L'an dernier, presque à la même période, Samy Ben Ameur a réalisé une rétrospective de ses œuvres à la Maison des Arts du Belvédère. Une année après, il a choisi de présenter une nouvelle exposition personnelle : «Nature intime», à Ghaya Gallery, à Sidi Bou Saïd. Inaugurée le 10 mars, l'exposition se poursuivra jusqu'au 3 avril. Depuis 2009, ou même avant, dans son exposition «Terre originelle», Samy Ben Ameur travaille sur la technique, l'accumulation et la superposition des couches de peinture. Une technique qui renvoie à une démarche d'archéologue qui déterre le magma pour retrouver les fossiles et les mettre en valeur. Dans ces espaces souterrains et cosmiques apparaissent des motifs inspirés de l'écriture sumérienne, la première écriture dans le monde. Les fossiles peuvent prendre d'autres formes aquatiques. «Nature naturante» Il est clair que la nature, que renvoie cette production picturale composée de tableaux de formes carrées ou circulaires, n'est pas celle à laquelle nous ont habitué les peintres réalistes, mais une nature profondément intime qui détecte l'indicible. Une nature telle que la voit ou l'imagine l'artiste, pleine de couleur chaude mais aussi de ce contraste que procure le noir et blanc. C'est de cette nature-là, celle cachée par des couches superposées les unes aux autres, travaillée par le temps qui se révèle soudain au regard de l'artiste et à notre regard. Une «nature naturante» selon l'artiste, qui évolue au gré du temps et de l'espace. Résultat d'un cumul de matières qui changent pour retrouver «la trace». Et c'est cette trace qui est exposée à notre regard. Le peintre travaille d'abord un premier palier, le laisse sécher puis en rajoute un, deux, voire trois ou quatre pour aboutir à des solutions. Le travail de transgression offre davantage de possibilités de création et permet à l'œuvre de rester ouverte et sujette à différentes interprétations. Sensation poétique Bien qu'elles soient abstraites, les œuvres dégagent une sensation poétique grâce à la matière, la couleur mais aussi ce blanc «pur» et cru. Composition et décomposition, ciel et terre, ancien et contemporain, palpable et métaphysique, matériel et spirituel identifient la peinture de Ben Ameur, lui donnent cette spécificité et cet éclat qu'on reconnaît sans hésitation. Le peintre est devenu un et indivisible avec cette démarche picturale qui est sa carte d'identité d'artiste. Outre les tableaux, l'artiste marque aussi son empreinte dans des objets design en concordance totale avec les toiles. Des tables basses en noir et blanc ou en couleur renvoient à ce «chant du cosmique» et, nous ajouterons, à ce champ cosmique qui révèle l'intimité de la nature mais aussi la spiritualité du peintre qui dévoilera bientôt son autre démarche sur le projet de réhabilitation de la citadelle Mnif de Sfax dans le cadre de «SOS Borj en péril». Il travaillera particulièrement sur les objets agricoles comme supports picturaux. L'idée d'objets germe. Attendons voir.