Le CSS et l'EST qui prennent le large, les «affaires», accusations et suspicions qui n'en finissent jamais : la première partie de la saison a été marquée par ces deux faits majeurs. La première longue trêve arrive pour permettre à la sélection olympique de participer à la coupe d'Afrique des nations U23. L'occasion pour les premiers de la classe de souffler, et pour les bonnets d'âne de revoir leur copie. Le bilan de cette première partie du championnat n'est pas à proprement parler très flatteur quand on se rappelle les polémiques provoquées par les bourdes arbitrales et le climat de rupture entre le champion sortant et les instances. L'arbitrage au box des accusés La dernière journée avant la «trêve olympique» a ajouté un peu plus à ce malaise. Le remède consistant à convoquer un arbitre devant la commission de suivi relevant de la Direction nationale d'arbitrage pour aussitôt le condamner au régime du «réfrigérateur» pour une période déterminée ne convainc plus le Club Africain, qui se considère volé à Gafsa après l'avoir été à Zarzis. Et dont le bureau directeur subit la pression de sa base qui l'appelle à boycotter le reste du championnat. Bien entendu, pareille décision serait grave et ne résoudrait pas le problème. Le boycott des assises de l'assemblée générale extraordinaire de la Fédération, le 6 novembre, a déjà servi de message fort afin que les instances arrêtent l'hémorragie arbitrale et les dérives dénoncées par le président de l'Union Sportive de Sbeïtla, Karim El Hani, dont la voix s'est soudain tue. On peut croire que la justice civile s'est saisie d'un dossier aussi sensible pour la survie d'un football «clean». Football frelaté ou pas, en tout cas, toutes les suspicions ne seraient jamais vaincues sans une faculté d'écoute, de dialogue et de compréhension. Toutes qualités inscrites aux abonnés absents dans le conflit ouvert entre la fédération nationale et le comité olympique tunisien autour du thème du droit de survie du Comité national d'arbitrage sportif. Ce qui est malheureux et quasiment obscène dans cette atmosphère délétère, c'est que le football est relégué au second plan et que les sportifs sont de plus en plus dégoûtés par leur jeu qu'on leur confisque à coups de grandiloquents discours lénifiants et d'affaires juridico-sportives dont ils n'ont strictement rien à faire. D'où la désaffection de plus en plus prononcée du public pour le foot et les rencontres du championnat. Cela se répercute inévitablement au niveau de la sélection qui évolue désormais dans un stade de Radès sonnant le creux. Dans ce contexte déprimant, et en attendant que le jeu puisse retrouver un jour ses droits, une victoire finale de l'Etoile Sportive du Sahel en coupe de la Confédération nous réconcilierait avec le jeu et donnerait du courage à la famille du foot, prise en otage entre les tenailles des affaires les plus scabreuses. CSS-EST et le vide Au premier quart du championnat, il y a un net retard à l'allumage pour quelques grosses cylindrées décrochées par le tandem CSS-EST qui s'est montré d'une régularité de métronome. Manifestement, la cure apportée par Chihab Ellili et Ammar Souayah agit comme un bain de jouvence. Comme un remède revitalisant. Pour ces deux clubs, c'est vraiment la saison ou jamais ! Si on exclut l'ESS, troisième qui comptabilise deux matches en retard, et l'OSB, quatrième qui en compte un, Zarzis et La Marsa, qui partagent le 4e rang avec Sidi Bouzid, comptent jusqu'à dix points de retard sur le leader sfaxien. Alors que le duo majeur de cette première partie de saison, le CSS et l'EST, compte sept victoires, les poursuivants n'ont pas remporté plus de quatre victoires. C'est dire qu'un petit creux s'est vite formé dont la première victime n'est autre que le champion sortant qui se traîne à la 11e place avec 8 longueurs (et un match en moins, toutefois). En bas de tableau, hormis El Gaouafel Gafsa, nettement largué avec ses deux misérables points, un inattendu groupe de mal classés s'est formé par un curieux concours de circonstances: Stade Tunisien 5 points, Jeunesse Kairouanaise 6 pts, et Club Africain (un match en moins), Club Athlétique Bizertin et Avenir de Kasserine 8 pts. Le spectacle sacrifié sur l'autel du résultat La qualité du jeu aura été jusque-là très moyenne, aucun match n'accrochant les puristes par son contenu et le spectacle offert. Les nombreuses trêves observées pour céder la place à l'équipe de Tunisie (A, du Chan, olympique...) y sont à coup sûr pour quelque chose, mais il y a également la dictature du résultat, la religion de la victoire à tout prix qui ajoute à la dégradation du jeu produit. Sans oublier les pelouses médiocres qui empêchent l'expression d'un football décent. Les puristes attendent toujours un match-référence qu'ils citeront comme l'exemple à suivre. Un record de remaniements techniques Une bonne dizaine de clubs de Ligue 1 ont au moins une fois changé d'entraîneur en seulement huit journées. C'est un véritable record qui en dit long sur l'instabilité des structures techniques et le gros sentiment d'insatisfaction qui habite les dirigeants. Lesquels se rabattent sur cette solution de facilité qui ne leur coûte aucun effort d'autocritique ou de réflexion sur une quelconque erreur de parcours commise. Cela leur permet d'éluder habilement un mercato construit n'importe comment, l'absence de projet sportif et très souvent l'impatience des joueurs qui ne reçoivent plus leurs salaires à temps. Un air de déjà-vu !