Forte d'importantes ressources naturelles et d'une vigoureuse croissance économique, l'Afrique est en passe de se positionner comme la locomotive de l'économie mondiale L'ambition africaine a motivé plus d'une cinquantaine d'hommes d'affaires tunisiens opérant dans différents secteurs d'activité à se déplacer à Casablanca pour prendre part au forum international Afrique Développement baptisé « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies », qui se déroulera, deux jours durant, à partir de demain, à Casablanca. La participation tunisienne massive, renforcée par deux structures publiques, à savoir le Cepex et la Fipa, constitue un fait marquant de cette quatrième édition du forum organisé par le Groupe Attijariwafa Bank. Et atteste des possibilités d'affaires que recèle le système des échanges avec les quelque 1.200 opérateurs économiques et institutionnels africains et internationaux présents ; et dont le bilan les motiverait à renouveler l'expérience à la cinquième édition. Conscients de ce niveau élevé des attentes, les organisateurs ont capitalisé sur les anciennes éditions et rajouté une nouvelle composante B2G au menu des panels et des rencontres B2B. Ces rencontres B2G entre entreprises et officiels des pays africains, a précisé le directeur général de Attijari Bank, Hicham Seffa, seraient une opportunité pour plusieurs entreprises tunisiennes performantes, notamment dans les domaines du BTP, l'énergie et l'agroalimentaire, de nouer des partenariats avec des organes publics au cours de ces deux journées. Outre les marchés publics, les opportunités d'affaires méritent, également, une nouveauté, selon le banquier, rappelant que le « Club Afrique Développement » sera lancé au cours de cette édition. « Une plateforme ouverte en permanence aux opérateurs économiques des pays africains », simplifie-t-il. Des opportunités d'import, d'export et d'investissement sont disponibles entre les mains des opérateurs économiques, vulgarise-t-il, se félicitant de l'engouement des opérateurs tunisiens pour ce rendez-vous continental. Pour ce qui de la concurrence entre entreprises maghrébines sur les marchés subsahariens, le responsable a évoqué que certains hommes d'affaires tunisiens qui exportent sur Casablanca font partie de la délégation. En d'autres termes, la concurrence n'est pas réduite entre pays maghrébins mais s'inscrit dans le cadre plus large, celui d'une économie de plus en plus globalisée, laisse-t-il comprendre. « Attijari Bank Tunisie se range du côté de l'entreprise tunisienne et s'appuie sur les autres filiales africaines du Groupe Attijariwafa Bank pour l'accompagner dans sa conquête des marchés africains, et ce, grâce à une approche exhaustive, depuis la prospection jusqu'à la concrétisation des projets », soutient-il. C'est le mot d'ordre dans le groupe financier. Dans ce cadre de concurrence loyale, le Forum s'inscrit dans une démarche de promotion des investissements et de la coopération Sud-Sud, visant à offrir plus de visibilité et à répertorier les projets d'investissement sur le continent. Un cadre de réflexion Forte d'importantes ressources naturelles et d'une vigoureuse croissance économique, l'Afrique est en passe de se positionner comme locomotive de l'économie mondiale et grenier du monde, au sens du banquier. « Partout dans le monde, on parle de l'Afrique comme le continent du XXIe siècle. Depuis la nuit des temps, l'Afrique regorge de richesses naturelles et de potentialités économiques. Elle avait fait le bonheur des colonisateurs et fait rêver les investisseurs », justifiant l'organisation de cette large plateforme d'échanges entre Africains pour débattre de thématiques qui concernent le continent. « Le Groupe Attijariwafa bank, présent dans 15 pays d'Afrique, de par son devoir moral, accompagne cette ambition naturelle en créant les échanges nécessaires afin de promouvoir l'esprit de la coopération Sud-Sud », réitère-t-il. Pour ce qui est du choix des thématiques de cette édition, à savoir l'agriculture et l'électricité, M. Seffa a précisé que la progression démographique spectaculaire du continent constitue un atout certain pour l'économie du continent, mais également un frein de taille. « Comment les nourrir ? », s'interroge-t-il, surtout qu'à l'heure actuelle, des pays verts importent la quasi-totalité des produits agricoles et alimentaires. Plus de 50% souffrent de malnutrition tandis que le continent dispose de 800 millions d'hectares de terres arables non exploités. « Il va falloir trouver le moyen de les nourrir à travers la valorisation des ressources disponibles sur place », avançant un avant-goût de la réflexion. « Ça mérite une réflexion ! », conclut-il. S'attardant sur la deuxième thématique, l'électricité en l'occurrence, il a rappelé qu'on ne peut parler de développement sans parler énergie. D'autant plus que les populations africaines ne cessent de quitter les campagnes pour regagner des villes, poursuit-il, qui ne sont pas encore prêtes à les accueillir, à défaut d'électricité entre autres. « Du coup, on se retrouve avec des habitants de la ville qui ne profitent pas des commodités de la ville », regrette-t-il. « Quoi de plus basique que l'accès à l'électricité ? », s'interroge le directeur général, mettant en exergue que d'autres services basiques, à l'instar de l'éducation et la santé, sont tributaires de l'accès à l'électricité. De nos jours, plus de 60% de la population africaine n'a pas accès à l'électricité, rappelle le directeur général. En somme, les deux sujets méritent le détour, conclut-il. Durant cette manifestation, seront décernés les traditionnels «Trophées de la Coopération Sud-Sud » primant les meilleures entreprises engagées dans le développement des échanges et des investissements intra-africains. « Les Trophées du Jeune Entrepreneur » récompenseront, quant à eux, les meilleurs jeunes entrepreneurs africains dans les catégories « Innovation » et «Entrepreneuriat Social ». La présidence du jury a été attribuée à Mme Ouided Bouchamaoui, présidente de l'Utica. La Tunisie à l'honneur Des espaces dédiés aux pays à l'honneur, à l'instar de la Tunisie, sont aménagés pour exposer la vision du pays et rechercher des partenaires. A cet effet, la Fipa présentera le plan de développement 2016-2020 et les mécanismes d'incitation aux investissements en Tunisie. Hormis la Tunisie, le « Marché de l'Investissement », mis en place dans le cadre du Forum, prévoit de donner la visibilité aux plans nationaux de développement et aux banques de projets structurants d'autres pays, notamment le Congo-Brazzaville, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Togo, le Sénégal et le Kenya. Arts transsahariens, un art de vivre En marge de ce forum, la Fondation Attijariwafa Bank organise, en partenariat avec le musée Tiskiwin de Marrakech, à l'espace d'art Actua, une exposition intitulée « Arts transsahariens. Un art de vivre » traitant des arts traditionnels de l'habitat nomade et sédentaire dans les espaces transsahariens. Cette exposition voudrait souligner l'appartenance à une même communauté culturelle, fécondée par une histoire millénaire de migrations humaines et de relations commerciales et culturelles.