Cinquante-six nidaistes ont décidé de braver le mauvais sort en lançant une nouvelle initiative, audacieuse et courageuse : reconstruire le Nida de 2012. Le pourront-ils? Les nidaistes d'avant et d'après la grave crise interne qui a fait voler en éclats le parti fondé par Béji Caïd Essebsi et qui avait remporté haut la main les élections de 2014 (présidentielle et législatives), semblent revenir à de meilleurs sentiments. Des membres des deux (anciens) clans adverses, qui se sont politiquement entretués à des fins hégémoniques, parmi les démissionnaires du parti ou ayant gelé leur adhésion, ont réussi à s'entendre de nouveau pour lancer une nouvelle initiative. Une troisième voie, ou troisième chance, pour racoler les morceaux de Nida Tounès et ressusciter le parti, qui, dans un passé récent, a réalisé, en quelques mois, un miracle, celui de faire le contrepoids au mouvement Ennahdha, vainqueur des élections de 2011 et deuxième rang, avec un faible écart, aux élections de 2014. Une liste de 56 signataires de cette initiative a été rendue publique pour annoncer l'intention de ces nidaistes de tout remettre sur la table et de tout tenter encore. Sans leadership L'intention est claire : faire renaître de ses cendres Nida Tounès après son autodestruction et son reclassement à la seconde place au sein de l'ARP, et le remettre sur la bonne voie, celle qui l'a mené victorieusement au pouvoir. Autrement dit, retrouver son image de parti politique mobilisateur, rassembleur, moderniste, modéré, tourné vers l'avenir et l'extérieur. Le parti qui a fait naître l'espoir chez les Tunisiens, du moins chez ses électeurs. L'intention est louable et courageuse mais dans quelle mesure est-elle réalisable? Les traces des dégâts causés par les frères d'hier aussi bien au parti qu'à certains de ses leaders sont encore profondes et visibles. Mais avec de la volonté, tout peut-il être possible? «La volonté y est, assure Mme Leïla Chettaoui, nous nous réunissons de manière continue depuis deux mois dans l'ambition de reconstruire le Nida de 2012 ; bien sûr, cela n'est pas évident, mais nous sommes nombreux à penser qu'il faut faire quelque chose pour le pays, pour faire front au terrorisme et chercher des réponses aux problèmes sécuritaires, économiques et sociaux, c'est une responsabilité qui est ressentie par tous les signataires de cette initiative ». Selon la députée à l'ARP, les menaces contre la stabilité de la Tunisie sont réelles et de plus en plus grandes, et «Nida se doit d'être un parti fort, un parti de propositions et d'actions dans l'intérêt supérieur du pays, c'est pour cette raison que cette initiative restera ouverte à tout le monde, sans leadership, sans mobilisation autour d'aucun nom. Notre credo est : transparence, cohésion et unité autour de la République. Sans plus». La nouvelle initiative se veut donc un rassemblement, le plus large possible, pour réunir de nouveau et reconstruire avec un objectif : un nouveau congrès électif sans «za3amat», source des problèmes de Nida. Mme Chettaoui va jusqu'à remettre en question et en cause le départ de Mohsen Marzouk dans la déconfiture de Nida : «Il n'aurait pas dû partir, il aurait dû rester et militer». Surtout qu'après une grave crise et sans doute mûre réflexion, Mohsen Marzouk semble lui aussi revenu à de meilleurs sentiments envers Ennahdha puisqu'il ne réfute plus l'éventualité d'une alliance avec le parti islamiste, s'il accède un jour au pouvoir avec la même contrainte qu'en 2014. Liste des 56 signataires de l'initiative Mahmoud Ben Romdhane, Néji Jalloul, Saïd Aydi, Bochra Belhaj Hmida, Ridha Charfeddine, Zohra Driss, Faycel Khelifi, Leila Chettaoui, Moncef Sallami, Naouel Tayech, Noura Amri, Faouzi Elloumi, Afif Chelbi, Abdelaziz Rassaa, Mounir Ben Miled, Faiza Kefi, Ahmed Smaoui, Ahmed Ounaies, Chokri Ben Amara, Sonia Nakkach, Nejib Trabelsi, Nejib Karafi, Slim Ben Miled, Amina Ben Kadour, Olfa Khalil Arem, Slaheddine Feriou, Lazhar Akremi, Fadhel Jaziri, Laaroussi Mizouri, Tarek Chaabouni, Noureddine Ben Ticha, Jalel Berhima, Faouzi Maaouia, Hassan Annabi, Taher Ben Hassine, Chaouki Tarzi, Mohamed Dachraoui, Hafedh Ateb, Adel Gaaloul, Abdelmoumen Souayah, Hedhi Ghodbane, Salem Kilani, Abdallah Laabidi, Abdelaziz Mzoughi, Thabet El Abed, Bachir Nafti, Nejib Fassi, Riadh Jabeur, Karim Barketallah, Moncef Laabidi, Mohamed Jaïbi, Mohsen Ghemidane, Aya Khiari, Leila Mejri, Nedra Tlili, et Ahlem Hachicha Chaker (Source Buisness News).