Hassène Farhani est, présentement, l'un des jeunes documentaristes algériens les plus prometteurs. Son film «Fi rasi rond-point» a été doublement primé aux JCC: Tanit de la première œuvre et Tanit du meilleur film documentaire. Nous l'avons rencontré à Tunis où il animait un atelier de documentaire initié par l'association Archipel image et Nachez Vous êtes l'un des rares documentaristes doublement tanités... Un Tanit d'or constituait, déjà pour moi, un événement inattendu, à vous d'imaginer l'effet des deux Tanits que j'ai reçus pour ce film! Prix de la première œuvre et celui du meilleur film documentaire. Je suis arrivé après l'attentat qui a visé Tunis pendant les JCC 2015 et je ne m'attendais pas à voir les gens parler de mon film avec autant d'insistance dans ce contexte particulier. Le public tunisien a compris les petites subtilités du film et son humour particulier. Ce sont des choses que beaucoup d'autres publics, en Europe par exemple, ne perçoivent pas. L'idée de filmer dans un abattoir était un choix ou un thème qui s'est imposé tout seul ? J'ai déjà un rapport particulier avec ce lieu car j'ai grandi dans un quartier très proche des abattoirs. Lorsque j'ai eu l'idée de filmer le monde ouvrier qui est très peu filmé en Algérie (surtout en documentaire) l'abattoir était donc un décor «évident» pour moi. J'ai pensé à raconter l'histoire de ces hommes qui sont à l'intérieur. J'en ai parlé à la productrice... et on est parti à l'aventure. Je n'ai pas fait beaucoup de repérages mais je sentais que c'était un lieu qui contenait beaucoup de choses. Dans «Fi rasi rond-point», j'ai travaillé beaucoup sur le temps d'attente. Il y a des jours où les ouvriers n'avaient pas de bêtes à abattre et ils passaient leur temps à attendre. Ce sont ces moments-là qui m'ont donné matière à réfléchir et à filmer. Ça tombe bien parce que je ne voulais pas faire un film qui parle de viande ! Vos choix esthétiques basés sur le plan fixe étaient très particuliers... J'adore le cinéma basé sur les plans fixes. Pour moi, c'est très esthétique. A cela s'ajoute le fait que j'ai beaucoup fait le photographe et le travail sur le cadre me passionne. J'aime y composer des choses. La photographie m'aide beaucoup dans la réalisation de mes documentaires. Comment se porte aujourd'hui le documentaire de création en Algérie ? Depuis les années 90, le réalisateur Malek Ben Smail a lancé ce type de documentaire en Algérie. Aujourd'hui, il y a des choses très intéressantes qui s'y passent et il y a de jeunes cinéastes qui font du beau travail comme Lamine Ammar Khouja. Il existe beaucoup de dispositifs nouveaux qui sont en train d'être expérimentés et qui constituent une véritable promesse pour le futur.