La galerie Ammar-Farhat (A. Gorgi) abrite, actuellement, sa première exposition de groupe de la saison, intitulée «Frayjeya» (spectateurs). Six artistes ont investi les lieux, il s'agit d'Aïcha Filali, Rym Karoui, Feryel Lakhdar, Ymen Berhouma, Intissar Belaïd, Insaf Saada. On retrouve l'univers de Rym Karoui, une habituée des lieux, avec ses figures zoomorphes et autres anthropomorphes, stylisées, aux membres mous et élastiques dans ses sculptures de résine et autres peintures où inscriptions (écriture automatique) se mêlent au flashy des couleurs. L'artiste reformule le «vivre maintenant» à travers des scènes fantasques et oniriques. Intissar Belaïd, cinéaste de formation, propose une série de collages aux dimensions variables. Elle fait dans le montage de scènes à l'univers surréaliste et sinistre. Les figures y sont anonymes (sans tête) ou zoomorphes baignant dans des plans et autres arrière-plans où se jouent les chapitres d'une «modernité» cannibale et terrassante. Aïcha Filali à l'approche ironique et critique expose deux sculptures partant du cheval à bascule : «Abou na9ous Al Tounsi» (en bois) et «Abou Al Moussawer Al Chémi» (en fer forgé). Parmi les œuvres exposées, trône une plaque où on lit : «Prisonnier N°#52» en soutien aux trois artistes Fakhri El-Ghezal, Atef Maatallah et Ala Eddine Slim et autres jeunes Tunisiens victimes d'une loi inique (la loi n°52 de l'année 1992 relative à la consommation de stupéfiants, qui prévoit une peine d'emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 1.000 à 3.000 dinars pour «tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou de matières stupéfiantes). Dans son soutien à ces artistes, la galerie avait diffusé, sur les réseaux sociaux, des photos d'artistes portant la pancarte N°#52.