Les deux artistes réconciliés Autant en emporte le temps. Seul le temps constitue un vrai baume à un litige ou encore à une blessure. C'est, du moins, ce que l'on peut admettre face à ces retrouvailles tant attendues entre le dramaturge et metteur en scène, Moncef Dhouib, et le fameux comédien Lamine Nahdi (voir La Presse d'hier) .Les alliés de Maki wa Zakia dont le succès est établi, se sont retrouvés mardi soir, dans le studio de Mosaïque FM, pour meubler l'émission Ramadan Show, dans un face-à-face aussi nostalgique que salvateur. Outre une volonté commune de renaître de ses cendres, c'était à l'initiative de certains amis proches des deux artistes, dont le journaliste et patron de cette radio, Noureddine Boutar, que le rapprochement a gagné du terrain sur la rupture. En présence de divers médias, dont La Presse, les invités de Boubaker El Ech et Hédi Zaïem, se sont dévoilés dans un franc-parler, évoquant les débuts d'un itinéraire artistique aussi original qu'atypique. Répondant aux questions des deux animateurs et au gré d'un échange où les mots ont été parfois maîtrisés jusqu'au bout, les deux artistes ont parlé de leur différend, notant qu'une fois que l'affaire était réglée par la justice, il était envisageable d'oublier le passé pour penser à l'avenir et voir s'ils ont encore un mot à dire sur une scène théâtrale envahie jusqu'au débordement. Si bien que leurs connaissances ont tout essayé pour que les retrouvailles se fassent dans les règles de l'art. «C'était une sorte de traumatisme ou, plutôt, de nuages d'été qui n'ont pas trop duré. Lors de la rupture, on a réalisé combien la collaboration est bénéfique. Entre-temps, j'ai continué à cultiver mon jardin en produisant Ettalvsa Jaya (La télévision arrive), pour le cinéma et Mme Kenza, pour le théâtre. Notamment, deux œuvres à succès. Toutefois, cela ne m'empêche pas de reconnaître le talent et la grande présence scénique de Lamine Nahdi, qui demeure un des rares comédiens virtuoses. De là, le bon sens nous a poussés à ces retrouvailles que j'estime fort utiles», observe Moncef Dhouib. Savamment conduit, étant ponctué de pauses musicales, dont la chanson Rim el fayala demandée par Lamine Nahdi, l'entretien a suivi une trajectoire ascendante, ouvrant plusieurs brèches sur le mystère d'une rencontre précédée de tant d'accrocs et de réprimandes dans divers médias et sur les colonnes de plusieurs journaux. «Pour ma part, je n'avais jamais ouvert le feu. J'étais constamment discret pour éviter toutes sortes de dramatisation qui ne fait que nuire au travail et à la création. Après tout, il n'y a que les faits qui comptent, car les mots n'ont point d'attaches et s'envolent avec le temps. Aujourd'hui, on est là pour rompre avec le différend et affermir une concorde au service du théâtre et du bon sens», rebondit Lamine Nahdi. Maki wa Zakia, réactualisée Le scoop de l'émission n'était autre que la réactualisation de la pièce phare Maki wa Zakia, écrite et mise en scène par Moncef Dhouib et interprétée par Lamine Nahdi. Un flash confirmé par les deux artistes qui ont fait savoir que le premier spectacle, après la réactualisation, sera donné le 24 du mois au théâtre antique de Carthage. «Après quelques modifications portant sur le texte, la lumière et certains détails, on a pensé à cette génération qui n'a pas encore vu la pièce, pour lui offrir l'occasion d'assister à un spectacle fêtant la renaissance et le bon sens», tranche Moncef Dhouib. Aussi, au terme d'une soirée ramadanesque alliant l'utile à l'agréable, le bien était de mise grâce à une initiative amplement salutaire de la part de Mosaïque FM qui a offert à ses auditeurs de petits moments de bonheur, lors d'un voyage au bout du temps pour fouiller dans la mémoire artistique de deux ténors de la scène théâtrale nationale. Ce faisant, évoquant leurs débuts, les deux artistes se sont attardés sur les années 70, parlant de la fameuse période qu'ils ont vécue à Paris, avec la troupe des étudiants arabes et celle de Paris-Sud. Là-bas, c'était la naissance d'une collaboration sans répit, n'eussent été les incohérences du vécu. Lamine Nahdi et Moncef Dhouib n'ont pas manqué de voyager au bout de la mémoire pour se rappeler l'époque parisienne, où ils ont tenté de transporter une charrette empruntée à la troupe de Paris-Sud dans le métro, pour jouer la pièce phare El Karrita, devant des étudiants arabes évoluant à Paris. Ce qui leur a valu la poursuite de la police parisienne, C'est, au demeurant, le passé et le présent qui se sont mêlés, quelque part, au profit d'une réconciliation.