Par M'hamed JAIBI Moëz Sinaoui est clair, la démission de Ridha Belhaj «intervient dans le cadre de la séparation entre le cabinet présidentiel et les activités partisanes». C'est un message rassurant lorsque l'on se rappelle les entorses qu'a dû subir cette séparation conventionnelle et toutes celles qui ont débordé les prérogatives tant présidentielles que «chef-de-gouvernementales» à l'initiative du démissionnaire. Omniprésent dès sa nomination en tant que directeur du cabinet présidentiel, Ridha Belhaj n'en a pas moins redoublé d'initiatives depuis que Mohsen Marzouk a dû quitter la présidence pour le secrétariat général de Nida Tounès, là où l'ex-directeur de cabinet fera encore parler de lui, par la coulisse, à l'appui de Hafedh Caïd Essebsi et de la fameuse réunion de Djerba, point de départ du processus du même nom qui a abouti audit «congrès consensuel» de Sousse. Le départ de Belhaj, au moment même où le gouvernement est contesté et le président de la République critiqué, marque (fortuitement ?) la fin d'une étape. Est-ce celle de l'interventionnisme de la présidence ou de l'inefficacité des pouvoirs publics, hormis le dossier sécuritaire ? Un fait est certain, le chef de l'Etat ne cesse de multiplier les audiences accordées aux personnalités majeures de la scène politique, accréditant implicitement les bruits qui courent quant à une volonté d'aérer les sommets de l'Etat, dont peut-être concernant des postes clés au gouvernement. Mais cela fait constitutionnellement partie des prérogatives du chef du gouvernement, actuellement au repos pour des raisons de santé. Quant aux ballons d'essai circulant sur le web à propos d'un prétendu changement de gouvernement, ils ne peuvent coller aux clauses explicites de notre Constitution mi-parlementaire, mi-présidentielle qui donnent aux seuls représentants du peuple le pouvoir de retirer leur confiance au gouvernement. Cela dit, rien n'est impossible. Puisque malgré l'affaiblissement du groupe parlementaire de Nida Tounès, la solide alliance dont se réclament les deux «seniors» du pays, Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, leur accorde une hégémonie démocratique manifeste à l'Assemblée. Sauf que Ghannouchi ne cesse de réitérer sa confiance à Habib Essid.