Théoriquement, Ennahdha peut prétendre à la présidence des commissions les plus importantes au sein de l'ARP. Mais selon Samir Dilou, son parti continuera à se comporter « comme le deuxième parti » Le 4 novembre, les députés frondeurs ont menacé de démissionner du bloc parlementaire de Nida Tounès et voilà qu'hier, ils ont franchi le pas officiellement en déposant leur démission collective au bureau d'ordre de l'Assemblée. Selon les dispositions du règlement intérieur, cette démission ne pourra être effective que dans 5 jours. Un délai qui sera peut-être très court pour espérer enterrer la hache de guerre entre les partisans de Mohsen Marzouk et ceux de Hafedh Caïd Essebsi. Hier, les députés démissionnaires ont posé un nouvel ultimatum à peine voilé, si rien ne se passe d'ici cinq jours, ils démissionneront de Nida Tounès, pour, peut-être, constituer un nouveau bloc parlementaire. La décision a été prise dimanche à l'issue d'une réunion au parlement, et 31 députés ont apposé leurs signatures sur le texte du communiqué rendant publique leur démission. Selon le député Hassouna Nasfi, il n'y a eu aucun désistement dans le groupe des frondeurs. Dimanche, le président de l'ARP et président par intérim de Nida Tounès a tenté de jouer au pompier, en proposant au groupe des 31 une solution à l'amiable. Ceux-ci ont refusé, jugeant, selon le député Mohamed Ennaceur Jbira, que la proposition reprend en tout point la volonté du comité constitutif qu'ils jugent illégitime. « Nous refusons qu'un petit groupe de huit personnes nous dicte ses volontés », a déclaré Hassouna Nasfi Les députés démissionnaires ont également tenu à réaffirmer leur soutien au chef de l'Etat, bien que celui-ci semble de jour en jour prendre ses distances avec eux. Les 31 soutiennent également le gouvernement et ne compte pas « jouer les trouble-fêtes » à l'intérieur de l'hémicycle. De son côté, le député nahdhaoui Samir Dilou a déclaré à La Presse que son parti ne comptait pas profiter de la crise de Nida Tounès, malgré le fait qu'une fois les démissions officialisées, Ennahdha devient le parti disposant du plus grand nombre de sièges à l'Assemblée. Une position qui lui permet théoriquement de prétendre à la présidence des commissions les plus importantes au sein de l'ARP. Mais selon Samir Dilou, Ennahdha continuera à se comporter « comme le deuxième parti ». « D'un point de vue politique et éthique, nous ne reconnaîtrons que la légitimité électorale, dit-il. Et dans ces élections, c'est Nida Tounès qui a gagné. Les 31 vont devoir trouver leur voie : démissionner définitivement du parti et constituer un bloc, ou choisir le retour aux sources. Selon l'article 34 du règlement intérieur en tout cas, aucun parti n'a le droit de disposer de deux blocs parlementaires à l'intérieur de l'hémicycle.