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Débat en ligne : «Les Tunisiennes et le cinéma» proposé par le Goethe Institut: Toutes et tous confrontés aux mêmes difficultés financières
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 11 - 2020

«Nous avons une presque égalité au niveau des formations et des potentialités. À notre retour en Tunisie, nous avons mis sur pied toutes les possibilités de productions et de coproductions de films tunisiens. Mais nous étions quand même dirigées vers des métiers jugés plus féminins, comme le montage, ce qui était une grande erreur».
Le Goethe Institut a réuni virtuellement, vendredi dernier, dans le cadre de son «Filmklub», la monteuse Kahena Attia, l'ingénieur du son Amal Attia et la réalisatrice Rim Nakhli pour parler de la place qu'occupent les femmes dans la scène cinématographique tunisienne.
Il était question du rôle de la cinéaste, de discriminations en rapport avec l'accessibilité à certains métiers et à la réalité sociale et économique, mais aussi de la représentation de la femme dans le cinéma.
Oui, la question de l'égalité des sexes reste éminemment d'actualité et touche, malheureusement, différents secteurs. Le 7e Art n'est pas en reste, car et pour reprendre le texte de présentation de l'événement, même si les cinéastes tunisiennes ont occupé et occupent de plus en plus, différents rôles, à l'écran et derrière, conjuguant plusieurs modes, techniques et savoir-faire, certains métiers leur restent moins accessibles que d'autres.
Lilia Blaise, qui a eu la tâche de modérer le débat, a commencé par rappeler les dernières consécrations nationales et internationales de cinéastes tunisiennes, à l'instar et entre autres du Tanit d'or des JCC 2019 pour le film «Noura rêve» de Hind Boujemma qui vient s'ajouter à d'autres noms, tels que Kaouther Ben Hnia et Wided Zoghlami, dont les derniers opus ont été primés un peu partout et, bien avant elles, des pionnières, comme Salma Baccar et Kalthoum Bornaz.
Ces deux dernières ont ouvert les portes de la fiction. En effet, dès les années 1970, les cinéastes tunisiennes s'étaient déjà initiées au monde documentaire, mais il a fallu attendre Salma Baccar (Fatma 75) et Kalthoum Bornaz (Trois personnages en quête d'un théâtre) pour que le virage vers la fiction soit enfin consommé, parfois dans des films mêlant d'ailleurs documentaire et histoire inventée.
Autour de cette question de la femme tunisienne et le cinéma, l'on a sollicité trois femmes qui présentent chacune des expériences uniques et remarquables : Kahena Attia, qui a assuré le montage de quelques-uns des films les plus importants du cinéma arabe, mais aussi des longs-métrages du Mali, de Côte d'Ivoire, d'Albanie, de Belgique, de Suisse, du Canada... Entre autres, «L'Empire des rêves» de Jean-Pierre Lledo en 1981, «La Mémoire tatouée» de Ridha Behi en 1986, «Les Sabots en or» de Nouri Bouzid en 1989, «Le Collier perdu de la colombe» de Nacer Khemir en 1991, «À la recherche du mari de ma femme» de Mohamed Abderrahman Tazi en 1993, «Quand les hommes pleurent» de Yasmine Kassari en 1999. De la jeune génération, Amal Attia a été «perchewoman» depuis 2010 et ingénieur du son depuis 2013. Cette fonction l'amène à collaborer techniquement et artistiquement sur différentes productions cinématographiques et télévisuelles (prise de son, post-production et sound-design). Elle intègre l'équipe d'Ulysson Production, pendant 2 ans, elle évolue sous la direction de l'ingénieur du son mythique Faouzi Thabet. Ses intérêts croisés pour le cinéma et la musique l'ont amenée à s'expérimenter dans différents genres de projets. Et la jeune réalisatrice Rim Nakhli qui a à son actif deux courts-métrages: le premier intitulé «Ranim» (2017) a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. Son deuxième court-métrage «Nour, Une journée presque ensoleillée» a été sélectionné, en 2020, dans la compétition «Pardi di domani » au Festival du Film de Locarno, au AFI Fest Film Festival à Los Angeles, au Medfilm Festival à Rome, ainsi qu'au «Passaggi d'Autore: intrecci mediterranei» à Sant'Antioco en Sardaigne.
«Qu'est-ce qui a changé en plus de 50 ans dans le rôle des femmes tunisiennes dans le cinéma au niveau professionnel?», s'adresse Lilia Blaise aux intervenantes.
