Un film actuel, sur la liberté, le pardon et la force de l'amour. La réalisatrice tunisienne Sonia Chamkhi (L'art du mezoued, Wra el blayek, Militantes...) signe avec Aziz rouhou (Narcisse), son premier long-métrage de fiction. Le 14 février, il sortira dans toutes les salles de Tunis et dans quelques régions. «La sortie du film hors Tunis sera évolutive», nous apprend la réalisatrice. L'avant-première aura, quant à elle, lieu ce soir au Colisée. Avant cela, le public des JCC 2015 a pu découvrir Aziz rouhou dans le cadre de la compétition de la première œuvre. Que nous raconte Narcisse? : «Hind, jeune comédienne de 30 ans, incarne le premier rôle dans une pièce théâtrale mise en scène par son mari Taoufik. La pièce s'inspire du vécu tragique de Hind et de son frère cadet, Mehdi, célèbre chanteur homosexuel. Tous les deux ont été opprimés par leur frère aîné, jeune homme délinquant, qui a versé dans l'intégrisme religieux», nous apprend le synopsis. Le rôle de Hind est campé par Aïcha Ben Ahmed, celui de son frère par Ghanem Zrelli, et celui de Taoufik par Jamel Madani. Une belle brochette d'autres comédiens tunisiens participe au film, dont Fatma Ben Saïdane, Sondos Belhassen, Zied Touati, Mohamed Hsine Grayaa, Basma el Euch et Abdelmoonem Chouaye, avec la participation du chanteur tunisien Salah Farzit. La sortie du film un 14 février n'est pas fortuite. Le film interpelle, en effet, le contexte social tunisien postrévolution, avec son trop-plein de violences et de conflits, et de son manque d'amour. «C'est un film extrêmement actuel, qui parle de la Tunisie d'aujourd'hui, non avec un traitement frontal mais en posant la question: qu'est-ce qu'être libre aujourd'hui?», explique Sonia Chamkhi. Et d'ajouter : «Je propose que chacun se libère, ne juge pas l'autre, soit dans une logique de dépassement et de réflexion sur la douleur, une logique constructive». A travers l'histoire de Narcisse, la réalisatrice nous transmet le message que la douleur peut être constructive et qu'il y a toujours un moyen de la dépasser si l'on croit à un idéal. «Aujourd'hui, la Tunisie est violente et violentée, je pose la question de savoir ce qu'on peut en faire», se livre Sonia Chamkhi. Dans le même temps, Aziz rouhou n'est pas seulement un drame et un tableau noir de la société. La réalisatrice promet un film plein de couleurs et de moments d'humanité. «Ce qui attend le public est un film populaire mais de bonne qualité, profondément ancré dans l'âme tunisienne. C'est une œuvre qui ne sous-estime pas l'intelligence du spectateur, avec des clés de lecture qui ne renoncent pas à différents niveaux de réception», avance encore Sonia Chamkhi. L'univers pictural de Aziz rouhou est construit à partir de deux influences, cinématographiques et théâtrales, avec leurs codes et leurs symboles. C'est un film sur la liberté et le pardon, possibles grâce à la force de l'amour. En parallèle avec sa sortie dans les salles, Narcisse entame ses participations dans des festivals de cinéma. Il figure pour commencer dans la sélection officielle du Festival du film africain de Louxor (mars 2016), et participe au Festival international du film d'amour de Mons (février 2016). En Tunisie, et en plus des projections commerciales, la réalisatrice prévoit d'organiser des ciné-clubs autour de son film. «Je tiens à ce que le film soit vu par le maximum de gens, qu'il suscite le débat et que le public prenne part à ce débat. Je pense que les films qui restent dans la mémoire des gens sont ceux dont ils débattent».