De la nécessité d'établir des coopérations plus étroites avec le voisin algérien qui se dit prêt à mettre à la disposition de la Tunisie tout son savoir-faire en matière de terrorisme qu'il combat depuis de très longues années. Cette collaboration devrait s'étendre à l'Egypte, l'autre pays menacé de la région La gravité de la situation exige qu'il ne faudrait pas se limiter aux mesures annoncées par le gouvernement et aller bien au-delà, en tenant le congrès national sur la lutte antiterroriste, et en rouvrant tous les dossiers de toutes les parties impliquées dans l'implantation du terrorisme sur notre sol national. Déjà, de l'avis de plusieurs spécialistes et hommes politiques, ces mesures sont très timides et en deçà des attentes ; alors, en rester là ne serait pas de nature à arranger les choses en cette conjoncture extrêmement critique. Cependant, cette fermeté ne devrait pas se limiter à nos frontières, mais s'étendre à l'échelle régionale et internationale pour qu'elle puisse donner les résultats escomptés. Les vrais commanditaires Donc, excepté la fermeture provisoire de nos frontières avec la Libye, toutes les autres mesures prises par le gouvernement se limitent au cadre interne. Agir de la sorte, c'est faire comme si le terrorisme était une affaire locale. Ce qui serait une vision étriquée de la question. Il est évident que l'ampleur de ce phénomène et sa dimension internationale n'échappent pas à nos décideurs. Alors, leurs décisions devraient prendre ces proportions. La guerre contre le terrorisme, qui se déploie aux quatre coins de la planète, ne peut aucunement être menée par un seul pays, d'autant plus lorsqu'il n'est pas doté de moyens adéquats, susceptibles de lui permettre d'affronter, tout seul, ce fléau. Et c'est justement le cas de la Tunisie qui, avec ses moyens très modestes, se trouve confrontée à des projets déstabilisateurs qui se trament autour d'elle. Ses ramifications dépassent de loin ses confins, car il fait partie intégrante de ce qu'on appelle « le jeu des nations ». D'où l'urgence et la nécessité d'établir des coopérations avec le voisin algérien, qui se dit prêt à mettre à la disposition de la Tunisie tout son savoir-faire en matière de terrorisme qu'il combat depuis de très longues années et qu'il est parvenu à juguler dans une très large mesure. Cette collaboration devrait s'étendre à l'Egypte, l'autre pays menacé de la région. Une telle triangulation serait susceptible de faire front contre le projet pernicieux des commanditaires des jihadistes de « Daech » et compagnie, à savoir certains pays occidentaux. Il y a longtemps que cette complicité est mise à nu, entre autres, par l'ambassadrice de l'Union européenne, Jana Hybaskova, qui a accusé, au mois de septembre dernier, certains Etats membres de l'UE d'acheter du pétrole irakien à l'EI, et aussi par un parlementaire de ce pays qui a révélé que l'armée irakienne avait abattu deux avions britanniques transportant des armes et des munitions pour les terroristes de « Daech », dans la province d'Al Anbar. Cela s'est produit, concomitamment, avec l'attentat de Sousse qui a fait plusieurs victimes parmi les touristes anglais. Il est impératif pour la Tunisie de revoir ses relations diplomatiques avec plusieurs de ses partenaires classiques dont le rôle dans la prolifération du terrorisme n'est plus un secret pour personne. Le Cameroun a bien saisi la leçon, puisqu'il a fait appel à l'aide russe pour combattre « Boko Haram ». M Alain Chouet, l'ex patron de la Dgse française, a récemment déclaré : « au Moyen Orient, au Sahel, au Somalie, au Nigéria, nous nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent, depuis trente ans, le phénomène terroriste. On s'épuise à s'attaquer aux exécutants, c'est-à-dire aux effets du wahhabisme et non pas à ses causes, et on n'arrivera pas à arrêter les attentats comme ça, à moins de mettre un flic derrière chaque citoyen ». Donc, selon l'ancien officier de renseignement français, il faut remonter aux sources du terrorisme pour être en mesure de l'éradiquer. Autrement, on ne ferait que favoriser et multiplier les facteurs qui l'encouragent et l'entretiennent. C'est conformément à cette logique que la Tunisie devrait changer ses méthodes en matière de lutte antiterroriste. Revoir nos relations diplomatiques Plusieurs voix françaises se sont élevées, après les attentats de Paris du 13 novembre dernier, pour réclamer la rupture immédiate des relations diplomatiques de leur pays avec l'Arabie Saoudite et le Qatar,qui financent les terroristes, toutes tendances confondues, ainsi que son alliance avec la Turquie, qui a laissé passer des dizaines de milliers d' « euro jihadistes » sur son sol pour aller commettre en Syrie les mêmes atrocités perpétrées à Paris. Ce pays est également accusé d'aider à écouler des stocks de pétrole de « Daech ». Cette accusation émane notamment de l'ex chef du gouvernement français, François Fillon, qui vient de déclarer, mercredi dernier, sur les ondes de France Inter, que « nous avons en face de nous une Turquie qui est en train de devenir un problème majeur... Nous avons la preuve que la quasi-totalité du pétrole vendu par « Daech » arrive directement dans les raffineries turques ; on est en face d'une complicité qui est extrêmement préoccupante ». Ce qui rejoint les affirmations du président russe, Vladimir Poutine, qui soupçonne aussi bien la Turquie que les Etats-Unis d'acheter du pétrole à « Daech ». Comme on le voit, devant la menace terroriste, les Français n'y vont pas de main morte et appellent les choses par leur nom, alors que chez nous, quand le ministre des Affaires étrangères, Taieb Baccouche, a accusé ouvertement la Turquie d'aider des Tunisiens jihadistes à entrer sur le territoire syrien, le président de la République l'a très vite désavoué, suite aux exaspérations d'Ankara. Apparemment, on oublie que la mission de la diplomatie tunisienne, c'est de préserver les intérêts suprêmes de la patrie et non pas d'établir des relations protocolaires et de complaisance avec les pays, surtout concernant ceux d'entre eux qui nuisent à ces intérêts et menacent notre sécurité nationale. Il est évident que la priorité des priorités, pour le moment, concerne les rapports avec la Libye. Et là, on ne va pas répéter ce que la plupart des spécialistes sécuritaires et politiques ont souligné au sujet de la fermeture de nos frontières avec ce pays, pour une durée très courte de quinze jours. C'est une mesure très timide qu'il faudrait renforcer par d'autres décisions plus fermes, telles que le prolongement de cette période, l'exigence de visas pour les ressortissants libyens, à l'image du Maroc et de l'Egypte, et le contrôle rigoureux des documents de séjour pour les résidents parmi eux. Néanmoins, pour renforcer son effort dans la lutte contre le terrorisme, la Tunisie devrait demander solennellement aux puissances occidentales, la France en tête, qui sont à l'origine du chaos qui règne en Libye, devenue une vraie poudrière à ses portes, et qui lui ont fait, indirectement, subir des dégâts colossaux, de lui fournir du matériel militaire et logistique. Ce qui est encore plus estomaquant, c'est le fait que nos dirigeants de l'époque ont contribué au chaos libyen, en soutenant l'intervention de l'Otan, par la facilitation du transit d'armes vers ce pays. Ce qui est encore plus sidérant, c'est que, pas plus tard qu'avant-hier, l'un de nos hommes politiques se targuait, sur un plateau de télévision, d'avoir « soutenu la révolution libyenne par les armes ». Drôle de soutien et drôle de révolution ! Décidément, tout se confond, tout s'embrouille ces jours-ci...