Les Tunisois sont prévenus. Il ne suffit pas d'aligner son onze de gala. Au-delà du talent individuel, c'est la complémentarité qui compte. C'est un euphémisme de dire que le Club Africain est favori face aux Ivoiriens de l'AS Tanda. Infirmer ou confirmer la tendance, ce n'est qu'au prix d'une rigueur sans faille et d'une certaine autorité sur le terrain que le représentant tunisien se mettra à l'abri en prévision de la manche retour. Cependant, si les deux clubs présentent des similitudes temporelles, situées tous les deux dans le ventre mou du classement, avec pratiquement les mêmes statistiques, empiriquement parlant, nous avons tout de même, d'un côté, un club réputé sur la scène et, de l'autre, un «bleu» d'Afrique. Et pourtant, l'histoire du football nous enseigne que l'on n'est jamais à l'abri d'une surprise. C'est ce qui fait que ce sport est si populaire depuis des générations. Pour éviter une désillusion, il faudra s'y atteler sérieusement, respecter l'adversaire, sécuriser ce qui doit l'être et pratiquement aimanter le ballon (en faire une «chasse gardée»). Ce faisant, au vu des deux dernières sorties officielles, le club de Bab Jedid a compensé une certaine fébrilité défensive par du cœur et énormément d'envie. Dans le tempo volet amorces offensives, l'équipe retrouve son dosage, du sang-froid, de la spontanéité et de la précision. Mais ce n'est pas tout. Incisive depuis quelque temps, l'attaque fait passer le frisson dans les défenses adverses alors que les sentinelles se montrent globalement appliquées dans le repli défensif. Dans cette transition milieu-attaque, Kader Oueslati servirait de lien entre les lignes en vue d'apporter de l'impact. Il doit, cependant, encore soigner ses performances physiques. Faire sauter le verrou rapidement On le sait, dans ce genre de matches, le chronomètre tourne en faveur de l'outsider. Plus les minutes passent et plus l'outsider prend confiance et plus le favori doute. Le «Jusqu'ici tout va bien» (dixit «La Haine» de Mathieu Kassovitz) en est la parfaite illustration. A titre d'exemple, l'entreprenant Brahim Chenihi aura à cœur de confirmer en Ligue des champions, après avoir fait un solide match en Coupe de Tunisie. Volet enchaînement groupé, la tendance qui se dessine depuis peu, c'est la volonté des hommes de Krol de récupérer plus vite le ballon, et surtout plus haut. Le CA, depuis la prise de fonction du coach batave, fait de la possession de balle sa marque de fabrique. Souvent critiqué pour pratiquer un jeu de possession trop «stérile» quelques mois auparavant, le CA opère désormais un pressing plus constant pouvant offrir une possession plus tranchante et une domination dans le jeu plus constante, un peu à l'image de ce que proposait le CSS de... Ruud Krol. Du point de vue gestion, on n'y est pas encore, mais pour ce CA-là, si l'entrée en matière est concluante (débloquer le résultat assez tôt), la tentation de gérer ses efforts est un piège à éviter. Le mot d'ordre est de ne pas lâcher la bride, ratisser large et quadriller le rectangle vert. A cet effet, le rôle des Ayadi, Ouedhrfi, Ben Yahia et Khlil sera crucial pour ne pas dire déterminant. Quant aux attaquants, ils devront non seulement se montrer efficaces dans la surface, mais aussi revenir au charbon et globalement sentir le jeu (placement, jeu en rupture, lecture...). Les postulants n'ont pas besoin de beaucoup d'occasions pour marquer. Côté clubiste, les principales armes offensives se nomment Saber Khelifa, Srarfi et Méniaoui. Or, on le sait, le tandem Imed Méniaoui-Khelifa est capable du meilleur en enchaînant les buts comme personne, comme du pire, et de passer par 7 ou 8 matches sans marquer. De son côté, le jeune Bassem Srarfi tentera de passer un cap dans la surface adverse en se montrant plus efficace. Pour son baptême du feu continental, ce jeunot est appelé à s'exprimer pleinement dans un registre offensif où sa palette est riche et variée. «Prétendue» équipe prenable, l'AS Tanda figurerait juste sur «le carnet de route prévisionnel». Ce serait simpliste et réducteur que de l'affirmer. Quoique, face à une équipe destinée à jouer dans son camp et jouer la montre, le départ doit conforter le CA dans sa stratégie d'acculer le champion ivoirien dans ses retranchements avant de prétendre l'envoyer dans les cordes. Même si, par la suite, le break mettra du temps à intervenir... C'est à ce prix que les Ivoiriens douteront et que leurs ambitions resteront en veille. Car une équipe, qui prend confiance, envisage parfois de troquer sa défense renforcée contre un système un brin moins frileux, et ce, en espérant trouver le salut dans les pertes de balles clubistes. Les Tunisois sont prévenus. Il ne suffit pas d'aligner son onze de gala. Au-delà du talent individuel, c'est la complémentarité qui compte.