Le secteur du phosphate et des engrais chimiques offre plus de 26.500 postes d'emploi avec une masse salariale qui atteint les 500 millions de dinars par an. Cependant, le secteur nécessite la mise en place d'une stratégie sécuritaire pour maintenir son équilibre Le coup d'envoi des travaux de l'atelier portant sur la situation et les horizons du secteur du phosphate et des engrais chimiques a été donné avant-hier, à Gabès, à l'usine d'ammonitrate, en présence du ministre de l'Energie et des Mines, M. Mongi Marzouk. L'atelier de deux jours (5 et 6 mars) a enregistré la présence des différents représentants et responsables du secteur, ceux de la Société nationale des chemins de fer tunisien et de l'Ugtt. Ce fut une occasion pour débattre de plusieurs problèmes dont souffre le secteur du phosphate et des engrais chimiques, notamment la situation du groupe chimique tunisien et la Compagnie des phosphates de Gafsa, et pour proposer des solutions. M. Mongi Marzouk a souligné, lors de l'ouverture des travaux, que cet atelier a été organisé dans le but de diagnostiquer la situation actuelle des deux grandes sociétés de phosphate, à savoir la CPG et GCT, œuvrer pour leur développement, trouver des solutions aux problèmes de la pollution et discuter sur le rôle important que joue le ministère dans l'instauration de nouvelles réformes pour promouvoir le secteur. Avant le démarrage de la première séance d'ouverture de l'atelier, le président-directeur général des sociétés CPG et GCT, M. Romdhane Souid, est intervenu pour donner un aperçu résumant la situation actuelle du secteur, notamment après la révolution de 2010. 26.500 postes d'emploi «Nous sommes réunis aujourd'hui pour examiner et débattre des problèmes du secteur, qui joue un rôle crucial dans le développement économique national. Le secteur du phosphate et des engrais chimiques offre, en effet, plus de 26.500 postes de travail avec une masse salariale qui atteint les 500 millions de dinars par an. Depuis les années 1995 et jusqu'à 2010, le secteur a connu une grande évolution avec une nette augmentation de l'extraction, de la production et de la commercialisation du phosphate. Mais après 2010, le secteur a enregistré une remarquable baisse de sa production à 3.2 millions de tonnes de phosphate en 2015 (baisse de 60%) par comparaison avec l'année 2010 qui a affiché 8.1 millions de tonnes de phosphate», a-t-il précisé. Cette baisse est le résultat des mouvements de protestation et des sit-in des demandeurs d'emploi qui ont entravé les activités d'extraction et de production du phosphate. M. Souid a proposé de ce fait d'appliquer la loi et d'instaurer une stratégie nationale sécuritaire pour freiner ces mouvements de protestation et permettre ainsi au secteur de reprendre ses activités normalement. «La situation actuelle est difficile, et à ce titre, les sit-in aggraveront de plus en plus l'état du secteur », souligne Romdhane Souid. Le niveau de la transformation a également baissé à 2,5 millions de tonnes ainsi que le transport du phosphate qui est passé de 7,3 millions de tonnes au cours de 2010 à 2,3 millions de tonnes en 2015. « La société risque de perdre sa place sur le marché international du phosphate, après la baisse des exportations. Les dangers de la dégradation du secteur sont encore plus graves et multiples auxquels il faut ajouter les problèmes financiers, sociaux et commerciaux dont souffrent ces deux grandes sociétés. Par ailleurs, le recrutement de 1.073 employés dont 620 au cours de l'année 2016, par la CGT ainsi que le recrutement de 1500 sur la période 2015-2018, dont 520 au cours de cette année, à la Compagnie des phosphates de Gafsa peuvent être une des solutions proposées et démarches à suivre pour remédier à ces problèmes», ajoute-t-il. Les travaux de l'atelier se sont poursuivis avec des interventions portant sur les projets d'investissements dans le Groupe chimique tunisien, les défis et les difficultés à affronter la situation financière du secteur, avant d'aboutir à la séance de clôture, aux résultats des travaux de l'atelier et aux recommandations.