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Chokri El Ouaer : «Les critères sont cycliques»
Coupe de la confédération — Finale aller — Orlando Pirates-ESS 1-1
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 11 - 2015

«Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années». Dixit Corneille.
Traiter le sujet d'un changement radical de génération au sein de la sélection n'est pas chose aisée. C'est pour cela que seuls des ex-internationaux, sélectionneurs ou responsables fédéraux peuvent vraiment nous apporter un éclairage concis sur la question. Chokri El Ouaer, l'un des plus capés et des plus brillants de sa génération, nous donne quelques éléments de réponse sans pour autant mettre la charrue avant les bœufs : «Ne pas se tromper de cibles (joueurs à promouvoir en sélection), lancer des jeunes pousses via un bon timing et donc minimiser les risques d'erreurs exigent des personnes compétentes et responsables. En clair, les joueurs doivent jouer, les entraîneurs entraîner et les dirigeants diriger. Car lancer des jeunes dans le grand bain demande une préparation préalable. Aujourd'hui, dans un contexte footbalistique marqué par la prééminence de problèmes fiscaux et juridiques, la formation, la préformation, la base et la programmation sur le long terme de l'agenda de l'élite passent au second plan. Bref, on travaille dans l'urgence, selon les échéances. Pourquoi mettons-nous plus de temps pour former une ossature, une génération brillante de sélectionnés? Comment se fait-il que l'on peine à assurer la relève des cadres et vétérans de l'équipe A dont certains n'ont plus le niveau mais jouent tout de même? Le chantier semble si gigantesque, les enjeux si multiples, que l'on se demande quel chemin prendre pour corriger tout cela. Car il ne s'agit pas seulement de remédier aux lacunes du football d'élite, pourvoyeur de l'équipe nationale, ni de limiter la chute spectaculaire de notre équipe fanion (notre sélection A via une chute libre au classement Fifa). Mais de soigner les maux à la racine. Professionnels, amateurs, formation, éducation, compétitions, jeu, arbitrage aussi, tout doit être révisé et remis à niveau. Remettre en selle une discipline forcément tourmentée par les torrents d'argent qu'elle génère et qui n'arrive plus à progresser, à décoller. Le risque est même plus grand. Puisqu'il s'agit de ne pas laisser aux dirigeants administrer seuls la gestion du football, en écartant les "familles" (entraîneurs, arbitres, éducateurs, joueurs). Ce serait une erreur que d'écarter les gens du terrain. En 1982, les pouvoirs publics français, au plus haut sommet de l'Etat, ont décidé une refonte de la base du football avec, pour objectif, de doter 20 ans après les Tricolores d'une équipe qui pourrait trôner sur le toit du monde. Une sorte de "Task Force" a été mise sur pied au prix d'un travail de longue haleine où tout le monde a été consulté et appelé à apporter son concours, sans empiéter sur les plates-bandes de l'ordre. Pour revenir à nos Aigles de Carthage, il sont aussi victimes du monde soi-disant professionnel de notre football. Il ne faut pas que le football professionnel récupère "la gestion de fait" de l'équipe de Tunisie. C'est le football dit amateur qui forme les champions de demain, de façon graduelle, sans brûler les étapes. Les exemples foisonnent des meilleurs éléments de la sélection qui ont fait leurs classes dans des clubs dits formateurs (Fakhredinne Ben Youssef, Radhi Jaïdi, Mourad Melki, Tarak Dhiab, Hedi Bayari, Badra, Zouheir Dhaouadi, Chermiti, Chikhaoui...). C'est dire que pour que notre sélection retrouve des couleurs et un niveau de mondialiste (trois participations successives au Mondiaux de 98, 2002 et 2006), notre football doit faire, lui aussi, sa révolution. L'ensemble de notre sport-roi mériterait une telle réflexion. Victimes volontaires de l'urgence et du spectaculaire, nos responsables ont préféré mettre en lumière le verre à moitié plein sans plancher sur le verre à moitié vide, ou aux trois quarts vide. Le travail de refonte ne doit pas être bâclé. Modernisation des structures du football sans rafistolage, volonté politique et réforme selon nos propres spécificités, l'enjeu est bien trop large pour déboucher en quelques jours sur des bases concrètes. On attend l'émergence de nouvelles idées, celles qui cadrent avec nos valeurs sportives et nos objectifs à moyen et long termes. Cela dit, je ne me fais pas d'illusion vu le contexte géopolitique actuel. Il n'y a pas, à proprement dit, de stratégie globale pour hisser le football tunisien au sommet continental. Les propositions risquent de patienter