Le cas de l'attaquant international Ahmed Akaïchi est symptomatique du sac de nœuds juridiques qui divise actuellement les instances et les clubs. Tentaculaire comme l'affaire Bettencourt, le dossier risque de prendre une telle ampleur qu'il pourrait faire jurisprudence ou, pire, se décanter la saison prochaine quand les carottes seront cuites. Car initialement, les «motions» déposées par le CA et le CSS impliquent un tel temps de latence, plus ou moins long, que la procédure pourrait tuer instantanément dans l'œuf toute considération sportive. Ce faisant, le déroulement chronologique des faits entourant cette affaire a de quoi nourrir la suspicion, la propension à interpréter et à alimenter la chronique. Suite au derby de l'avant-dernière journée de la saison passée, l'ex-buteur de l'EST écope d'une sanction de quatre matchs pour comportement anti-sportif envers l'arbitre. S'ensuivit une longue traversée du désert pour un attaquant désormais «persona non grata» du côté du Parc B. Certes, fin juin, le joueur a réapparu à l'entraînement, la veille du départ de l'Espérance pour l'Egypte où elle devait affronter Al Ahly du Caire dans le cadre de la première journée de la phase de poules de la Coupe de la CAF. Mais il était écrit que la séparation couvait et que Akaïchi n'endosserait plus la tunique «sang et or». En clair, il aurait été empêché d'effectuer le voyage au dernier moment, et ce, pour indiscipline. Le joueur tente ensuite de reprendre son destin en main et s'envole à Izmir où le club de Gozetepe (D2) lui aurait fait une offre. Sans suite, Akaïchi n'entrevoit pas le bout du tunnel et reste encore sous contrat avec l'EST. Coup de théâtre, mi-août, il signe un engagement de trois ans en faveur de l'Etoile du Sahel. Il lui resterait toutefois à purger quatre matches de suspension remontant à la saison dernière. La décision de la commission d'appel faisant foi en application de l'article 41 du règlement du football professionnel, le néo-Etoilé devra prendre son mal en patience. Suite à une longue période de jachère jusqu'en hiver, et après consultation de la FTF sur les sanctions infligées à l'attaquant, l'Etoile reçoit l'aval pour aligner Akaïchi face au CA pour le compte de la mise à jour de la 4e journée du championnat. Jusqu'ici tout va bien. Mais le joueur et son club ne sont pas au bout de leurs surprises. 48 heures de plus... Le comité national d'arbitrage sportif se saisit de l'affaire, maintient la suspension de quatre mois, et augmente l'amende qui lui a été infligée pour résiliation de contrat de 570 000 à 650 000 dinars qu'il doit payer à l'EST. Akaïchi s'était déjà acquitté du montant initial de 570 000 dinars (fixé par la commission nationale des litiges). Il devait ensuite payer la différence, soit 80 000 dinars. En octobre dernier, le joueur interjeta appel et le Cnas engage une série de reports de verdicts qui donnent libre cours à toutes les analyses et spéculations. Dans le même temps, le CA introduit une réserve contre la participation d'Akaïchi au classico de Sousse. 48 heures plus tard, la motion est confirmée par le CA. Le club de Bab Jedid considère que l'ancien avant de l'Espérance Sportive de Tunis n'a pas purgé la totalité de sa suspension de quatre mois pour résiliation unilatérale de contrat. Mi-décembre, la Ligue annonce qu'elle va statuer sur les réserves du CA. Le CSS s'engouffre dans la brèche et dépose à son tour une réserve en bonne et due forme, et ce, suite au choc ESS-CSS. Saisie de cet imbroglio, la LNFP reporte l'examen de la réserve du CA, tout en sous-entendant qu'elle pourrait accepter la forme mais pas le fond. De prime abord, la Ligue trancherait pour des résultats acquis sur le terrain, quoique la commission nationale d'appel saisie en ce sens ait reporté à fin janvier 2016 le verdict qu'elle devait rendre dans les réserves du CA et du CSS. Elément à charge... Le Club Sportif Sfaxien introduit un nouvel élément et l'affaire prend une tout autre tournure et dimension. Le CSS conteste en effet l'impartialité de l'un des membres du jury. Et nous voilà revenus à la case départ. Le verdict est reporté pour la mi-février. En clair, l'exécutif sfaxien demande le remplacement dudit membre de la commission d'appel. Enfin, récemment, la commission d'appel a de nouveau reporté sa décision. On n'est pas encore sorti de l'auberge. Cet énième report est motivé par la récente demande du CSS concernant le président du jury de la commission d'appel, présumé adhérent du grand club du Sahel... A ce rythme, la fin de la saison s'annonce tumultueuse, le classement dressé par la justice et le titre décerné devant les tribunaux...