Par Abdelhamid GMATI Le prix « pionniers de la construction de la paix » de l'international Crisis Group a été remis au président de la République, Béji Caïd Essebsi, et à Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha. Une autre consécration internationale pour la Tunisie après le prix Nobel de la paix, décerné au Quartette, initiateur du Dialogue national. On se plaît à penser que ces prix reviennent aussi aux autres partis et à la société civile qui ont fortement contribué à instaurer ce climat de paix par le dialogue et la recherche du consensus. Il ne faut cependant pas se leurrer et être conscient que ce climat est fragile et ne plait pas à tout le monde. Et d'abord à certains dont les formations ont été distinguées. Ainsi et à propos de l'arrestation de l'imam fortement contesté et démis de ses fonctions pour ses propos takfiristes, Ridha Jaouadi, l'un des dirigeants du mouvement Ennahdha, Ajmi Lourimi, estime que « son parti désapprouve l'arrestation de l'imam en question ». Soulignons que le procureur général de Sfax a émis un mandat de dépôt à l'encontre de Ridha Jaouadi et de 4 autres personnes, dans le cadre d'une affaire de corruption et de mauvaise gestion de l'Association Lakhmi pour le développement, dont l'imam est le fondateur et président. Depuis quand un parti, membre de la coalition gouvernementale, s'immisce dans une affaire de justice ? Et a-t-on entendu un responsable d'Ennahdha prendre position lorsque des amis dudit imam ont empêché les fidèles de faire leur prière dans la mosquée Lakhmi, deux vendredis de suite ? Mieux, ledit responsable nahdhaoui menace que si l'imam reste incarcéré, il y aurait une montée de tension dans la ville de Sfax et un peu partout dans le pays. Ce qui mène certains observateurs à conclure que les troubles et les affrontements devant la mosquée ces deux derniers vendredis ont été encouragés voire fomentés par le mouvement islamiste. Est-ce ainsi que l'on mérite une distinction internationale pour la paix ? Le chef du gouvernement, Habib Essid, a accusé, sans les nommer, des partis politiques de vouloir brouiller et torpiller les rapports entre la Tunisie et l'Algérie. « Ce sur quoi je veux insister est que certaines parties pêchent dans des eaux troubles. Ces parties s'accommodent mal de l'harmonie entre nos deux pays. Rien ne peut, cependant, altérer nos relations car elles sont solides ». Les semeurs de troubles œuvrent à tout vent et usent de toutes les méthodes, souvent en usant de mots orduriers. Le président de Tayyar Al Mahabba, Hechmi Hamdi, fait dans le populisme et attaquant le gouvernement, fait des propositions et des propositions utopiques. Pour résoudre le problème du chômage, il suffit, d'après lui, de morceler les heures de travail et faire travailler tout le monde à raison de deux heures par jour. Un emploi est, en principe, synonyme de création de richesse. Quelle richesse, quelle production, quelle productivité escompte-t-il en partageant le même emploi ? Désavoué par l'économiste Moez Joudi, il n'a rien trouvé de plus convainquant que de l'insulter le traitant de tous les noms : « Menteur, vil, ignorant...». L'expert lui a emboîté le pas le qualifiant de « populiste qui cherche à induire le peule en erreur et de quelqu'un qui ne connaît rien à l'économie ». Un autre « politique » se distingue depuis quelque temps, participant à diverses émissions radiophoniques et télévisuelles. Et là où il passe, Safi Saïd laisse son empreinte et démontrant son incapacité à dialoguer et à convaincre. A chaque fois qu'on le contredit, il perd son sang-froid et se réfugie dans l'insulte. On apprend ainsi qu'après sa récente participation à une émission, Cap FM a décidé de le poursuivre en justice pour avoir usé de gros mots et d'insultes. La victime, le journaliste Mohamed Yassine Hassan, témoigne : «Pour ma part, je lui pardonne, même s'il a touché l'être qui m'est le plus cher, ma mère. N'empêche, je profite de l'occasion pour rendre hommage à toutes les mères dont celle de Safi Saïd, si elle est en vie, et si elle est décédée, paix à son âme. Pour le reste, les fonctionnaires de Cap FM ont été profondément touchés par les propos de Safi Saïd et il est du droit de l'administration de le poursuivre en justice». Depuis la Révolution, ces nouvelles pratiques ont été adoptées par la nouvelle « élite » politique. Les exemples sont profusion. Il faut croire que certains ne peuvent s'imposer que par le « clash » et la recherche du « buzz ». D'aucuns y voient la volonté de ces élites ont de «faire peuple». Insulter quelqu'un serait donc la preuve irréfutable d'une «sincérité» émotionnelle rompant avec toute forme de calcul. Ils pensent, en étant grossiers et insultants, s'attirer l'attention voire les faveurs du plus grand nombre. Le peuple est-il assimilé à la vulgarité ?