La femme rurale, tout comme son milieu, a besoin de mesures fondées sur la discrimination positive, afin qu'elle puisse aller de l'avant et contribuer au développement en tant que partenaire et non en tant qu'exploitée. A l'occasion de la célébration, mercredi dernier, de la Journée mondiale de la femme rurale, l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft) a organisé, à Ben Arous, une conférence sur la promotion de l'intégration de la femme rurale dans le développement socioéconomique. Plus qu'un thème d'actualité, il s'agit d'un défi relevé, jusqu'à nos jours, à moitié. La femme rurale continue à être reléguée au second rang, car devancée par l'homme. Pourtant, la lutte qu'elle mène pour le développement régional et celui rural plus particulièrement, est tout aussi acharnée, sinon plus prononcée. La rencontre a été animée par des femmes qui œuvrent chacune dans son domaine pour prouver le mérite des compétences féminines. Mme Narjess Hamrouni Driss, directrice du bureau de l'encadrement de la femme rurale au sein du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche a présenté un aperçu sur les actions du ministère pour la promotion de la femme rurale. Il faut dire que l'intégration effective de la femme rurale dans le développement socioéconomique ne date que des années 90. Selon les données relatives à 2012, le nombre des ouvrières agricoles s'élève à 34 mille. La gent féminine représente 11,2% des agents fixes et 38,2% des agents provisoires, ce qui traduit la fragilité du statut de la femme rurale dans le domaine agricole. Le bureau de l'encadrement de la femme rurale vient de constituer un mécanisme visant à coordonner les actions et les plans de travail établis par les différentes parties concernées afin de mettre en œuvre le plan national pour la promotion de la femme rurale. Le bureau soutient, aussi, les divers mécanismes agricoles en insistant sur l'indispensable intégration de la femme dans le développement. Il tend, en outre, à former une base de données sur le genre dans le milieu rural. Les interventions du bureau incluent et la formation et l'encadrement des femmes rurales. Un programme en faveur des familles et des femmes Parmi les acquis stratégiques fraîchement établis, figure le programme développemental pour la femme rurale. Ce programme vise, d'abord, l'amélioration de l'environnement des femmes dans le milieu rural. Aussi, mise-t-on à travers ce programme sur l'amélioration des conditions de vie tant sur le plan social qu'économique. Les femmes ont, désormais, droit à la parité tout comme à l'accès aux ressources, aux prestations ainsi qu'aux moyens favorables à la production. Pour réussir la réalisation de ces objectifs, il devient élémentaire de concrétiser le principe de la décentralisation et d'initier la population cible à la participation dans l'élaboration et dans la réalisation des projets de développement. Ce programme, instauré en 2012, s'étale sur cinq ans. Il promet d'aider entre 120 et 1200 familles à gagner en autonomie et à contribuer à l'essor de leurs régions respectives. Le milieu rural en proie à ses chaînes Mme Hamrouni Driss n'a pas manqué, au cours de son intervention, de souligner les obstacles qui entravent la réalisation de ce programme et empêchent la femme rurale d'aller de l'avant. Le milieu rural, et malgré les efforts fournis pour concrétiser le principe de l'égalité des chances entre la population urbaine et celle rurale, souffre encore de grandes lacunes : une infrastructure défaillante, un non-accès aux prestations sanitaires, l'analphabétisme, la déscolarisation précoce des filles, l'insatisfaisante production animale, autant d'obstacles auxquels se heurte la population rurale. D'autant plus que l'inaccessibilité des femmes rurales aux ressources forestières, le manque d'information et d'orientation, le problème de financement et de commercialisation de la production rurale contrecarrent le développement rural. S'ajoutent à ces obstacles d'autres qui entravent l'intégration de la femme dans le développement. L'image de la femme rurale reste marquée par des stéréotypes dégradants. La promotion de son rôle dans le développement ne semble pas motiver les responsables régionaux. Aucun budget et aucun programme spécifiques n'ont été consacrés à cet effet au niveau des délégations. De son côté, Mme Rania Ben Romdhane, ingénieure, a parlé du rôle de l'Office de l'élevage et des pâturages dans la réalisation des projets agricoles à caractère social. Parmi les projets cités, elle a évoqué le projet tuniso-italien pour la promotion de l'élevage de lapin qui a eu lieu de 2001 à 2009. Ce projet avait permis d'améliorer la situation socioéconomique de quelque 250 familles de promouvoir, par conséquent, le rôle de la femme dans la dynamisation de ce créneau de production.