«Laisser aux nouvelles technologies le temps de faire émerger leurs codes et leur langage». Dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage, La Presse de Tunisie, partenaire de la manifestation, a organisé l'un des quatre déjeuners-débats de presse prévus dans le programme. Dimanche dernier en présence de réalisateurs, de producteurs, de critiques de cinéma et de journalistes culturels, le débat a été lancé sur le thème : «Ecritures cinématographiques et nouvelles technologies». Modérateur de la rencontre, le directeur de l'Ecole supérieure de l'audiovisuel et du cinéma, Hamadi Bouabid, à posé quelques repères de réflexion. «Les nouvelles technologies ont changé notre perception classique de l'espace et du temps», a-t-il affirmé. Et d'ajouter : «Mais ce ne sont que des dispositifs. Le plus important, c'est le produit de l'esprit»». Afin d'enrichir le débat, le micro a circulé parmi les participants dont le producteur Hassen Daldoul, l'universitaire Henda Haouala Hamzaoui et les critiques de cinéma Ahmed Boughaba du Maroc, Djia Mambu du Congo, Baba Diop du Sénégal et Olivier Barlet de France. La diversité des opinions a alimenté cette discussion sur le cinéma et les nouvelles technologies. Leurs rapports sont-ils complémentaires ou conflictuels? La réponse est en cours d'élaboration, pense Baba Diop qui veut laisser aux nouvelles technologies le temps de faire émerger leurs codes et leur langage. Henda Haouala a, quant à elle, parlé de formes d'expression cinématographique engendrées par les nouvelles technologies et qui font florès dans les écoles de cinéma. Des formes comme le transmédia, qui permettent entre autres l'interactivité avec le spectateur et changent donc son rapport avec l'œuvre et l'écran. Réticent à l'égard de ces nouvelles formes, Hassan Daldoul les considère comme évanescentes, très vite remplacées par d'autres plus performantes alors qu'elles sont plus compliquées et s'érigent parfois entre l'artiste et son objet de création. «Chaque génération s'adapte à l'avancée technologique de son temps», tempère-t-il. Quant à l'impact des nouvelles technologies sur la fabrication des images, la plupart des intervenants ont attiré l'attention sur le flux et la rapidité de création et de consommation de ces images, chose qui peut s'avérer dangereuse si l'artiste ne sait pas où aller et quoi transmettre avec ces nouveaux outils qui s'offrent à lui. De quoi stimuler un autre débat, dans d'autres lieux peut-être!