quelques mois sur la touche... Idem pour le rôle social et citoyen du footballeur d'élite pas toujours irréprochable. Le comportement de nos vedettes doit être au centre des discussions (rappelons-nous le comportement de certains à l'époque d'une CAN 2013 où un certain Sami Trabelsi fut dépassée par l'indiscipline...). Bref, pour reconstruire la vitrine du football tunisien, il faut que le football fasse à nouveau rêver. Pour cela, il faut mettre en place des comités de pilotage qui réunissent régulièrement les connaisseurs du football. Des groupes de travail doivent être formés (séminaires, ateliers) pour converger à terme sur la réforme de notre football d'élite. C'est une marche indispensable sur le chemin d'une réforme profonde. Volet formation au sein des antichambres de l'équipe A, il faut revoir les préceptes de la formation et la post-formation. Car la formation "à la Tunisienne" n'est pas loin de connaître ses derniers instants. Des pontes ont quitté le navire, lassés de tant d'incohérence de la part des ronds de cuirs. Le moment est venu pour remettre en question ce grand dossier, indispensable à la survie des clubs, et par conséquent de l'équipe de Tunisie. Il s'agit ici de reprendre en main le côté basique du football et remettre au premier plan le travail technique. Car la tendance est au football technique. Celui qui gagne est fait de passes et suppose une qualité technique irréprochable pour faire courir le ballon. Trop longtemps, la formation tunisienne a favorisé les gabarits au détriment de la qualité technique». Et à celui qui a été sacré l'un des meilleurs gardiens du Mondial 98 d'enchaîner sur le vivier de la sélection : «Au carrefour des générations, les jeunes sont bien évidemment le vivier de demain, les talents du futur, même si certains passent au travers. Je constate que la Tunisie perd son patrimoine sur la formation. Elle compose sa sélection en se basant sur six équipes. Résultats, et à titre d'exemple, on ne forme que des individualités qui veulent avant tout réussir socialement. Je préconise aussi en équipe A d'insister sur l'état d'esprit et l'éducation. Des projets éducatifs doivent voir le jour en parallèle (rôle de la DTN). Il est urgent de développer un état d'esprit et des intelligences de comportement (manque de valeurs des joueurs). Quand on est sélectionné, on doit disposer de certains critères comme les notions collectives, notions de groupe et de solidarité qui doivent être au centre des préoccupations du sélectionneur. C'est un travail qui doit prendre corps dès les premiers pas en sélection olympique, U23 et junior. Que de fiascos et de controverses sont venus mettre en lumière les incohérences de l'équipe nationale. Ce n'est pas forcément un problème de génération obsolète, dépassée, vieillissante et usée. Car, qu'on le veuille ou non, porter le maillot national est un honneur. L'international est avant tout un ambassadeur de son pays. Quand ils partent à l'étranger ou viennent en Tunisie (pour les expatriés internationaux tels que Khazri, Msakni, Syam Ben Youssef, Ferjani Sassi et Chikhaoui), les joueurs ne doivent pas rester trois jours dans un hôtel de luxe. Je pense que ce n'est pas trop leur demander d'aller passer deux heures dans un hôpital ou un centre culturel, pour des actions humanitaires ou caritatives. C'est un peu démagogique mais loin d'être faux. Le rôle social du football, l'exemple doit forcément venir d'en haut et de l'équipe nationale. Bref, ne nous égarons pas cependant et revenons à nos moutons. Il n'y a pas d'âge en football. C'est juste cyclique. J'ai personnellement joué en sélection jusqu'à 36 ans. Le cas d'un certain Tarak Thabet est tout aussi édifiant. On a du mal à trouver un latéral droit de son envergure, de son calibre chez les jeunes. Je dirais que primo, il y a des postes sensibles qui demandent des joueurs d'expérience. Et de l'autre, une certaine manie propre à notre football qui fait que la récupération en football passe avant la création. Ce n'est pas une question de pivots ou de meneurs de jeu, puisque des milieu soi-disant défensifs à l'instar de Pirlo et Khedhira posent souvent le jeu». Enfin, notre gardien légendaire reste tout de même optimiste sur l'avenir de la sélection mais pas sur le court terme : « Quand je vois la palette de jeu d'un certain Sâad Bguir, je suis rassuré, mais j'espère qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé et que d'autres lui emboîteront le pas. Il faut forcément promouvoir ce type de footballeur et ne pas tergiverser. Le talent en football n'attend pas le nombre des années».

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