Responsables nationaux, experts et partenaires étrangers sont associés dans un projet euro méditerranéen favorisant les investissements au service du développement économique local En prévision des élections municipales tant attendues, et du moment que le plan quinquennal 2016-2020 demeure en plein chantier, parler de la bonne gouvernance n'est plus, désormais, une question subsidiaire. Le débat y est de mise. Car l'on vise, par cela, le pouvoir local à déléguer à la région le fait d'être plutôt maître de soi et autonome de sa décision. Mais, en toute cohérence avec les choix stratégiques et les grandes orientations générales de l'Etat. Dans ce sens, un séminaire régional, étalé sur deux jours, à l'initiative de l'Agence de promotion industrielle (API), s'est ouvert, hier matin à Tunis, ayant pour thème «la gouvernance territoriale au service de l'investissement inclusif». Manifestation à laquelle ont été conviés différents partenaires étrangers qui sont associés à nos experts et responsables nationaux dans un projet euro-méditerranéen commun «Edile». Cette abréviation, en anglais, signifie «pour des investissements au service du développement économique local». Et c'est là l'ultime objectif en soi, dont six pays d'Europe et de Méditerranée s'engagent à sa concrétisation. D'après M. Wajdi Neffati, sous-directeur chargé de la coopération internationale à l'Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation (Apii), ce partenariat nord-sud impliquant la France, l'Espagne, l'Italie, le Liban, la Palestine et la Tunisie s'inscrit dans le cadre de ce projet qui vise à élaborer un guide de bonnes pratiques, permettant une évaluation multidimensionnelle de l'efficacité des projets d'investissement dans les régions. Optimisation de l'impact des investissements Ce projet de coopération, financé à hauteur de 1,7 million d'euros, à travers l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (Ievp), a une mission bien ciblée : optimisation des impacts locaux des projets d'investissement dans les régions en question. Il propose, comme le souligne sa fiche de base, «des outils d'évaluation et un label portant sur les impacts locaux des projets d'investissement, afin d'appuyer les investisseurs et les organisations chargées de l'accompagnement et de la régulation des investissements». D'autant qu'il contribue, lit-on encore, à maximiser les retombées locales positives, notamment en matière d'emploi, de sous-traitance et de respect de l'environnement. Et pour mieux faire, l'on se réfère préalablement à la mesure de ces impacts locaux, selon une approche d'évaluation à quatre vocations fondamentales : économique, sociale, écologique et communautaire. Bref, ce projet «phare voire inédit», comme le qualifie M. Samir Bechouel, fraîchement nommé à la tête de la direction générale de l'API, n'est qu'un tremplin pour l'action. Ce faisant, l'œuvre de développement local exige une bonne gouvernance territoriale. Comme l'Agenda 21 Mais, ce concept aussi bien nouveau que complexe, vu qu'il commande une manière de gestion propre à chaque région, est-il suffisamment clair dans les esprits pour qu'il soit bien établi? L'a-t-on bien compris, aujourd'hui, à sa juste valeur et ses défis? Mme Rym Hachana, maître de conférences à l'Iscae-TBS et spécialiste dans le domaine, a beau rentrer dans les détails du concept, ses fondements et ses principes. Il y a, à ce niveau, autant de définitions relevant de quatre écoles de pensée, à certaines thématiques près. Mais, il y a, grosso modo, une large convergence d'idées et d'approches dans la conception. En fait, la gouvernance territoriale s'est définie comme un processus de développement dynamique et multidimensionnel, où la participation communautaire s'érige en un axe central autour d'enjeux territorialisés. C'est aussi, relève-t-elle, «un construit social permanent » d'objectifs et d'actions. A vrai dire, penser global et agir à une échelle locale. Telle fut l'image, rappelle-t-on, de l'Agenda 21 qui faisait, autrefois, le tour de plusieurs régions du pays. L'objectif était, au début de ce millénaire, de faire de la région un pôle actif en mesure de répondre aux attentes de ses populations locales. D'ailleurs, M. Adel Hentati, ex-coordinateur en la matière, aujourd'hui expert conseiller auprès de « la Tunisia Think Tank, fondation internationale» y est revenu, indiquant que l'Agenda 21 est perçu comme un outil pour l'efficacité des investissements de développement local. Inclusion et solidarité Evoquant «développement local et gouvernance territoriale», Mme Nadia Gouta, chef de service au ministère du Développement et de la Coopération internationale, a tenu à donner un aperçu sur l'état des lieux en Tunisie. Sans rien relever de nouveau ou presque, l'intervenante vient rappeler la défaillance de l'ancien modèle de développement social et économique, relevant à ce sujet l'absence du principe de la bonne gouvernance, l'abus du pouvoir central et ses effets sur l'équilibre régional. Elle a, également, exposé les actions entreprises à l'échelle de son ministère en matière de bonne gouvernance. Sans pour autant oublier de s'arrêter sur la note d'orientation stratégique telle que conçue pour l'élaboration du prochain quinquennat 2016-2020. Un plan d'action qui se démarque, selon lui, par «une grande volonté pour concrétiser la justice et la prospérité à tous». L'objectif d'aujourd'hui est d'inverser le schéma vers davantage d'inclusion et de solidarité.