Après avoir perpétré un des crimes les plus odieux que vient de vivre la Tunisie, le fait d'égorger un mineur de 16 ans et d'envoyer sa tête dans un sac à sa famille, après avoir eu l'ignominie de faire sauter, le 23 novembre, un bus réservé à la garde présidentielle, les terroristes viennent de franchir les limites de l'innommable dans la sauvagerie et la barbarie. Depuis que certains, hélas encore au pouvoir, criaient à ceux qui voulaient les entendre que ces «jeunes» s'adonnaient à des activités sportives dans les montagnes avoisinantes de Sidi Bouzid et de Kasserine, le terrorisme a commis des crimes atroces et n'a perdu ni de sa vitesse ni de son aveuglement meurtrier. Maintenant que le président de la République a déclaré de façon solennelle la guerre aux criminels dévoyés et déboussolés, il faut dire que cette déclaration doit être accompagnée d'une volonté de fer pour extirper le mal. Pour ce faire, des mesures s'imposent en toute urgence : 1) Le droit à l'information doit être bien surveillé et bien étudié. A ce propos, il est juste de saluer quelques chaînes de télévision dans leurs émissions relatives à l'explosion du bus de la garde présidentielle. La liberté d'information doit être soutenue par une éthique morale et humaine, sinon elle risque de tomber dans les méfaits des shows maudits et sadiques. A ceux qui cherchent à réaliser un taux d'audimat élevé en nous invitant des chefs de parti appelant à l'instauration du califat, ou ces faux dignitaires d'un Islam médiéval et dépassé cherchant à propager leur «savoir» et leurs «misères», nous leur disons que nous ne voulons pas de votre «liberté d'information». En propageant ces émissions et en donnant l'occasion à ses «cheikhs» de la vingt-cinquième heure, vous ne faites que propager de façon directe l'esprit salafiste, intégriste et borné, cheville principale de tout islam politique amoral et meurtrier. 2) Nous avons vécu avec le passage d'Ennahdha au pouvoir les fruits amers et mortels même de l'islam politique en Tunisie. Sans chercher à endosser totalement ce que vit le peuple tunisien à ce parti ou à la défunte Troïka, il est plus qu'urgent de réviser les nominations de cadres et autres au ministère de l'Intérieur durant la période où M. Ali Laârayedh était ministre de l'Intérieur et Premier ministre. Les avancements spectaculaires de certains responsables doivent être annulés. Au ministère de l'Intérieur, rien ne se cache. Comme l'a fait M. Rajhi, ancien ministre de l'Intérieur, toutes les nominations effectuées sous le règne d'Ennahdha doivent être révisées, et tout de suite. Le mal nous entoure de partout Pour ce qui est du ministère de l'Agriculture, il est plus qu'urgent de faire revenir au travail tous les gardes forestiers renvoyés par cet ancien ministre nahdhaoui qui les avait taxés de «flics». Le mal est là et il prend de l'ampleur. Dans l'immédiat, cherchons à les récupérer et même les armer pour une meilleure sécurisation des régions de Sidi Bouzid, du Kef et de Kasserine. 3) Seul contre tous : la mosquée Lakhmi. Ce qui s'est passé à la mosquée Lakhmi de Sfax et autres nous fait penser à ce qui s'est déroulé du temps des premiers jours de la révolution quand les takfiristes de tout bord chassaient les imams nommés par l'Etat pour prendre leur place. Parce que chaque imam a son dossier au ministère des Affaires religieuses, l'imam Jaouadi a été limogé pour des raisons propres au ministère, ainsi que d'autres imams. Au lieu de poursuivre la défense de ses droits par les voies légales, notamment en intentant un recours pour excès de pouvoir devant le Tribunal administratif, cet imam narguait toute autorité, raillant le nom du ministre (melon-pastèque). Quand la politique envahit la morale et les mosquées, tout peut advenir : mensonges, hypocrisie, le pire reste à craindre, il a eu le «culot» de se vanter devant le peuple tunisien qu'il a fermé tout Sfax. Ces agissements doivent être punis. Leurs auteurs appelés à l'ordre. Comment expliquer l'acharnement de cet homme à garder son poste, quitte à «fermer» le ministère des Affaires religieuses, si ce n'est une volonté claire, bien établie du parti Ennahdha et ses adeptes de garder le «pouvoir» au risque de quitter le «gouvernement», comme l'a bien exprimé son chef. Et les médias, surtout certaines émissions télévisées, Ness Nessma et Liman Yajrou Faqat, de bonne foi, sont tombées dans le piège pour la bonne raison que l'affaire de la mosquée Lakhmi était l'affaire d'un fonctionnaire démis de ses fonctions mais pas d'une ville. Parce que narguer l'autorité de l'Etat est devenue pour certains un plaisir et un acte de «militantisme», il est temps que le chef de l'Etat et tous les responsables politiques soient à même de répondre aux défis du moment. Ces défis peuvent être affrontés grâce à : – Un renforcement des institutions de l'Etat – Une accélération de la justice quant aux procès des terroristes – Une réactivation de la peine de mort pour tous ceux qui ont l'audace de commettre des crimes crapuleux contre l'Etat – L'état d'urgence annoncé par le chef de l'Etat pour un mois doit être prorogé de trois mois et même plus, le temps de déraciner cette lèpre et ce cancer qu'est le terrorisme. Face aux dangers qu'affronte le peuple tunisien, surtout du côté du Sud, avec la daechisation accélérée de certains de nos jeunes, ne faut-il pas penser sérieusement à rétablir la Cour de sûreté de l'Etat instituée le 2/7/1968 et supprimée par la loi n°88-79 du 29/12/1988. La guerre a ses lois et ses procédures spéciales. La Tunisie est en danger. Les prisons ne doivent pas être des nourricières des terroristes et des criminels de tout acabit. C'est le peuple qui paye. Les potences doivent être rétablies. Avec les terroristes, nous ne sommes pas au stade de débat d'idées. Nous sommes en présence de meurtriers sans foi ni loi. Aux défenseurs des droits de l'Homme, à ceux qui se taisent devant les crimes odieux de Sousse, du Bardo, de l'avenue Mohamed-V et cherchent parfois des raisons pour les «comprendre», nous leur répondons avec calme, mais avec fermeté, que nous n'allons pas être plus démocrates que les Etats-Unis d'Amérique avec son triste centre pénitentiaire à Guantanamo. Dans son ouvrage, «La tolérance entre Orient et Occident», le philosophe Catuber écrit que «l'indulgence de la société avec les intolérants menace la démocratie et annonce la fin de la tolérance; surtout qu'il y a des raisons qui portent à croire que le courant fanatique éliminera la liberté, la démocratie et la tolérance; si jamais il parvenait à prendre le pouvoir» (1). A ces défenseurs des droits de l'Homme, nous leur posons cette ultime question : est-ce que vous avez le moindre doute sur les intentions et les déclarations des terroristes et leurs adeptes encore «silencieux» des partis religieux tels le parti Ettahrir et autres de vouloir «détruire» l'Etat et ses «taghouts»? Le sang du Tunisien est cher. La guerre que nous déclarennt les terroristes est sanglante. Il y va de la sécurité du peuple tunisien et de son bien-être, que l'Etat sévisse avec célérité et force contre tous les ennemis de la paix, de la tolérance et de l'ordre avant qu'il ne soit trop tard. L'intérêt suprême de la Tunisie l'impose. *(Avocat à la Cour de cassation) (1) Note : traduit par Brahim El Aris - Dar Essaguir 1982 p.75