La 31e édition du Festival de Bourkornine accueillait, lundi dernier, la fine fleur des finalistes de Fen wa mawaheb (art et dons), les futures vedettes de demain appelées à assurer la relève de la chanson dans les contrées maghrébines. Retransmise en direct sur TV7, la cérémonie, à laquelle assistaient notamment le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, a, en quelque sorte, perpétué un rituel exclusif en usage à Hammam-Lif, dont elle jouit depuis la création du festival. Il aura fallu l'aide des pouvoirs publics, notamment le soutien du ministère de tutelle, pour que cette sympathique manifestation ne disparût, engloutie par cette déferlante vague de festivals qui l'ont précédée, puis succédée dans le temps. En se positionnant tout à fait en fin de saison estivale, elle bénéficie d'un créneau moins encombré, étant donné que les autres festivals se marchent sur les pieds dans une concurrence pas toujours facile à gérer. Un souffle toujours d'aplomb Chemin oblige vers la consécration, ils étaient six candidats à se relayer sur la scène du théâtre de plein air, avec l'espoir de remporter le trophée, dans un esprit de compétition amicale. L'orchestre de l'Ertt, composé d'une trentaine d'instrumentistes et mené par Riadh Somaï, a joué, dès l'entrée, un morceau de Ali Riahi Zahr el banafsij, donnant ainsi le ton à ce que sera le niveau de la soirée. Les six candidats avaient, à une exception près, une qualité de voix presqu'identique en intensité, en timbre, en volume et en variations mélodiques. Du point de vue de la tessiture des voix, les registres des jeunes artistes appartiennent au quatuor vocal connu. Les modulations et les inflexions de leurs voix sont presque déterminées par la qualité du texte interprété. En somme, les interprètes étaient d'un niveau presqu'égal. Il n'y avait que le feeling lié au chant qui a fait la différence. C'est le Tunisien Oussama Guellala qui a ouvert le bal avec Ya Bou Saïd de Ali Riahi. Tout juste moyen. L'Algérienne Yamina Ben Amara devait lui succéder avec Jinakom ziyar. Une voix rauque et puissante qui n'a pas agi sur le public. Le Marocain Sofiane Rabbane a fait légèrement mieux en réveillant de sa léthargie des gradins pris de somnolence. Quant au Libyen Khaled Mohamed Zarrouk, il a apporté une bouffée d'oxygène et d'air frais, embaumant ainsi et par à-coups un public galvanisé par le tempérament et la fougue juvéniles d'un artiste qui, assurément, croit en ses possibilités. Nahla Chaâbani, une autre tunisienne, belle, coquine et espiègle, a apporté une touche de gaieté à la fête en interprétant Ellil, ah y a lil de Naâma. Ses prouesses vocales, hélas, étaient en-deçà de sa présence et de son dynamisme. Kamel Razzouk d'Algérie, très élégant dans un burnous blanc-neige, a gagné les faveurs du public qui a salué son entrée par l'inusable One, two, three viva l'Algérie. La Marocaine Racha Bouchareb, la sixième et dernière candidate, a interprété une magnifique chanson de la grande dame de la chanson marocaine des années 50, Bahija Idriss, Ayli hiyahi. Elle a été incapable de mettre en valeur l'intensité de l'émotion et la beauté du texte à faire frémir les âmes les plus endurcies. L'on peut dire qu'elle est passée à côté. Vint ensuite le tour de la guest star de la soirée, la belle Najet Attia, fort acclamée par un public qui lui a réservé un triomphe. C'était le moment choisi par les membres du jury, au nombre de huit (un Libyen, un Algérien, un Marocain, un Mauritanien et quatre tunisiens) pour se retirer. De longues et interminables palabres autour du Boukornine d'or. Les avis étaient diamétralement opposés, et c'est avec beaucoup de concessions faites de part et d'autre qu'on est parvenu à un consensus. Le palmarès Boukornine d'or : Khaled Mohamed Zarrouk (Libye) Boukornine d'argent: Kamel Razzouk (Algérie) Boukornine de bronze : Ex æquo Sofiane Rabbane (Maroc) et Oussama Guellala (Tunisie)