L'action nécessite la mobilisation des jeunes générations La fête de l'arbre n'est plus entourée de l'intérêt qu'elle avait auparavant. Tout au plus se contente-t-on de célébrer l'événement comme on le ferait pour une opération routinière. Pourtant, il s'agit d'une étape à ne pas négliger dans l'action de développement dans son sens le plus large. En effet, le travail qui est demandé, aujourd'hui, est simple: redonner à cet événement la dimension qui lui revient de droit. Car le préjudice est énorme. Le couvert végétal subit des agressions de plus en plus nombreuses et est exposé beaucoup plus qu'avant à tous les dangers. Les incendies, à titre d'exemple, sont devenus plus fréquents qu'auparavant. Et, plus grave encore, nos forêts sont devenues le repaire de malfaiteurs et de bandits qui complotent contre le pays. La vocation touristique et de loisir qui les caractérisait jadis n'a plus droit de cité. Les parcs naturels, les zones forestières et autres sites ne sont plus praticables comme on le souhaiterait. Cela pose une grande question : que devons-nous faire pour restaurer la vocation de notre milieu naturel et pour libérer nos forêts des obstacles et freins qui les enchaînent et les rendent quasiment interdites aux Tunisiens. Les saisons de chasse ne se déroulent plus dans le cadre idoine qui prévalait dans le temps. Un désintérêt complet semble caractériser la situation. Devant cet état alarmant, les mesures à prendre pour apporter les solutions pratiques ne sont pas hors de portée. Comme d'habitude, il est nécessaire d'associer les organisations de la société civile en plus des efforts de l'Etat. L'institution éducative, elle, a toujours joué un rôle de premier plan et notamment à travers les enfants des écoles. Cette année, justement, on a confié pas moins de 500.000 plants à leurs soins. Seulement ces actions ne doivent pas se limiter dans le temps. C'est un travail qui devrait s'étaler sur toute l'année. Les clubs de l'environnement qui se trouvent dans les établissements scolaires ont une part importante à remplir dans cette entreprise pour peu qu'il y ait cette volonté. Les idées intéressantes existent. Il faut les concrétiser. Dans chaque institution, on pourrait procéder à des opérations de parrainage. Dans les écoles ou en dehors, le boisement doit être continu. 830.737 ha de forêts Il est nécessaire de sensibiliser les élèves au suivi des plants pour parvenir à un meilleur taux de réussite. Ce dernier se situe, actuellement, entre 53 et 83%. Dans les villes, pourtant, il devrait être plus élevé. Mais ce n'est pas toujours le cas. Le nombre de volontaires pour animer les clubs de l'environnement devrait, également, augmenter pour attirer le plus de «fans» de la nature. On sait que les pépinières (au nombre de 102 environ) sont toujours disposées à fournir, à ceux qui le demandent, les plants nécessaires. D'ailleurs, elles produisent entre 30 et 50 millions de plants. Même les simples citoyens peuvent avoir recours aux services de ces pépinières. L'état actuel de nos forêts exige un sursaut réel. Il faut être plus conscient de la nécessité de contribuer à une entreprise de reboisement plus poussée. Le domaine boisé de l'Etat couvre une superficie d'environ 830.737 ha de différentes espèces (selon les zones). La richesse de notre pays en dépend. Les arbres participent d'une manière directe et indirecte à l'économie du pays. L'industrie du bois ou du papier en profite. En pharmacopée aussi avec les huiles essentielles extraites de certaines végétations. Cela sans parler des fruits que ces arbres produisent en grandes quantités. Quant aux loisirs et au tourisme, c'est une autre paire de manches. Les conditions de sécurité en ont, largement, diminué les activités. S'occuper de reboiser la Tunisie revient à lui faire mériter son nom de «Tunisie la verte». Une stratégie réactualisée est souhaitée. Car depuis l'instauration de la fête de l'arbre par la loi n° 289 du 3 novembre 1958, beaucoup de chemin a été fait. Toutefois, on constate un certain ralentissement au cours de ces dernières années. Or, l'Agenda 21 national s'attache bien à redimensionner l'action en faveur de l'environnement et du milieu naturel. En effet, ne définit-il pas le développement durable comme étant «un processus global de changement dans lequel l'économie contribue à l'amélioration du bien-être humain des générations actuelles sans compromettre ou hypothéquer la possibilité pour les générations futures de s'assurer un bien-être au moins semblable au nôtre»? Où en est-on, aujourd'hui, de ce vaste programme? Bien loin, pourrait-on répondre. En tout cas, il est temps de se raviser et d'intensifier les efforts pour impliquer toutes les parties dans la reconstruction de ce qui a été détruit. En même temps, il serait tout aussi nécessaire d'engager une véritable opération de sensibilisation de la masse des jeunes afin de leur expliquer les enjeux actuels et futurs.