Ne vous inquiétez pas, j'ai vérifié. Le mot «poze» n'existe pas dans le dictionnaire, chose qui va irriter grandement les pointilleux 40 Immortels de la vénérable Académie française. Mais cela ne me dérange guère, puisque je suis ici, chez moi en Tunisie. Et au nom de la révolution et de la liberté d'expression, consentie par la Constitution, je peux tout me permettre. A l'image de mes concitoyens qui roulent dans tous les sens, à fond de train, sans se soucier des dégâts commis! Sans s'accorder une pause pour souffler. D'ailleurs, même s'ils consentent à observer une trêve (lisez une pause réelle), elle ne sera jamais totale. D'où le néologisme que j'ai inventé... et qui explique ce qui va suivre! A preuve, avez-vous jamais vu un président de club insulter le ministre qui gère le sport en général, et la jeunesse dans la foulée? A ce jour, il n'a pas été remis à sa place... Et mû par un sursaut d'orgueil, cet homme d'Etat a démissionné du parti politique qui l'a soutenu, dirigé par «l'insultant» (encore un néologisme). Du jamais-vu, du moins en Tunisie. Secundo, savez-vous que le Club Africain doit quelque chose comme 360.000 dinars à la Cité sportive de Radès? Tandis que l'Espérance Sportive de Tunis se trouve dans le même pétrin, mais avec une dette inférieure à 100.000 dinars. S'ils sont placés dans le rouge, tout comme 98% des clubs, c'est bien parce qu'on tarde à leur verser le nerf de la guerre dont ils ont besoin pour vivoter... La cité de Radès, elle aussi, passe par une période difficile, et c'est pourquoi elle a tenu à se faire payer avant de permettre au Club Africain de recevoir sur la pelouse de l'Aréna l'Etoile Sportive du Sahel, le week-end dernier! Faute de quoi, on déplacera ce Clasico au Zouiten, ou au Bardo. Finalement, un arrangement a été trouvé entre les deux parties. Tertio, on était certains que notre Equipe nationale de handball allait affronter une mission impossible au Caire dans le cadre du championnat d'Afrique, qualificatif pour les JO de Rio. D'autant plus qu'elle n'avait pas un ersatz du calibre de Sean Penn pour damer le pion aux Pharaons. En finale donc, et avant de la jouer, les Tunisiens étaient quasiment convaincus qu'ils devaient se faire arnaquer ! Et ils l'ont été doublement. Alors, au lieu de tomber à bras raccourcis sur les arbitres, et proférer des mots lourds de sens à l'encontre du président égyptien de la Fédération internationale de handball, ils auraient dû, à mon humble avis, marquer un but supplémentaire à notre keeper ! Ne serait-ce que pour faire comprendre à la planète-hand que ce match était pipé dès le départ. Et ce faisant, on aurait évité les lourdes sanctions qui ont frappé les révoltés... Quarto, on nous a dit depuis quelques années que le professionnalisme a été instauré. Dans presque toutes les disciplines, du moment que même les lutteurs bénéficient d'une prime d'encouragement régulière. C'est bien ! Mais attention, ce ne sont pas tous les pratiquants qui passent régulièrement à la caisse. Eh oui, beaucoup d'entre eux attendent des mois pour toucher ce qui leur est dû. Avant de se plaindre auprès de la FTF. Au fait, pourquoi tarde-t-on à honorer les honoraires ? Très facile à expliquer... En effet, depuis la Révolution de... janvier, on a obligé le public à rester chez lui, au grand dam des trésoriers des clubs. Et cela se répercute inévitablement sur le retard des salaires, qui provoque les grèves. Dites, un derby Espérance-Club Africain (je parle de celui du 3 avril prochain), devant 20 ou 30.000 privilégiés seulement, aura-t-il la même saveur que celui d'avant la Révolution ? Lorsque l'Aréna de Radès faisait le plein à ras bord. Place maintenant à une pause-café méritée !