Depuis au moins cinq ans, on réclame de la transparence, et encadrer le secteur est une nécessité car il y a eu trop de dérives par manque de contrôle L'inflation de candidats au métier d'agent de joueur est due au changement des règlements Fifa, datant de mars 2001. La Fifa a, en effet, supprimé la garantie bancaire de 121.959 euros qui était initialement exigée pour exercer en tant qu'agent de joueur. L'exercice de la profession n'est plus, d'autre part, soumis à l'octroi d'une licence délivrée par la Fifa mais par chaque fédération nationale, à l'issue d'un examen sous l'égide de l'instance mondiale. De plus, le cliché de cet intermédiaire qui enchaîne les transferts avec de rondelettes commissions, aiguise les appétits. Ils sont aujourd'hui 32 agents de joueurs en Tunisie, dont 7 admis à l'issue de la dernière session de mars 2009, sur 27 candidats inscrits. 32 agents licenciés FTF, autant que la Suède par exemple. Auxquels, il faut ajouter des agents détenteurs d'une licence étrangère que la FTF ne peut interdire d'exercer en Tunisie et des intermédiaires "déguisés" qui gravitent autour des clubs et des joueurs. Règles strictes La licence est délivrée par la FTF sur la base d'un examen écrit. La violation de cette disposition est punie de 15.000 dinars d'amende. Les dispositions pour tout candidat à cet examen sont : une parfaite réputation, un niveau baccalauréat minimum ou être un ex-joueur international ayant disputé 30 matchs internationaux "A", dix ans d'expérience dans le domaine sportif et l'ouverture de patente (à remettre après réussite). En outre, le candidat doit s'acquitter des frais d'engagement de 500 dinars (à payer annuellement) en cas de réussite. Un dirigeant ou un membre d'une association ou d'une fédération sportive ne peut être candidat à cet examen sous peine d'une amende de 15.000 dinars. Cet examen, rappelons-le, consiste en un questionnaire de 20 items. Il comporte une épreuve générale sur les connaissances juridiques en matière sociale, fiscale, contractuelle, et dans le domaine de l'assurance, ainsi qu'une épreuve spécifique sur les règlements fédéraux nationaux et internationaux. Des règles strictes édictées par la Fédération internationale encadrent la profession d'agent et les transferts de joueurs professionnels. (lire le règlement agent de joueur sur le site de la Fifa). Et pour en circonscrire les dérives, l'organisme mondial a lancé depuis 2008, un système de déclarations nationales pour les flux d'argent liés aux transferts (bénéficiaires, montants, comptes bancaires concernés) avec un système international pour vérifier la cohérence de ces déclarations, obligatoire pour que le certificat international de transfert soit définitif. Cependant, ce système, qui devrait être généralisé vers la fin de cette année, est encore boudé par nombre de clubs. Quel type de relations? 32 agents de joueurs mais combien exercent-ils réellement? Quel type de relations ont-ils avec les joueurs et les clubs? Sont-ils tous contrôlés? Comment sont-ils rémunérés? Il faut tout d'abord relever que le code du sport interdit à l'agent d'opérer pour le compte de deux parties ayant des intérêts distincts mais intervenant dans le même contrat. En effet, il est possible que l'agent favorise l'une des parties au détriment de l'autre. L'agent doit être exclusivement rémunéré par le joueur ou le club. L'agent et le joueur déterminent à l'avance, d'un accord commun, la rémunération forfaitaire, qui peut consister en un paiement unique au début de la période de validité du contrat de travail négocié par l'agent pour le joueur, ou en un décompte annuel à chaque fin d'année contractuelle. La rémunération ne peut excéder 10% du montant du contrat conclu. Selon le règlement de la Fifa, tout doit être normalement noté sur le contrat. Toutefois, la double rémunération est une pratique usuelle. En effet, il arrive que les clubs paient les agents mandatés dans un premier temps par les joueurs. La F.T.F. a-t-elle donc les outils pour contrôler les liens qui unissent les clubs et les joueurs aux agents ? Une copie de ces contrats devrait être communiquée à la F.T.F. dont un exemplaire de son contrat de mandat le liant au club ou au joueur. Pour le moment, aucune disposition légale ne vient sanctionner le manquement à cette obligation. Transparence Depuis au moins cinq ans, on réclame de la transparence et, encadrer le secteur est une nécessité car il y a eu trop de dérives par manque de contrôle. L'activité des agents est sujette à différentes interprétations. N'ont-ils pas intérêt à faire en sorte que les joueurs changent souvent de club pour faire du profit à chaque transfert ? A ce sujet, il est recommandé de contrôler toute la chaîne financière : lier la qualification des joueurs à la transmission du contrat de l'agent, donner à la FTF des compétences d'investigations en ce qui concerne les versements de commissions des joueurs ou des clubs au profit des agents de joueurs, solliciter une modification des textes réglementaires afin de renforcer le dispositif de contrôle de l'activité, ainsi que le dispositif répressif. Il faut des actes concrets car dans toute profession, on a besoin de contrôle.