Les bonnes choses arrivent à l'Espérance. Les acteurs aussi... Tout semble évoluer à la vitesse du vent du côté de l'Espérance. Sept victoires consécutives et une régularité à toute épreuve dans le rendement. Dans la manière de jouer et surtout à travers les grands efforts destinés à abattre la forteresse de la passivité et de la nonchalance. Certains joueurs, notamment les nouvelles recrues, découvrent dans chaque match, dans chaque épreuve, leur nature profonde. D'ailleurs, on ne manque pas ici et là de sentir qu'ils sont formatés pour aller au-delà de ce qui leur est donné. Les bonnes choses arrivent certainement à l'EST. Les acteurs aussi. Au fait, ce qu'il y a de beau dans cette équipe, c'est qu'elle va, une fois réhabilitée à sa juste place, au-delà de ce qu'on peut imaginer. La nature et le mode de la compétitivité qu'elle ne cesse de laisser entrevoir en sont la parfaite illustration. On se rend compte aujourd'hui que la plupart des joueurs ont gagné du temps. Ils ne l'ignorent pas. Ils sont d'ailleurs convaincus que les déboires d'un temps, qu'on espère aujourd'hui révolus, les ont rendus encore plus forts. Face à tous les ennuis de la saison dernière, les joueurs s'étaient promis de revenir tout en haut. Ils étaient décidés à ne pas «disparaître» par la petite porte. Ils y ont cru à fond. D'ailleurs, à aucun moment, ils ne s'imaginaient en train d'échouer. Ils étaient plus que jamais convaincus que leur passage à vide ne pouvait être que momentané. D'une épreuve à l'autre, l'équipe est parvenue doucement, mais sûrement, à se ressaisir, à positiver son jeu et surtout à se libérer. Les moments difficiles par lesquels elle est passée lui ont donné l'envie de se surpasser. Il paraît qu'à un stade de la compétition, au moment de «la crise des démons», certaines équipes se renouvellent et se régénèrent. Un ensemble en ordre de marche, qui vit aujourd'hui autant d'espoirs que d'assurance. C'est le genre de parcours qui a toutes les chances de laisser des souvenirs pour quelques années et qui donne l'envie réelle d'aller encore plus loin, de viser plus haut. Une autre musique a commencé à être jouée. Ils savent aussi qu'il ne suffit pas d'être bon dans un match particulier, dans une phase et dans un enchaînement de jeu, mais qu'il faut l'être également dans les différentes épreuves et contraintes auxquelles l'équipe peut être confrontée. Une sorte de mécanique toujours en mouvement. Une mécanique de précision, où tous les gestes doivent fonctionner parfaitement en même temps. Ce n'est pas une découverte, c'est une confirmation qui écarte tous les doutes. Les jeunes et les nouvelles recrues s'inspirent des cadres et semblent suivre la voie de leurs aînés. L'espoir est plus que jamais consolidé, de vraies valeurs consacrées et de nouvelles structures instaurées. Lorsque le talent se double d'efficacité, la palette devient plus large et l'équipe devient capable de dérouler un football multiforme et à géométrie variable. Le modèle de jeu développé aujourd'hui réussit à accréditer l'idée selon laquelle les joueurs et les choix tactiques sont interchangeables, remplaçables sans que le rendement général ne soit affecté. La base, c'est l'équipe Il faut dire que l'avènement de Ammar Souayah représente une étape captivante dans le parcours et l'évolution de l'équipe. Le nouvel entraîneur «sang et or » a impulsé une nouvelle dynamique faite surtout d'idées et de développement de tout un projet de jeu à court et à long terme. Il faut dire qu'il a une volonté débordante tournée vers le redressement de l'équipe et la défense de ses valeurs. Tout cela lui interdit cependant de passer l'éponge sur tout ce qui a été entrepris et acquis dans le passé. Ce qu'il n'est pas, et ne le sera certainement jamais, près de faire. Quand on joue dans une équipe comme l'Espérance, c'est quasiment l'assurance d'enrichir son palmarès. Le cas de Saâd Bguir est très significatif. En quelques matches, il a gagné des années de vécu. Une place en équipe nationale et un statut de joueur apte à tout faire sur le terrain. La nouvelle révélation espérantiste doit cependant savoir que ni lui ni les autres recrues ne vont grandir dans la facilité et la félicité. Le secret de leur talent se situe, certes, dans l'inné, mais ce qu'ils peuvent apprendre là où ils sont actuellement est de nature à leur permettre de dégager autant de force que de talent. D'un match à l'autre, l'Espérance donne l'impression de pouvoir dégager une tout autre tonalité dans le jeu et dans l'enjeu. A ce stade, ce n'est pas seulement un autre football. C'est aussi un autre monde dans lequel l'équipe resserre ses rangs et ne met plus de la distance entre ses ambitions, ses dispositions et ses aptitudes. Toutefois, il y a encore davantage de chemin à accomplir. Gagner est dur, s'arrêter sur une victoire l'est encore plus...