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Les frontières du ciel, de fares naanaa Une exploration attachante de l'humain
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Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 11 - 2015


Par Samira DAMI
Les frontières du ciel de Fares Naanaa s'inscrit au cœur de l'actualité. Car le jour de sa projection, en compétition officielle de la 26e édition des JCC, mardi 24 novembre, eut lieu le lâche attentat suicide contre 12 gardes de la sécurité présidentielle à l'avenue Mohamed-V, endeuillant, ainsi, tout le pays et plusieurs familles entières.
Ces valeureux martyrs avaient des parents, des épouses, des enfants, des oncles, des tantes, etc. Comment tous ces parents et proches réagiront-ils face à la mort ? Comment supporteront-ils la douleur et la souffrance ? Comment feront-ils leur deuil ? Comment se reconstruiront-ils ? Or, c'est là l'enjeu même du film de Fares Naanaa.
La fable, simple, coule de source : Sarra (Anissa Daoud) et Sami (Lotfi Abdelli) ont tous deux la trentaine passée et sont mariés depuis dix ans. Elle est enseignante, il est architecte. Ils ont une adorable petite fille de 5 ans, Yasmine (Sophie Ghodhbani) et coulent ensemble des jours heureux.
Soudain un jour, sur une plage, se déclenche le drame : Yasmine a disparu. La vie du couple sera bouleversée par cette mort. Le bouleversement que vit le couple est introduit par le changement de l'apparence physique de Sami. Apprêté façon bcbg (bon chic bon genre) avant le drame, le personnage se néglige désormais (barbe fournie et hirsute, tenue débraillée), se laisse aller, sombre dans l'alcool pour (s')oublier.
Sami, rongé par la culpabilité, est hanté par le fantôme de son enfant qu'il revoit partout dans le rétroviseur, jouant sur la plage ainsi que dans les moments de bonheur vécus ensemble. Inconsolable, il porte encore au poignet le chouchou pour cheveux de Yasmine et joue encore avec le carillon de sa fille.Une scène poignante. Sarra, la mère, se réfugie dans la prière et tente d'oublier en poursuivant les cours de chant comme avant le drame.
Comment conjurer le deuil ?
Chacun des deux personnages souffre en solitaire, leur vie sentimentale s'émousse et les tentatives de Sarra pour reconstruire son couple demeurent vaines (scène du dîner à la lueur des bougies).
Du paradis, la vie du couple bascule dans les frontières de l'enfer ? Or, justement, comment stopper cette descente aux enfers ? Comment s'en sortir ? Comment pouvoir vivre sans l'être aimé ? Comment transcender la mort, la douleur et la souffrance ? Comment faire le deuil de l'être cher ? Les Frontières du ciel nous renvoie à La chambre du fils du réalisateur italien Nanni Moretti (Palme d'or à Cannes) mais avec un supplément d'espoir.
Les personnages de Fares Naanaa arrivent à conjurer nettement le deuil, ce qui est montré à travers un montage parallèle où Sami, après avoir enterré son père qu'il n'a jamais connu et qu'il a rencontré une première et dernière fois dans un ultime adieu, accepte l'inacceptable. Les moments de la rencontre avec le père et des funérailles quand Sami embrasse furtivement le cercueil de son père qu'il porte sur les épaules sont parmi les scènes les plus touchantes du film.
Toutefois, le plan où Sami pleure à chaudes larmes, dans la voiture, aurait pu être plus élaboré et plus émouvant côté jeu.
Une approche pudique et épurée
En parallèle, Sarra arrive à transcender le deuil grâce à l'art. Lors d'un concert donné par son groupe de chant, elle interrompt l'interprétation d'une chanson du patrimoine pour interpréter la berceuse qu'elle chantait pour endormir Yasmine: Asfour tall min echabbak, un air du patrimoine libanais. Filmée en gros plan, Sarra émeut, dommage que les deux inserts sur les visages de son père et de sa sœur, se trouvant parmi le public, ont atténué, quelque peu, la force de cette scène.
Fares Naanaa a, ainsi, filmé ces personnages à fleur de peau en privilégiant les plans rapprochés afin d'exprimer les sentiments de douleur, souffrance et désarroi face à la mort.
Soit une exploration de l'humain dans une approche dépouillée et sobre mais aussi attachante, telle cette scène où l'on voit la grand-mère paternelle (Mouna Noureddine) préparer des gâteaux tunisiens appellés Chababek el jenna pour sa petite-fille Yasmine. D'où le titre du film en arabe.
Enfin, le film pose non seulement des questions d'ordre humain mais aussi d'ordre social, religieux, artistique. Pas de clichés ni de manichéisme chez Fares Naanaa, tout est nuancé : la prière, par exemple, n'est pas incompatible avec le chant.
Les frontières du ciel interpelle et bouleverse grâce au sujet traité, à la mise en scène pudique et épurée mais aussi à la qualité du jeu des acteurs principaux et secondaires,ainsi qu'au jeu naturel de la petite Sophie Ghodhbani. De son côté Lotfi Abdelli affiche un jeu intériorisé, tandis que Anissa Daoud a sorti un jeu toute en justesse.
*Sortie du film le lundi 30 novembre dans 8 salles


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