Hier, inauguration de la première tranche du projet de réalisation d'une station d'épuration d'eaux usées à Sidi Hassine Sijoumi. La Step tournera à plein régime d'ici fin 2016 Un des projets de Ben Ali les plus contestés, bloqué depuis son premier coup de pioche donné en 2007, puis relancé timidement au lendemain de la révolution, la fameuse Step d'El Attar à Sidi Hassine-Sijoumi, dans les périphéries ouest de la capitale, est, finalement, mise en service. Mais partiellement, puisqu'elle ne devrait tourner à plein régime qu'à la fin de 2016, comme prévu, pour couvrir toutes les agglomérations de la région Ouest de Tunis (La Manouba, Oued Ellil, Douar Hicher et Sidi Hassine Sijoumi). C'est en ce dernier jour de 2015 que son démarrage effectif, après un retard de plus de huit ans, sans motif apparent, a pu être possible et lancé par le ministre de l'Environnement et du Développement durable, M. Néjib Derouiche. Cela, rappelle-t-on, a été annoncé depuis une semaine, lors d'une conférence de presse à La Kasbah. Hier matin, les habitants de Sidi Hassine Sijoumi, aux environs du site de la station, ont poussé un ouf de soulagement, contents de sortir d'un état d'attentisme qui a trop duré. Leur quartier, à haute densité démographique, s'enorgueillit, aujourd'hui, d'une station d'épuration devant assainir, dans un premier temps, quelque 30 mille mètres cubes d'eaux usées. Cette capacité de traitement journalière doublera (60 mille m3), une fois la deuxième tranche achevée d'ici fin 2016. Projet controversé ? D'un coût global estimé à 44 millions de dinars (financement Banque mondiale), cette nouvelle station, la plus grande à l'échelle nationale, est une partie intégrante d'un réseau national d'assainissement structuré et bien équipé de canalisations d'évacuation et d'unités de pompage et de traitement d'appoints reliées les unes aux autres. L'ensemble de l'infrastructure d'assainissement mobilise une enveloppe de plus de 130 millions de dinars. Désormais, comme l'a déclaré le ministre : «Les eaux usées ne seront plus déversées dans le lac Sijoumi. Seule les eaux pluviales y seront évacuées... ». Aussi, est-il évident qu'aux côtés de ce quartier (Sidi Hassine) de plus d'un million d'habitants, la station servira également tout le Grand Tunis, favorisant un cadre de vie plus agréable, apprend-on d'une source informée auprès de l'Onas. Une réalité qui n'est pas toujours vraie, aux dires de certaines parties de la société civile dont l'ONG « SOS Biaa » qui a remis totalement le projet en cause. Au point de laisser croire qu'il y a anguille sous roche et que la thèse d'une affaire louche ayant entravé sa marche ne peut être écartée. Son président, M. Morched Garbouj, avait, le 6 octobre dernier, au cours d'une conférence de presse, appelé le gouvernement à réagir et à donner plus d'éclairages sur les raisons d'un tel blocage — huit ans durant — qui prête à équivoque. Les critiques du projet ont fusé après la publication, en juillet 2015, d'un rapport de la Banque mondiale dans lequel l'institution financière internationale classe la Step dans la catégorie de projets « à haut risque social et environnemental ». Des propos qui furent rapidement démentis, justifiant que l'explication de la Banque mondiale n'a pas été bien saisie. « Le projet de la station d'épuration d'El Attar a été, plutôt, jugé d'un risque financier élevé, ne présentant aucun autre problème d'ordre social ou écologique dans la région», tient-on à préciser du côté de l'Onas. La polémique orchestrée autour du projet, ajoute la même source, n'a été qu'une tempête dans un verre d'eau. Lors de la visite qu'il a effectuée en mai dernier sur le site en question, le chef du gouvernement, M. Habib Essid, avait déclaré qu'il faisait de ce projet une priorité à concrétiser avant la fin de 2015. Promesse tenue, pour une fois. Car, pour lui, la réalisation de ladite station est un « facteur important dans l'assainissement du Grand Tunis ». D'autant plus que les quantités d'eaux usées collectées, puis traitées, seront, à terme, réutilisées dans le secteur agricole, surtout en matière d'irrigation. Aujourd'hui, la station d'El Attar à Sidi Hassine est là. La boucle sera-t-elle bouclée ?