La femme est incontestablement le noyau dur de la société tunisienne. Son rôle dans la lutte contre l'obscurantisme est capital L'Union nationale de la femme tunisienne ( Unft ) a organisé, hier à Tunis, une assemblée générale ayant pour slogan : «Nous sommes plus forts qu'eux ». Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la célébration du 5e anniversaire de la révolution. Cela a été une occasion aussi bien pour les membres de l'Unft, actives dans toutes les régions, que pour les politiciens, les membres de la société civile, les universitaires et les artistes d'exprimer leurs vifs attachements aux principes de la révolution, leur reconnaissance confirmée envers les martyrs et leur détermination unanime quant à la lutte sans merci contre le terrorisme. Après avoir chanté l'hymne national et observé une minute de silence en hommage aux martyrs, Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft, a souligné la portée du slogan. « Nous sommes plus forts que la pauvreté, que l'ignorance, que le terrorisme, que l'obscurantisme, que l'exploitation des femmes, que les forces malsaines qui nous tirent vers le bas...Nous avons réussi à changer les choses pour le mieux. Notre place bien méritée est au-devant de la scène car nous avons notre mot à dire et nous sommes, plus que jamais, déterminées à continuer notre combat», a-t-elle indiqué. Elle a rappelé, non sans amertume, les atteintes portées à l'encontre de l'Unft après la révolution. L'Unft a su résister grâce à la solidarité et à la conviction de ses membres en l'impératif d'aller de l'avant. L'assemblée a permis à tout un chacun de s'exprimer sur le rôle de la femme dans la lutte contre le terrorisme et dans la reconstitution d'une Tunisie meilleure. La femme représente, incontestablement, le noyau dur de la société tunisienne. Son rôle a été, et le sera à jamais, capital. Le terrorisme est une épidémie à éradiquer Mme Majdouline Cherni, députée, a dénoncé les tentatives des uns et des autres visant la banalisation du terrorisme pour mieux le servir. Certains, d'ailleurs, le classe parmi les phénomènes de société. «Non, le terrorisme ne l'est pas ! C'est une épidémie destructrice qui s'attaque aux organes du pays, notamment à la sécurité nationale, à l'économie, à la société... Le rôle de la femme est fondamental dans la lutte voire l'éradication de cette épidémie. Les femmes qui soutiennent la terreur et l'obscurantisme ne représentent aucunement la femme tunisienne », a-t-elle souligné. Parmi les participants à cet évènement, figure M. Khaled Ghouil, représentant le secrétariat général de l'Union de la jeunesse arabe. Il a signifié son respect de la femme tunisienne et a appelé la communauté arabe à se serrer les coudes pour combattre le terrorisme. De son côté, Mme Habiba Sellimi, représentant le bureau national de la femme active au sein de l'Ugtt, a avoué la crainte partagée de voir la terreur et la violence prendre du terrain. Pour elle, les revendications clamées durant la révolution n'ont toujours pas trouvé une suite favorable. Ainsi, le chômage continue à démotiver les jeunes. L'économie parallèle handicape l'économie nationale. Le trafic, la féminisation de la précarité, la marginalisation, autant de gangrènes qui persistent encore. D'où l'impératif d'établir un plan d'action à même de résoudre ses problèmes. Les femmes proches des martyrs : à quand la justice sociale ? Prenant la parole à son tour, M. Sahbi Jouini, secrétaire général de l'Union nationale des syndicats des forces de la sécurité, a saisi l'occasion pour mettre le doigt sur les injustices qu'endurent les mères et les veuves des martyrs relevant des forces de l'ordre. En effet, les mères des martyrs n'ont pas le droit de bénéficier de la pension de retraite de leur fils, pourtant mort au nom de la patrie. Quant aux veuves des martyrs, elles n'ont pas le droit de dépenser le capital décès jusqu'à ce que leurs enfants deviennent majeurs. « Les forces de l'ordre ont perdu 120 martyrs. Quant aux restants, ils continuent de sacrifier leur sérénité et mettent leurs vies en danger. Et ce sont leurs femmes, leurs mères et leurs sœurs qui les encouragent et les incitent à aller de l'avant. Ce sont elles qui, grâce à leur sens de responsabilité, militent de leur côté », a-t-il indiqué. Le Dr. Mongia Souayhi, professeur spécialisée dans les études coraniques, a indiqué que la lutte contre le terrorisme passe, inéluctablement, par la culture ; une culture fondée sur le dialogue, sur l'écoute, sur la tolérance, sur l'acceptation de l'autre et sur la pluralité. Elle a appelé les Tunisiens à éviter tout ce qui est susceptible de déclencher la haine et les confrontations. M. Moncef Ben M'rad, journaliste et écrivain, a rappelé que la femme tunisienne a toujours fait preuve de combativité et de militantisme. C'est elle qui a décroché l'Indépendance. Sauf que ce sont les hommes qui ont écrit l'Histoire et l'ont transfigurée à leur profit. « Nos universités comptent 320 mille étudiants dont 220 mille étudiantes. C'est dire le poids de la population féminine active et intellectuelle dans notre société. Si les Tunisiennes ont suffisamment confiance en elles-mêmes et font preuve de solidarité, elles parviendront à imposer leur mot et devenir le maillon le plus fort sur le plan politique », a-t-il indiqué. Place au « jihad culturel » ! M. Raouf Ben Yaghlene, artiste et homme de théâtre, concocte une nouvelle pièce de théâtre qui portera le nom de « Un terroriste moins le quart ». Pour son travail d'investigation à but artistique, il s'était déplacé jusqu'aux quartiers défavorisés afin de comprendre le comment et le pourquoi de l'invasion terroriste. Il a visité la zone de Douar Hicher ainsi qu'un quartier défavorisé à Sidi Bouzid. « Les jeunes sont convaincus de l'impératif de tabler sur la culture afin de pouvoir changer les choses. Or, ils souffrent de marginalisation et sont dépourvus de toute institution à caractère culturel. Je trouve scandaleux que l'Etat soit incapable d'absorber ces jeunes et que les mouvements obscurantistes, eux, saisissent l'occasion pour les manipuler à leur guise », crie-t-il, furieux. L'artiste appelle au «jihad culturel » pour lutter contre le terrorisme; un jihad pacifique auquel la femme doit adhérer.