagnes et garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle», martèle le président de la BAD. La conférence a connu la participation de plus de cinq cents invités venus des quatre coins de l'Afrique et de nombre de ministres des Finances, du Plan et de l'Economie, de ministres de l'Agriculture et du Développement rural, certains ministres de l'Industrie et du Commerce, ainsi que les gouverneurs des Banques centrales, sans oublier des chefs d'entreprise, des opérateurs du secteur privé, des universitaires, des organismes d'investissement et des organisations et experts de la société civile de tout le continent et d'autres régions du monde dans le but d'étudier des approches novatrices capables de transformer l'énorme potentiel du secteur en opportunités réelles. Nous y reviendrons.