Les associations soutenues par la France œuvrent dans plusieurs domaines tels que la formation, l'aide à l'entrepreneuriat et la réduction des inégalités. Il s'agit aussi d'un enjeu de sécurité Une conférence de presse s'est tenue, jeudi dernier, au siège de l'Institut français à Tunis, présidée par l'ambassadeur français, M. Francois Gouyette. La rencontre, suivie notamment par quelques acteurs de la société civile, a eu pour vocation affichée de présenter, à travers un exposé assez exhaustif, les projets de coopération pilotés par la France en Tunisie, notamment via le circuit associatif. Au cours de cette rencontre, largement couverte par les journalistes, a été remis à Wala Kasmi, jeune présidente de l'association « Jeunesse décide », un prix attribué par la France assorti d'une enveloppe de 42 mille euros (85 mille dinars). Sélectionné à l'issue d'un processus lancé en avril 2015 parmi près de 1000 projets, « we code », le titre du projet tunisien, opère dans le domaine de l'inclusion économique et politique des jeunes en Tunisie. Une action qui s'insère dans le vaste programme « la France s'engage au Sud ». L'ambassadeur, accompagné à la tribune notamment par M. Jeremie Daussin-Charpantier, directeur adjoint de l'Agence française de développement, et par Mme Marianne Poche, attachée de coopération technique chargée de l'appui à la société civile tunisienne, a mis en avant, dans son allocution inaugurale, le soutien de la France en faveur des acteurs associatifs tunisiens. François Gouyette a salué l'apport déterminant de la société civile tout au long des cinq dernières années : « C'est elle qui porte les aspirations du peuple tunisien à la liberté, à la dignité et à la justice sociale. Nous avons conscience que l'enjeu qui s'attache au soutien à la société civile est un enjeu de développement économique et social », explique-t-il. Les associations soutenues par la France œuvrent dans plusieurs domaines tels que la formation, l'aide à l'entrepreneuriat et la réduction des inégalités. Mais il s'agit aussi, tient à préciser M. Gouyette, d'un enjeu de sécurité, « ces actions contribuent à lutter contre le désœuvrement de la jeunesse ». Consolider l'Etat de droit Les différents projets mis en œuvre s'articulent pour constituer un ensemble cohérent. Tel Forum jeunesse, un outil au service des projets de la jeune société civile tunisienne. La sixième édition se tiendra à Gafsa du 29 avril au 1er mai 2016. Il s'agit d'un programme qui subventionne les meilleurs projets associatifs de jeunes et leur permet de bénéficier d'un accompagnement. Piscca, acronyme de Projets innovants des sociétés civiles et coalitions d'acteurs. Un fonds mis à la disposition de l'Institut français de Tunisie à hauteur de 600.000 euros sur 36 mois, destiné à poursuivre l'appui et la structuration du tissu associatif selon trois thématiques prioritaires : encourager la participation inclusive des jeunes et des femmes à la vie locale, favoriser les activités génératrices de revenus et d'emplois en lien avec l'économie sociale et solidaire et soutenir des projets innovants et de mobilisation citoyenne en matière de développement. Des espaces géographiques seront privilégiés, comme les gouvernorats de l'intérieur, les quartiers défavorisés des villes et les zones rurales. L'Afd et Expertise France consacrent plus de 10 millions d'Euros aux associations tunisiennes. A partir de 2016, l'AFD sera l'opérateur privilégié de la France en matière d'appui à la gouvernance et cela se traduira par la mobilisation de nouveaux moyens au service de projets favorisant la bonne gouvernance. Dernièrement, apprend-on, un programme spécifique destiné au renforcement de l'Etat de droit a été lancé. D'un montant de 400 mille Euros sur 18 mois, il vise à soutenir la consolidation du système national des lois du dialogue de la société civile et de la liberté d'expression en accompagnement avec des acteurs institutionnels, la société civile et les journalistes. Coopération décentralisée entre les régions Dans le volet coopération décentralisée, des collectivités territoriales ont établi des liens avec des villes tunisiennes, à l'instar de la région de l'Aude avec le gouvernorat de Sousse, Gafsa et les régions des pays de la Loire, et le gouvernorat de Kasserine avec la région Provence-Alpe, Côtes-d'Azur. La question de la Presse portait sur la nature des liens de coopération développés entre des gouvernorats tunisiens et certaines régions françaises, en prenant pour exemple Kasserine et la région de PACA, comment se déclinent-ils en actions concrètes et à travers quels canaux, les élus, les associations ? Il s'agit d'un partenariat qui englobe différents acteurs institutionnels ou associatifs, répond l'ambassadeur, des conseils régionaux et départementaux, parfois, c'est une région où est établie une importante communauté tunisienne, comme c'est le cas de Marseille. Des acteurs de la société civile d'origine tunisienne se déplacent pour renforcer cette coopération décentralisée. Ce sont des projets assimilés, ajoute M. Patrick Flot, conseiller de coopération et d'action, mis en place dans des thématiques globales et concertés avec les deux collectivités française et tunisienne. Tout au long de l'exposé, qui a duré près d'une heure, chaque programme, projet, la moindre action, sont circonscrits dans une zone géographique et délimités dans le temps. A ce propos, répondant à une réaction de la salle, le directeur adjoint de l' AFD, a reconnu la suspension ou l'annulation, par le passé, de projets de coopération ayant largement dépassé les délais impartis. Espérons que ces nouveaux programmes, vivement sollicités par les Tunisiens eux-mêmes, trouvent plus de réactivité.