Un président de club peut-il gérer tout seul et faire de son association sa chasse gardée ? Le débat a rebondi ces derniers jours à la faveur de la démission collective de cinq membres du bureau directeur de l'Union Sportive Monastirienne où le président Hamed Zenaïti est accusé de faire cavalier seul et de ne pas consulter les autres membres. En fait, il appartient au cercle fermé des présidents bailleurs de fonds, ceux qui apportent le plus gros des dépenses en ces temps de dèche. Les Hamdi Meddeb à l'Espérance de Tunis, Slim Riahi au Club Africain, Ridha Charfeddine à l'Etoile du Sahel, Sabeur Jemaï au Stade Gabésien... restent, à quelques différences près, des hommes à tout faire, des présidents incontournables. S'ils ne sont pas propriétaires de clubs, il n'en reste pas moins que ces mécènes y détiennent les leviers du pouvoir. Aucune décision, ou presque, ne leur échappe. Parfois même de simples mesures disciplinaires. Leur position de pivot au sein du club tient de leur pouvoir financier. Lorsqu'un dirigeant comme Ridha Charfeddine se porte garant d'un montant aussi important que 19 millions de dinars alors que le déficit cumulé de l'ESS atteint un pic de plus de 29 millions de dinars, il faut vraiment être inconscient pour venir lui contester une suprématie. Sans être tous autocrates, cette caste de présidents a fini par imposer son leadership à la faveur du tarissement des sources de revenus et du renchérissement des coûts de gestion dans le sport. La révision tant attendue du statut des associations sportives, qui deviendraient des sociétés à but lucratif, va immanquablement réduire sensiblement leur influence, un conseil d'administration recourant au vote sur les mesures vitales. Des listes hétérogènes Le paradoxe veut que le scrutin de liste débouche parfois sur un blocage semblable à celui qui sévit actuellement à l'US Monastir. Combien de fois a-t-on assisté au spectacle d'un comité directeur remonté contre une confiscation totale du pouvoir au bénéfice du président qui ne consulte plus, n'associe plus ses pairs à la prise de décision, ces derniers devenant un simple décor. La règle du jeu veut que du fait même de son poids financier, le président s'érige en petit monarque du dimanche auquel rien n'échappe. On a beau dire qu'une association sportive peut servir d'école d'apprentissage de la démocratie, à l'épreuve des faits, cela reste une simple vue de l'esprit. Y compris dans des situations visiblement simples de listes supposées garantir la cohésion et l'entente entre ses composantes. On a beau invoquer de simples incompatibilités d'humeur pour qualifier un clash au sein d'un comité directeur. A bien y réfléchir, le mal est plus profond, jetant en pleine saison des clubs dans des situations périlleuses, les directoires de crise ou comités provisoires de gestion se contentant généralement du minimum vital. Très loin des projets sportifs établis au départ.