«Nous étions des acteurs de la cinématographie tunisienne au même titre que nos camarades hommes, parce que nous étions formées dans le même cadre en France, Italie, Belgique, Pologne et en Union soviétique. Nous avions une presque égalité au niveau des formations et des potentialités. À notre retour en Tunisie, nous avons mis sur pied toutes les possibilités de productions et de coproductions de films tunisiens. Mais nous étions quand même dirigées vers des métiers jugés plus féminins comme le montage, ce qui était une grande erreur», raconte Kahena, et d'ajouter : «Nos compétences nous ont permis d'aller au-delà des frontières tunisiennes et nous intervenions aussi bien dans la réalisation que dans le scénario. Nous n'étions pas nombreuses, mais très efficaces et très reconnues, ça nous a permis de garder l'espoir de faire passer le flambeau aux suivantes».
La cinéaste continue en expliquant qu'il y a trois voies à prendre pour les femmes dans ce secteur: «Il y a celles qui ont osé passer à la réalisation, celles qui ont dépassé les barrières pour faire des métiers techniques et d'autres ont réintégré des structures plus stables, devenant des petites mains et optant pour la sécurité».
Pour revenir à la question de l'inaccessibilité de certains métiers aux femmes, Amal Attia qui fait partie des rares femmes ingénieurs du son en Tunisie, affirme que sur le plateau, certains techniciens préféraient travailler avec un homme dans le rôle de perchman, en prétextant la condition physique. «Mais quand il y avait des scènes un peu délicates, un peu osées, c'est à moi qu'on faisait le plus appel…» et de reprendre : «J'ai eu du mal à m'intégrer, oui et jusqu'à maintenant, il faut le dire mais dans ce métier il faut savoir tenir bon et être persévérante». En tant que jeune réalisatrice, Rim avoue avoir rencontré des difficultés : «C'est dur de s'imposer des fois en tant que femme, il faut faire le double du travail fourni par l'homme. J'aime beaucoup ce que je fais et je n'ai pas hésité à me lancer dans la réalisation et mes deux expériences de tournage m'ont permis d'apprendre beaucoup de choses».
À en croire les trois cinéastes, les inégalités salariales, par contre, ne semblent pas toucher le secteur et le problème réside plus au niveau du financement et de la répartition du budget. Pour la monteuse, le problème réside, encore aujourd'hui, au niveau du manque de moyens consacrés à la post-production, alors que, comme elle le dit, c'est la section la plus déterminante. Tout au long de sa carrière, son combat a été de la réhabiliter.
«La persévérance est permanente dans ce secteur et touche toutes les sections, entre autres, la post-production et l'écriture du scénario», explique-t-elle et de poursuivre : «Un film est un ensemble de personnes dont la persévérance et les compétences sont obligatoires».
La réalité du cinéma tunisien est autre, très loin de celles des industries cinématographiques où l'accent est mis plus sur des problèmes tels que les inégalités salariales. Le problème en Tunisie est plus global et touche tout le monde et toutes les phases de productions. Le secteur souffre financièrement, mais aussi juridiquement et administrativement.
Kahena Attia souligne, également, le problème de distribution des subventions qui, selon elle, doivent revenir aux petits films qui sont souvent de réels bijoux mais qui souffrent d'un manque de visibilité, contrairement aux films qui jouissent de différents financements et qui sont présents dans toutes les vitrines nationales et internationales. La journaliste, de son côté, rappelle qu'il y a beaucoup de films d'auteur qui se font en Tunisie grâce à la solidarité de l'équipe technique. L'ingénieur du son évoque dans ce sens l'expérience des films «Hob story» et «Black medusa» dans lesquels elle a travaillé. Rim Nakhli dit avoir autofinancé son premier court métrage et voit qu'il faut adapter le film au budget. Kahena Attia rappelle que les financements existent, mais qu'ils sont mal distribués et qu'un réalisateur doit pouvoir aller au bout de ses ambitions.
On n'a pas manqué d'aborder la question du harcèlement sexuel, dont ne semblent pas avoir particulièrement souffert les trois invitées, contrairement à d'autres travaillant dans le même secteur et qui en avaient témoigné anonymement dans le cadre d'un travail sur l'extension du mouvement MeToo en Tunisie mené par Lilia Blaise. Les trois femmes ont, plutôt, parlé de harcèlement moral soulignant qu'il faut tout de même rester vigilant.


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