Les réactions des partis politiques, des associations de la société civile et des pays frères et amis sont unanimes à dénoncer les terroristes qui ont voulu s'emparer de la ville de Ben Guerdane. Ils soutiennent le gouvernement Essid et lui demandent d'écouter leurs propositions L'attaque terroriste perpétrée, lundi 7 mars, à Ben Guerdane n'a laissé personne indifférent aux plans national et international. Et si les partis politiques et les organisations de la société civile ont été unanimes à condamner vigoureusement l'acte terroriste, à exprimer leur soutien inconditionnel et actif aux forces armées et de sécurité et à saluer le courage dont ont fait montre nos braves soldats et forces de l'ordre ainsi que l'engagement citoyen des habitants de Ben Guerdane qui ont administré une gifle retentissante aux semeurs de mort et de la division, il est significatif de souligner qu'ils ne se sont pas contentés de dénoncer et de stigmatiser. Ils ont agi, également, en forces patriotiques qui proposent des solutions à court, moyen et long terme et qui exposent des approches qui peuvent être prises en considération par les pouvoirs publics. Ainsi, appelle-t-on à l'accélération de la tenue de la conférence nationale sur la lutte contre le terrorisme. Cette conférence — faut-il le rappeler — était prévue en octobre 2015 et les préparatifs de sa tenue ont franchi de grands pas dans la constitution de plusieurs groupes de travail chargés de définir les axes sur lesquels reposera la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Et les grandes lignes de cette même stratégie ont été même révélées en avril 2015 par l'ancien ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche. Malheureusement, pour des raisons encore non éclaircies, on a commencé par changer le caractère de la conférence en une conférence internationale dont la tenue exige une préparation spéciale pour aboutir au report de la conférence aux calendes grecques. Aujourd'hui, et au moment où la guerre contre le terrorisme est devenue une réalité quotidienne, il est temps — estiment beaucoup de partis et associations de la société civile — «que la conférence en question se tienne en vue de définir une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, une stratégie multidimensionnelle où le sécuritaire, le social, le culturel et l'économique s'imbriqueront pour éradiquer le terrorisme». Et la tenue de cette conférence ne doit, en aucune manière, se transformer, comme beaucoup le craignent, en une arène de règlements de comptes ou d'échange d'accusations ou de propension à servir des ambitions personnelles ou des agendas partisans. Et prolifèrent les propositions Appeler à déclarer la journée du 20 mars journée de l'unité nationale, exiger du gouvernement qu'il applique fermement les dispositions relatives à l'état d'urgence, organiser une campagne nationale de soutien aux forces de sécurité et l'armée, constituer une délégation officielle comportant tous les acteurs du paysage politique et civil qui ira porter un message de solidarité et de soutien agissant aux habitants de Ben Guerdane, créer un fonds national de soutien aux familles des martyrs et des blessés tombés sous les balles des terroristes, organiser une série de marches nationales auxquelles participeront tous les Tunisiens, toutes appartenances politiques confondues, suspendre et non reporter les mouvements de grève et les sit-in de protestation, etc. sont autant de propositions et d'idées exprimées par les partis politiques et les organisations de la société civile convaincues plus que jamais que l'heure est à la mobilisation générale, à la veille citoyenne ininterrompue et à l'émergence d'une solution purement tunisienne, sans attendre qu'une partie étrangère quelconque nous livre une recette pré-établie à même de vaincre l'hydre terroriste. D'ailleurs, ces mêmes parties étrangères, qui prétendent combattre les terroristes jusqu'au dernier, reconnaissent elles-mêmes qu'elles ne disposent pas de solutions magiques pour «nettoyer» leurs propres pays de ces mêmes terroristes. Toutefois, les marques de soutien et de compassion dont ils ont fait part à l'adresse de la Tunisie restent à prendre du bon côté en attendant que leurs promesses de solidarité effective se concrétisent sur le terrain. L'Union européenne parle «d'un ambitieux programme d'appui à la réforme du secteur de la sécurité en Tunisie», «les USA partagent avec la Tunisie sa préoccupation concernant l'expansion du terrorisme», la Ligue arabe et l'Organisation de la conférence islamique rassurent la Tunisie de leur soutien de principe mais ne promettent rien. De son côté, le Maroc appelle «à la coordination des efforts à l'échelle régionale et internationale pour faire face aux menaces transfrontalières, notamment en Afrique du Nord et dans la région du Sahel et du Sahara». Le Royaume de Bahreïn rejoint la position marocaine et prône «l'unification des efforts régionaux et internationaux pour éradiquer le fléau terroriste», alors que le Qatar signale qu'il «se tient aux côtés du gouvernement et du peuple tunisiens pour faire face aux actes criminels qui visent à destabiliser la Tunisie». Quant à la France, elle appelle, à travers son ambassade à Tunis, «à parvenir à une solution politique de la crise libyenne pour faire cesser ce genre d'attaque». Toutefois, elle n'oublie pas de demander aux membres de sa colonie vivant en Tunisie «de faire preuve de prudence, d'éviter les rassemblements et de s'en tenir aux mesures décidées par le gouvernement tunisien».