La grève des enseignants du secondaire, prévue pour le 27 janvier, fait l'objet de négociations bouillonnantes entre le ministère de l'Education et le Syndicat de base l'enseignement secondaire, en vue de trouver un arrangement susceptible de satisfaire les deux parties et d'éviter ladite grève. Cette action de protestation et de revendication, annoncée au préalable par le syndicat, s'inscrit dans la continuité des grèves menées par le corps enseignant dans le but de faire pression sur l'institution de tutelle et revendiquer, agressivement, des droits pourtant légitimes en prenant l'intérêt des élèves en otage. M. Ridha Zahrouni, président de l'Association tunisienne des parents et des élèves ( Atupe), reconnaît le droit constitutionnel à la protestation. Toutefois, il dénonce les moyens adoptés, dans ce sens qu'ils nuisent sensiblement au système de l'éducation, à l'intérêt des élèves et chamboulent le déroulement des cours. « Pourquoi arrive-t-on à ces situations de pression et de tension, alors qu'il serait plus lucide de trouver un terrain d'entente, sans pour autant nuire au système et à l'intérêt des élèves », indique-t-il. Les profs de sport ont été marginalisés ! Les motifs de la grève s'articulent autour de plusieurs questions. D'abord, l'injustice infligée aux professeurs d'éducation physique qui, après la signature de la convention en date du 6 avril 2015, à qui il revient de droit de bénéficier, et sur un pied d'égalité que leurs collègues, du passage de grade exceptionnel. « Or, et à la grande surprise de tous, les professeurs d'éducation physique, qui, contrairement aux autres enseignants, relèvent du ministère de la Jeunesse et des Sports et non du ministère de l'Education, ont été délestés de ce droit », explique M. Hassen Salah, membre du Syndicat de base de l'enseignement secondaire section La Marsa. Les éventuels grévistes protesteront, aussi, contre la décision prise par le ministère de tutelle et portant sur la suppression de la semaine bloquée et l'intégration des examens de synthèse dans l'emploi du temps. Cette mesure, qui promettait de gagner plus de temps en faveur des élèves et du programme scolaire, n'a fait que bouleverser l'emploi du temps, perturber les élèves, déstabiliser les cours, surtout que les devoirs de synthèse s'étalent pour certaines matières sur trois ou quatre heures. « Ce genre de mesures improvisées se répercutent négativement sur la qualité et sur l'emploi du temps », fait remarquer le syndicaliste. Tentant de trouver une solution plus pertinente, le syndicat a suggéré de combiner les deux trimestres en un semestre, au terme duquel les élèves passeront leurs examens de synthèse. « Cela fait vingt ans que les élèves passent leurs examens de synthèse dans le cadre d'une semaine bloquée. Pourquoi la supprimer brusquement ? Une telle mesure altère la crédibilité du système de l'éducation. D'autant plus qu'il conviendrait d'étudier les impacts positif et négatif d'une telle mesure — ainsi que toutes les mesures prises par le ministère — sur la qualité de l'enseignement », souligne M. Zahrouni qui saisit l'occasion pour revenir sur la décision relative à la séance unique. Cette décision consiste, rappelons-le, à regrouper les heures de cours en un temps afin donner aux élèves un temps libre pour adhérer à des clubs et s'adonner à des activités sportives, éducatives et culturelles. M. Zahrouni rappelle qu'il est nécessaire de procéder au calcul des heures de cours et leur répartition en un temps, tout en veillant à n'en rajouter ou soustraire des heures. Il recommande aussi de décentraliser. Place à la criminalisation de la violence exercée sur les profs Autre motif de grève : la violence exercée par les élèves et par les parents sur le corps enseignant. Le syndicaliste indique que dans le Grand-Tunis, l'on enregistre, quotidiennement, deux cas de violence, ce qui est alarmant. Le syndicat recommande l'instauration d'une loi afin de pénaliser la violence exercée sur le corps enseignant. « Les négociations ont, semble-t-il, abouti à une convention qui sera annoncée prochainement lors d'une conférence de presse », ajoute M. Salah. Notons que l'Atupe n'a pas pour autant été interpelée pour participer aux négociations et ce, malgré qu'elle ait signifié son vif souhait de contribuer, en tant que société civile, à la réforme du système de l'éducation.