Une nouvelle donne : la liste El Jary contre une coalition, et une date incertaine pour le scrutin. Les camps sont à présent définis, les belligérants se reconnaissent clairement. D'un côté, la liste du président sortant Wadii El Jary qui a fière allure, avec trois membres du bureau actuel repêchés (Hichem Ben Omrane, Brahim Abid et Hanène Sellini) et l'arrivée de dirigeants confirmés (Boussairi Boujelel, Bilel Foudhaïli, Mohamed Habib Mokdad...). De l'autre, un front uni anti-El Jary qui a choisi de fusionner, comprenant Ali Hafsi Jeddi, Maher Ben Aïssa, Anouar Haddad, Ali Lourimi et Tarek Hammami. Ainsi, après avoir longtemps entretenu le mystère et brouillé les pistes, l'opposition fait front uni afin de neutraliser la tentaculaire mouvance El Jary qui a posé «ses» règles du jeu. Il en est ainsi de la date du 18 mars prochain, fixée par le bureau fédéral sortant, mais rejetée par la coalition anti-El Jary au prétexte de l'impossibilité de mener campagne auprès des clubs englués à cette date-là dans les exigences propres à la lutte pour le titre, le maintien, les place africaines... Comme de plus cette coalition pose un préalable à sa participation à la course électorale, du reste rejeté par Al Jary and co, la situation s'avère confuse à tel point que le décor en devient gênant. Ce préalable, il attend que le ministère de tutelle le satisfasse. Il consiste en un audit de la gestion financièrement durant le mandat 2012-2016, et en l'installation d'une commission indépendante des élections qui superviserait le scrutin et veillerait à sa régularité. Dès lors, des débats d'idées, des projets, des programmes, des réflexions sur l'avenir du foot national, il n'y en a point. La suspicion, l'échange d'accusations, les réflexions stériles et tout à fait contreproductives supplantent le vrai débat que sont en droit d'attendre les sportifs. C'est dire à quel point la cacophonie juridico-électoraliste à laquelle assiste, médusé, le monde sportif fait chuter de plusieurs crans une campagne qui tarde d'ailleurs à démarrer. Des préjugés qui vont voler en éclats? Comment démarrerait-elle alors que le front de l'opposition menace de ne pas se porter candidat au cas où le ministère n'interviendrait pas pour «accomplir son devoir», selon les termes employés par le même front, en procédant à un audit financier et en désignant une commission indépendante en lieu et place de la commission de discipline et du fair-play chargé de superviser le scrutin en vertu des textes adoptés par les présidents des clubs (ou leurs représentants) à l'occasion de l'assemblée générale. Cette dernière commission est accusée d'être en quelque sorte juge et partie ayant eu à œuvrer avec le B.F. en place. Echange «d'amabilités», communiqués à l'appui, les belligérants en oublient même l'image pitoyable que reflètent aujourd'hui les sélections nationales toutes catégories, l'arbitrage vilipendé de partout, une infrastructure moyenâgeuse et obsolète, des clubs au bord de la faillite, une atmosphère délétère et désormais incapable de générer du plaisir dans laquelle se joue la compétition, une recrudescence prononcée de la violence et de la gabegie dans les stades... Deux préjugés risquent en tout cas d'être battus en brèche : la menace de rétorsions de la part de la fédération internationale (Fifa) brandie à tout bout de champ par la liste El Jary et qualifiée de «Fazzaâ» par la coalition opposée, et l'idée reçue selon laquelle El Jary dispose largement des faveurs du football amateur, du futsal, du foot féminin... Soit de tout ce qui ne tourne pas autour des divisons professionnelles. Et l'on sait que les voix de ce «foot de l'ombre» vont peser très lourd à l'heure fatidique du scrutin.