Par Khaled TEBOURBI A se fier aux commentaires des internautes, les grilles ramadanesques n'impressionnent pas grand-monde. Patience, d'ici la fin du mois saint, la tendance pourrait bien s'inverser. Et puis, les adeptes du web ne couvrent pas toute la population des téléspectateurs, il y a d'autres catégories, dont, en particulier, celle qui consomme tranquillement sa télé et qui n'a que faire d'aller tapoter sur un clavier pour exprimer son avis. Ce que nous en pensons, nous ? Les mêmes choses que toujours : du comique «à tour de bras» (si comique est le mot) et une «indigestion» de pub alimentaire. Mais on le sait de longue date, s'agissant de la télévision du Ramadan, la critique n'y change jamais rien, alors que la règle, au final, est celle de l'offre et de la demande. Deux observations malgré tout : Le problème va au-delà du «saucissonnage» du spectacle, il réside, de plus en plus, dans le genre de produits promus. Que du gras, du sucré, du salé ! pratiquement tout ce que les médecins nutritionnistes conviés sur les trois chaînes, déconseillent sans relâche. Pourquoi tant de liberté pour les annonceurs, et si peu de souci pour la santé des enfants et des adolescents ? Partout, en Europe et en Amérique, ces réclames sont accompagnées de franches recommandations de prudence, suggestion de l'OMS même, pourquoi n'en faisons-nous pas partie ? Seconde remarque : les programmes ont des contenus discordants. Les valeurs s'entrechoquent : divertissements faciles par ci, prédications soutenues par là, sans compter les chefs cuisiniers dont les plateaux (quotidiens) abondent de viandes riches et de pâtisseries bourrées de farine et de beurre. Bref, on ne sait plus à quel Ramadan se vouer : Au Ramadan pieux des prédicateurs ? Au Ramadan sobre des nutritionnistes ? Au Ramadan glouton des spots et des chefs ? Au Ramadan «bouffon» des sitcom et autres ? Ce sont les contradictions classiques du mois saint, diriez-vous, ce sont nos propres contradictions que l'on donne à voir ainsi. Mais la télévision, du moins celle que nous préconisons, n'a pas forcément pour tâche de reproduire, telles quelles, nos réalités. N'a-t-elle pas, aussi, pour mission d'essayer de les améliorer ? Des retouches demeurent toujours possibles. A l'avalanche de pub alimentaire, surtout, là, aucun doute, ce ne serait nullement de refus. Le bon «butin» L'aubaine que d'avoir été associé au jury de «La plume d'or» (version française) Snipe - La Presse - Essahafa. Merci de penser aux seniors. On n'est, sans doute pas, des modèles d'écriture journalistique, mais à la longue, et avec l'expérience, on a le coup d'œil, on sait flairer la bonne graine de demain. Pourquoi une chance ? Simplement parce qu'ayant parcouru tant de bons textes (plus que la centaine) on se débarrasse de nombre d'idées reçues. Déjà une crainte dissipée: la langue de Voltaire ne court pas les risques que l'on dit. Ce que l'on a lu laisse à penser qu'au contraire, elle a de beaux jours encore devant elle. On a apprécié la forme (correcte chez la plupart) tantôt le style et souvent la fantaisie, la poésie, et les références d'auteurs: derrière tout cela, il y a de la lecture. Rien contre l'arabisation, «l'urgence identitaire», on ne démord pas, néanmoins, de l'idée (chère à Kateb Yacine) que le français est «le butin» le plus précieux que nous ayons arraché à la colonisation». C'est ce «butin» qui a permis l'émergence d'une élite nationaliste et la reconquête de notre indépendance. Et c'est lui, ensuite, qui nous a servi à édifier un Etat moderne. Qu'il reste disponible aujourd'hui et qu'il se transmette encore aux nouvelles générations est une solide garantie d'avenir.